Pas besoin de dire que, pendant et même après le retour de vacances, Yûto était resté plus inquiet que lors de l’hospitalisation de Ren, ce qui était un exploit. Lors du retour il l’avait surveillé du coin de l’œil et avait encore insisté pour le porter jusqu’à chez lui. Ensuite il l’avait veillé toute la nuit sans dormir et n’était partit que vers 11h, sûr que tout allait bien pour aller dormir chez lui afin de ne pas gêner l’humain. Chose qui ne lui avait pas plu mais il lui avait bien spécifié que maintenant c’était maison à part !

Alors il passa les quelques jours suivants chez lui, dans la journée ou à la fin de ses spectacles, quand lui n’avait pas cours. Oui ce n’était pas souvent mais au moins ils se voyaient. Ça lui faisait toujours plaisir de lui parler, de lui demander s’il prenait bien ses médicaments et tout le reste. Après les petites vacances et l’accident respiratoire de Ren, ils étaient passés voir le médecin qui lui avait de faire attention et d’éviter les trop grandes sensations. Il avait en plus doublé la dose de médicaments. Jusque là tout se passait bien, jusqu’au jour où…

L’ange avait fini ses cours plus tôt et, sachant que Ren donnait une représentation dans le quartier, il avait décidé d’aller le voir et de lui faire la surprise. Donc ce fut le cœur léger et heureux qu’il marcha lentement jusqu’à la petite salle où il faisait ses tours de magie. Ezeckiel le regarda avec un petit sourire tout le long, content de le voir lui aussi si heureux en faisant son métier. Il impressionnait toujours tout le monde, même encore lui !

Resté dans un coin sombre de la pièce, il attendit que ce soit fini et que les spectateurs soient partis, et il s’apprêta à rejoindre Ren lorsqu’il vit une chose qui le glaça et le figea sur place. A cet instant, il eut la même sensation que lorsqu’il avait perdu ses ailes. Quelque chose se cassa en lui, le lança affreusement…en voyant le médium serrer dans ses bras un jeune coréen d’à peu près son âge. Grand, les cheveux bruns et le sourire éblouissant, il lui parlait gentiment et Ren rougissait en le regardant. Aussitôt Yûto recula dans l’ombre, le cœur au bord des lèvres sans savoir vraiment pourquoi. Il ne supportait pas qu’on lui vole son protégé et il ne voyait rien de bien dans cet homme.

Pourtant au lieu de s’interposer il partit, couru plutôt jusqu’à chez lui et ignora les appels de Ren un peu plus tard dans la soirée, à l’heure où ils étaient censés se voir pour discuter. Comme d’habitude. L’ange ne revenait pas de ce qu’il avait vu. Comment avait-il pu lui cacher ça ? A lui ? Il lui avait tout donné et lui lui cachait ses relations ? Surtout que ça ne semblait pas si innocent que ça…De colère, Yûto frappa du poing contre le mur et se blessa la main. Il attendit quelques minutes avant de la soigner et de la bander. Cependant la colère était toujours là, la rancœur, l’envie de faire du mal, la tristesse…la jalousie, sentiment qu’il sentait beaucoup chez les humains et qui maintenant avait pris place en lui.

Dans sa tête Ren n’était qu’à lui, dans le sens où il était le seul apte à s’occuper de lui. Alors non, il ne supportait pas qu’on soit aussi proche de lui et que surtout il n’en sache rien. Il aurait pu lui arriver quelque chose qu’il ne l’aurait pas su ! Le cauchemar cette nuit-là fut plus intense encore, et dura plus longtemps, si longtemps que ses voisins vinrent frapper à sa porte pour lui demander si ça allait. Ça le réveilla et il leur dit que tout allait bien. Il alla ensuite en cours et refit la même chose le soir. Ignora Ren, se plongeant dans ce sentiment horrible qui lui faisait si mal. Passa donc encore une journée ainsi. Où il ne mangea pas, souffrit et finalement s’endormit sur le plancher de son appartement, éreinté.

Le lendemain il était plus calme, plus serein. Il avait accepté l’évidence : Ren était tombé à nouveau amoureux et il devait l’aider à faire en sorte que ça se passe bien entre eux. Après tout il était là pour ça non ? Alors il sortit de chez lui après s’être habillé et lavé et se dirigea chez son protégé. Il toqua plusieurs fois à la porte, jusqu’à ce qu’il lui ouvre. Il semblait ne pas avoir beaucoup dormi, son nouveau copain peut-être ?

- Salut, fit-il nonchalamment en entrant dans la pièce. Je me suis absenté quelques jours, ça va ? Pas de problème ?

L’humain le regardait avec de grands yeux et il détourna le regard, pas enclin à le supporter. Il revoyait toujours ce coréen…Ses poings se serrèrent mais il adopta un visage serein.

- Au fait, comment était ta représentation de la dernière fois ? Tu as eu des félicitations ? De personnes spéciales pour toi ?

Il n’avait pas pu s’empêcher, c’était plus fort que lui et cette fois-ci ce fut sa mâchoire qui se contracta. C’était comme…une trahison, une tromperie. Un mensonge.

- Je suis juste passé te féliciter moi aussi mais bon, tu avais les bras chargés, je ne voulais pas être un poids supplémentaire.
Pourquoi tu ne me l’as pas dit ?! lâcha-t-il soudainement. Ça te ferait si mal d’être sincère avec moi au moins une fois ? Tu crois que je sers à ça ? A te récupérer à la petite cuillère après chacun des passages de tes amants ?
Non ! Moi aussi j’ai des sentiments alors si tu juges que ta relation avec ce mec est sérieuse, tu dois m’en parler ! Me le cacher…Je ne te pensais pas encore capable de faire ça.

Il se tut une nouvelle fois.

- Alors dis-moi, fit-il avec un sourire carnassier, c'est l'amour de ta vie ?

Allo Yuto ? S'il te plait, réponds à mes appels, vraiment je suis très inquiet pour toi, pourquoi tu es parti ??
Rappelle moi dès que tu auras ce message.

En plus il le trouvait moche. Bon ok ce n'était pas très objectif de sa part mais ce coréen n'était exceptionnel, pourquoi Ren s'embêtait-il avec lui au juste ? Evidemment il ne rappela pas, trop troublé et furieux pour le faire. Dans l'état où il était il pouvait faire n'importe quoi ! Un aspect de sa maladie se déclencha à partir de ce moment-là. Un dépression, si grande et profonde que c'en était pas possible, le cloua sur son lit. Il agonisa presque pendant deux jours, cherchant des réponses à ses questions, à ses sentiments aussi. Lui qui les contrôlait ne comprenait plus rien.
Ces deux jours furent pires que l'Enfer mais il se releva le lendemain matin avec la ferme intention d'oublier tout ça et de bien jouer son rôle. Alors, d'un air naturel, il alla voir Ren.
Dès le début ce ne fut pas facile. Le médium, quand il lui ouvrit la porte, perdit son sourire radieux. Il ne l'attendait pas lui, mais son petit-ami ce qui redoubla à sa colère, qu'il pensait avoir tarrie. Mais en entrant il fit semblant de rien.

-A part que mon ange gardien a disparu sans me dire quoi que ce soit, et que je me suis inquiété comme jamais, tout va bien,
- Je n'ai pas de compte à te rendre moi. Je vais où je veux quand je veux. T'es trop dépendant.

De la méchanceté, cétait la seule chose qu'il avait trouvé et il vit bien que ça faisait effet sur l'humain, qui aussitôt s'énerva autant que lui. D'ailleurs lui-même finit par exploser, trouvant ça injuste qu'il soit mis à l'écart alors qu'il était là pour le protéger. Il insista sur le mot "amants", pour bien marquer leurs différences. Comme s'il mettait là-dedans toute sa rancoeur de n'en avoir jamais eu, et n'en aurais jamais.

Yûto attrapa habilement le coussin et le jeta plus loin, loin d'en avoir terminé avec sa rancoeur.

- Non mais ca va pas ??? C'est quoi ce numéro ?? Que je te dises quoi ? Je venais de revoir mon ami d'enfance, évidemment que je n'ai pas pu te le dire étant donné que tu as disparu pendant DES JOURS !
Effectivement maintenant notre relation à évolué, mais c'est strictement de ta faute si tu n'as pas été prévenu.
- Disparu, tout de suite du dramatique ! Je ne suis pas ton chien, c'est pas parce que tu me siffles que je vais arriver !
Ah ouai ok, donc JE dois faire les démarches, Je dois faire les efforts et bah j'espère que le jour où tu seras la gorge saignante et ouverte dans la rue tu feras au moins l'effort de me prévenir.

Il ne comprenait pas que ce soit à lui seulement de s'inquiéter pour sa santé, pour tout. C'était sa vie à lui !! Et il n'en prenait même pas soin en plus de d&charger toutes les resposabilités sur lui. En plus de ça, il avait toujours le coréen en travers de la gorge. Et il ne se fit pas prier pour lui lancer une pique à ce sujet.
-Si il faut que tu sois jaloux à chaque fois que je vais sortir avec quelqu'un, tu n'as qu'a prendre un peu ton courage à demain, oublier tes principes et me le demander en premier !!
Il était très près de lui mais pour une fois ça ne lui fit pas peur. Son ton était glacial.

- Tape-toi qui tu veux j'en ai rien à faire. De toute façon avec toi je ne suis là que pour réparer les dégâts que tu auras pu faire de ta vie. Plutôt mourir que de demander une chose aussi honteuse que de sortir avec un humain.
Tiens demande à ton coréen de s'occuper de toi, je vais me marrer à mater ça. Pitoyable. Tu crois vraiment que MOI, un ange pourrait m'abaisser à éprouver des sentiments ? Laisse moi rire.

Il y avait été fort, et pas forcément sincèrement. Mais ce qui fut dit ne pouvait pas se rattraper et Ren sortit en fureur de l'appartement. Ezeckiel eu juste le temps de lui crier :

- J'attends là ! Pour quand ta pourriture de petit copain formidable te détruira comme tous les autres ! J'ai toujours raison, là ne sera pas l'exception.

Et il attendit vraiment pendant près de deux heures, le dos callé au fond du canapé, les jambes et brais croisés. Comme répondant à son humeur, il commença à pleuvoir avec force. Yûto restait toujours furieux de son inneficacité. A croire que tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent ne servait à rien, que l'humain ne cherchait qu'à s'attirer des ennuis et plonger dans les bras ouverts de chaque homme qui passait.

Pourquoi pas les siens ? Pourquoi il ne l'écoutait pas LUI ? ça le tuait de savoir qu'en ce moment-même il était avec quelqu'un d'autre, donnait de l'attention et des sourires à quelqu'un d'autre qui n'avait rien fait pour lui.
C'est alors qu'il l'entendit, inconsciemment. Il le sentit avoir besoin d'aide et même s'il était fâché contre lui, il n'hésita pas une seconde à se lever et à sortir sous la pluie. Il roula même plus vite que de raison et, encore une fois sans savoir comment, il sut qu'il n'était pas loin en s'arrêtant dans un crissement de pneus. En effet, Ren était adossé à un mur, le visage dans les mains qui ne laissaient aucun doute sur ce qu'ils faisait. Il était trempé et il le devint bien vite lui aussi lorsqu'il décida d'aller le rejoindre. Dans l'urgence il avait oublié de prendre un parapluie alors il enleva son manteau, le mit au-dessus de sa tête et traversa la route en courant.
Le médium était près d'un bar peu fréquentable. Aussitôt près de lui il posa son manteau sur sa tête et le serra contre lui pour le frictionner et lui apporter un peu de chaleur.

- Pourquoi tu es là ? Tout seul ? Où est ton copain ?

Il eut la réponse à sa question en voyant le regard mouillé de larmes de Ren regarder par la vitre à l'intérieur du bar. L'autre se trouvait là, entouré de filles plus dénudées les unes que les autres et affreusement vulgaires. Une rage indescripible le saisit et ses mains se crispèrent sur les épaules du magicien et il se retint de justesse de lui dire qu'il l'avait prévenu. Pas besoin, il vit à son regard qu'il avait compris.

- Viens au chaud, t'es trempé.

L'ange l'emmena jusqu'à la voiture, mit le chauffage à l'intérieur et ferma les portes à clés après avoir dit :

- Tu restes là et tu ne bouges pas. Je m'en occupe.

Oh oui il allait s'en occuper, parce que si Ezeckiel savait se montrer très patient, il savait aussi être très en colère et violent. Là il était plus qu'en colère. Ses poings se crispèrent et il entra dans le bar, tout de suite entouré par des créatures qui ne l'intéressaient nullement. Il se dirigea vers l'espace où se trouvait le coréen et l'empoigna par le col pour le mettre debout. Bien qu'il soit plus petit que lui, sa volonté était plus grande, sa rage aussi et il vit un petit air effrayé dans les yeux de l'autre.

- T'es qui toi ? Lâche-moi !
- Alors de une je suis ton aîné tu me parles différement, de deux si tu veux foutre ta merde dans la vie des gens, utilise quelqu'un d'autre que Ren ! Il ne t'a rien demandé !
- Ren ? Tu le connais ?
- Ne détourne pas la conversation ! Tu devais sortir avec lui ce soir, aller dîner ! C'est ce que tu fais dis-moi ?
- Pas envie, pas assez amusant. Et puis de toi à moi ça n'en vaut pas vraiment la peine pas vrai ?

C'était la goutte de trop. Bien sûr qu'il en valait la peine, même largement ! Yûto arrêta de réfléchir, prenant les traits des anges au service de Dieu, impitoyabe et cruel, prêt à faire du mal et abattit son poing sur le visage encore jeune du coréen, dont le nez et la lèvre saignèrent automatiquement. Les femmes avaient criées, tout le monde s'était écarté pendant qu'il continuait avec un plaisir non feint à faire du mal à celui qui en avait fait à son protégé. Peut importe la sentence qu'il recevrait, on ne blessait pas Ren. Il le frappa du pieds dans les côtes, le fit gémir et supplier d'arrêter.
Finalement il se pencha sur lui avec un sourire cruel.

- Approche-toi de lui une seule fois, ne serait-ce que d'un centimètre et je te coupe chaque membre du corps avant de réduire ton cerveau au néant. Tu te sentiras si désemparé et seul que tu te tueras toi-même. Ne sous-estime pas une créature de Dieu.

Il eut un rire sadique, qui parit bien vite en voyant que, désobeissant comme d'habitude, Ren se trouvait derrière lui, les yeux écarquillés. Au loin, on entendait les sirènes de la police s'approcher. Il était temps de filer !

On ne l’avait encore jamais frappé, même son créateur ne le faisait pas. Il ne levait pas la main sur un ange sauf s’il l’avait trahi, et encore il n’utilisait pas de contact direct. Alors il en resta bouche bée quelques secondes qu’il ait pu faire ça, en colère ou non. Et le dégoût qu’il lisait dans ses yeux était semblable à celui du Tout puissant ce jour-là. Irrévocable, il ne lui pardonnerait jamais ces mots. Alors il le laissa partir en le prévenant tout de même mais au lieu de retourner chez lui, il décida de l’attendre dans son appartement malgré la fureur qui le consumait.

Tout était flou, ses sentiments surtout. Il s’était toujours dit que lui et Ren n’entretenaient qu’un rapport de protégé à protecteur, pourtant au cours de ces dernières semaines ça semblait être allé trop loin, et ce sans qu’il n’y voit quelque chose. Ce n’est seulement que maintenant, alors qu’il se rendait compte à quel point ça le faisait souffrir qu’il soit amoureux de quelqu’un d’autre, qu’il réalisa la gravité de la chose. Il avait franchi la limite, ce qu’un ange ne devait jamais faire. N’était-il fait que pour enfreindre les règles ? Yûto caressa du bout des doigts son tatouage et pensa encore une fois que c’était le signe de sa déchéance, qu’il faisait tout de travers. Alors comment réagir ?

Respecter ses principes ou aller contre et faire ce qu’il voulait vraiment ? Non, de toute façon Ren aimait déjà quelqu’un d’autre et le détestait sûrement maintenant. Il devait juste s’en tenir à son rôle initial sans discuter.
Rôle qu’il dut faire en entendant la souffrance que, quelque part dans la ville, le médium ressentait. Pas d’hésitation possible, il alla le retrouver au plus vite avec l’impossibilité de dire si c’était son caractère protecteur qui ressortait ou autre chose.

Il le trouva transi de froid sous la pluie, devant un bar miteux à l’intérieur duquel il vit rapidement ce qui lui causait tout ce malheur. Et même s’il le repoussa, ce qui était justifié, il ne se laissa pas faire et alla le mettre au chaud, parce qu’il se sentait responsable de lui.

En quelques secondes à peine Ezeckiel s’était transformé en machine à tuer digne des mains de Dieu. Le regard froid, le visage fermé et sans sentiments, les muscles bandés et la veine de son cou tressaillante, il entre avec fracas dans le bar pour provoquer son ennemi et rival. Pas question de le laisser s’en sortir comme ça ! D’ailleurs il le lui fit bien comprendre avec tous les coups qu’il lui porta au visage et au cou, ne se rendant même pas compte de la violence dont il faisait preuve. Un ange en colère, c’était destructeur !

- Yuto ! Arrêtes...

Ça suffit à l’arrêter, largement quand il vit ses yeux suppliants. Quoi ? Il le protégeait encore ? Il ne méritait pas une leçon ? Finalement, comme souvent il céda.

- T’as de la chance, fit-il à l’encontre du coréen qui gémissait par terre. Un autre jour ça ne se passera pas comme ça. Foi d’Ezeckiel.

Et il prit la main de Ren dans la sienne, qu’il trouva beaucoup trop froide. Pas de stress et d’exposition prolongée au mauvais temps, avait dit le médecin. Si avec ça les poumons de l’humain n’étaient pas foutus…
Il repartit comme il était arrivé, dans un crissement de pneus et lui non plus ne dit rien de tout le trajet jusqu’à l’appartement de Ren. L’inquiétude avait bien vite remplacée la colère, la haine et la jalousie. Après tout Yûto était naturellement quelqu’un de calme et patient. Il était tard lorsqu’ils passèrent la porte, que le médium claqua comme celle de sa chambre où il s’enferma. Pour lui ça voulait tout dire, il ne lui pardonnerait jamais.
L’ange ressentit une telle déchirure qu’il ouvrit cette même porte, la douleur redoublant d’intensité en le voyant pleurer sur son lit, chose qui se passait beaucoup trop souvent à son goût. Certain que c’était de sa faute, il alla s’assoir sur le bord du lit mais fut ignoré. C’était pire que tout. Sa main resta en suspens au-dessus de son épaule et il la rabaissa quand Ren éleva la voix contre lui.

- Qu'est ce que tu fais encore là ? Qu'est ce que tu attends ? Tu as eu ce que tu voulais non ? Raison, tu as eu raison. J'espère que tu es bien content ! Maintenant laisse moi ok ? Je ne veux pas te voir, d'ailleurs, tu dois en avoir marre de moi maintenant pas vrai ? Tu me l'as bien dit tout à l'heure, que tu en avais marre, alors pourquoi tu ne me laisses pas tout seul ?!
- Je n’ai rien eu Ren, pas ce que je voulais en tout cas. Tu crois que je suis heureux que tu sois malheureux ? C’est la chose qui me fait le plus mal. J’ai été égoïste, je n’ai pas pensé à toi. Pardonne-moi ma faute.
Mais si tu ne veux plus me voir je comprends tout à fait.

Ça faisait tellement mal ! Il baissa les yeux et sa mâchoire se crispa sous la douleur que lui faisait sa poitrine. Il ne voulait pas s’en aller, il voulait rester là lui ! Mais son devoir lui disait de partir…que faire ? Succomber ou ignorer ?

- Ne prétends pas que tu puisses me comprendre, toi tu ne sais pas ce que c'est de vouloir etre aimé...J'ai envie d'etre heureux ! Mais toutes les personnes que je rencontre me trahissent....a a part...a part...

Tout fut un mélange de ralenti et en même temps de rapidité. Il ne se vit pas fondre sur Ren mais perçut à une lenteur affolante à la suite. Il avait pris sa joue dans sa main, avait tourné son visage vers lui et déposé ses lèvres sur les siennes, timidement, gauchement aussi parce qu’il ne savait pas comment faire. Ce qui lui semblait durer des années, un feu d’artifice en lui incessant, ne fut que quelques courtes secondes et il s’écarta de l’humain, les yeux brûlants d’un tout nouveau sentiment.

- Moi aussi je veux être aimé. Moi aussi je veux que tu sois heureux. Et moi je ne te trahirai pas. Ça fait tellement mal de te penser avec quelqu’un d’autre, pourquoi ?

Pour toute réponse à ses questions Ren reprit ses lèvres mais cette fois-ci avec empressement, ne laissant même pas à l’ange le temps de digérer toutes les sensations qui le traversaient, à un nombre incalculable. Mais il se laissa bientôt emporter par tout ça et monta sur le lit, à quatre pattes au-dessus de l’humain qui avait fermé les yeux, tout comme lui.

Ils s’embrassèrent indéfiniment, découvrant une nouvelle facette de leur relation qui s’était développée à une vitesse phénoménale. Yûto n’eut qu’un froncement de sourcil quand il passa ses mains sous sa chemise et apprit bien vite à approfondir le baiser. D’ailleurs ça semblait plaire à Ren qui soupirait bruyamment.
Les deux hommes étaient toujours trempés mais ça ne semblait pas les gêner plus que ça. L’ange apprit bien vite les mouvements et toucher qui plaisaient à son compagnon et le laissa même enlever son haut.

Se fut une tout autre histoire lorsque Ren commença à déboutonner son pantalon. Yûto ouvrit subitement les yeux, paniqué de ce qu’ils étaient en train de faire. Quelque chose d’interdit, quelque chose de trop compliqué pour eux deux qui ruinerait leur relation et surtout quelque chose qu’il ne connaissait pas. Son pouls s’accéléra dans sa poitrine et il posa fermement sa main sur celle de l’humain pour l’arrêter. Il ne sembla pas comprendre et, dans la panique, il agit démesurément.

- Pas ça !

Cria-t-il en s’écartant de lui, l’air effrayé.

- On ne peut pas, je suis un ange, tu es un humain. On ne peut pas…Je ne peux pas.

Il pensait que Ren comprendrait. Mais ce ne fut pas exactement le cas.

- Pourtant, tout à l'heure...On aurait dit que ca t'aurais fait plaisir que je me plante encore …
- N-non je…j’étais furieux. Je ne pouvais pas accepter une telle chose. Oui j’ai espéré que ça ne marche pas mais aussitôt j’ai pensé à toi. Tu mérites d’être heureux et je n’ai pas le droit de m’immiscer.

Même s’il en mourait d’envie. C’était si douloureux de choisir entre ses principes et ses sentiments, jusqu’à aujourd’hui habilement cachés. Si douloureux que son corps prit la décision à la place de son esprit, et sans préambule ni délicatesse il embrassa son protégé, prêt à ressentir le cuisant rejet qui allait s’en suivre. Mais il ne vint pas, à la place ce fut un tourbillon de sensations plus amères et en même temps tentatrices les unes que les autres. Il avait envie de continuer, même s’il savait qu’il s’y prenait mal, mais arrêta, pour lui dire que si, lui qui n’avait jamais connu l’amour ressentait parfois une sorte de vide en voyant les autres s’aimer.

Ce qui s’ensuivit, il ne le contrôla pas du tout. L’ange savait seulement que sentir et entendre Ren gémir avec lui provoquait une drôle d’impression dans son ventre, comme s’il y avait des papillons à l’intérieur. Au bout de quelques secondes il n’eut plus d’hésitation dans ses gestes, comme si c’était naturel d’embrasser pour lui comme ça alors que ça ne l’était pas du tout. Pourtant là, on aurait pu dire qu’il dévorait carrément les lèvres puis la mâchoire et le cou de son compagnon. Qui lui passa ses mains sur son dos. Sans pouvoir l’arrêter, un gémissement profond et grave sortit de sa bouche à l’instant même ou elles frôlèrent l’endroit d’où sortaient ses ailes, un peu en dessous de l’omoplate. Cette sensation électrisante qu’il ressentit le poussa à allonger l’humain sous lui pour reprendre ses lèvres avec plus d’avidité, comme s’il voulait qu’il ne soit qu’à lui.

Le médium s’avéra très doué de ses mains, le faisant à la fois frissonner et en demander plus. Le contact de ses mains fines et froides sur son torse brûlant le fit se cambrer un peu et ce fut sans problème que Ren pu lui enlever son haut. Ses doigts passèrent sur chaque parcelle de peau, redessinèrent les contours de chacun des ses muscles et il frissonna tellement qu’il s’en mordit la langue.

Pourtant…et oui pourtant chez quelqu’un comme Ezeckiel, même si le corps semble prendre du dessus le cerveau l’emporte toujours. Et là, ce fut à cause de la tentative de l’humain pour lui en enlever plus qu’il se paralysa soudainement, réalisant ce qu’ils étaient en train de faire. C’était mal, interdit et en plus de ça il n’était pas confiant. Vierge oui. Il était effrayé.

Alors geste naturel, il le repoussa, sans contrôler sa force. Il su tout de suite que c’était foutu, qu’il ne lui pardonnerait pas son geste.

- J'ai vraiment cru...J'ai vraiment cru que tu arriverais enfin à arrêter d’être aussi peureux....Je me suis trompé au fond, pas vrai ?
- Je suis désolé mais on ne doit pas. C’est de ma faute, je n’aurais jamais dû me laisser aller…
- Vas t'en s'il te plait...Vas t'en !!!

L’ordre fut sans appel et Yûto n’alla pas contre. C’était justifié. Il ramassa son haut, le remit rapidement et s’en alla avec un air abattu. Il allait s’excuser encore une fois mais ne le fit pas.

Quand il passa le lendemain la porte était fermée, aucun bruit dans la pièce et aucune présence. Il s’en alla. Ainsi de suite pendant quelques jours et finalement il arrêta d’aller le voir, conscient qu’il ne voulait plus de lui, que comme tous les autres il lui avait fait du mal. Pourtant il n’avait aucun doute sur ses activités, il le sentait. Il avait replongé et à cette vitesse il allait retomber gravement malade.
Alors il tenta de le suivre, se tapit dans un coin de l’immeuble et attendit qu’il sorte pour le prendre en filature. Ses soupçons furent confirmés mais à aucun moment il ne s’interposa. Même si de voir tous ces hommes lui passer dessous lui donnait envie de vomir et de les tuer. Mais il savait que Ren lui en voudrait d’être encore là. Donc il le suivit juste.

Un jour, alors qu’il suivait le médium, il sentit une présence différente mais qu’il connaissait, près de l’immeuble où son protégé entra. Il en fit le tour avant de tomber dans le coin de la rue sur…
Un ange. Beau, ténébreux, les yeux noirs, cheveux d’ébène, un visage souriant mais sadique, des yeux durs, froids et sans appel. Un soldat de Dieu. Il le connaissait, il lui parlait de temps en temps.

- Ezeckiel, quelle bonne surprise !
- Refus.
- Alors c’est vrai ? Tu es un ange déchu ? Montre-voir tes ailes ?

Il se recula, méfiant devant l’air amusé de son adversaire.

- Que fais-tu là ? Sur Terre ?
- Rien qui ressemble à ton statut déplorable ! Je remplis ma mission.
- Laquelle ?
- Une mission que Dieu a commencée mais pas terminée. Selon lui ça n’en vaut pas la peine.
- Laisse les humains tranquilles.
- Allons bon, c’est ce genre de comportement qui t’a valu le bannissement ! Tu es irrécupérable ! On aurait dû se douter que cette marque avait un sens…

Il baissa les yeux sur son bras droit, où sur sa main on voyait le début du signe.

- Va-t-en.
- J’ai une mission à accomplir.
- Et quoi alors ?
- Je dois faire en sorte qu’un humain en tue un autre en le violant. C’est d’un facile, presque ennuyeux. D’ailleurs ils sont dans ce bâtiment !
Ah ! Mais oui tu le connais ! Ma victime. Tu as été banni pour lui je crois ?

Un rictus avait élargi le visage de l’ange en face de lui et Yûto pâlit.

- Laisse-le tranquille.
- Les ordres sont les ordres.
- Ne fais pas ça !

Trop tard, Refus était déjà rentré dans le bâtiment, plus rapide et les pouvoirs plus développés que lui aussi. Il ne savait même pas s’il pourrait le sauver mais se jura de tout faire pour.

Le pire fut d’affronter la vision qu’il eut sous les yeux en entrant dans la petite pièce minable. Le regard abandonné et vide de Ren, la position dans laquelle il était, ce que cet homme lui faisait, souillant son corps si fin et fragile. L’horreur de l’acte qu’ils faisaient le cloua un instant sur place, il était dégoûté. Mais son attention revint rapidement sur Refus qui se penchait à l’oreille du plus gros pour lui chuchoter quelque chose. Aussitôt ses mouvements redoublèrent d’intensité, ses mains se posèrent sur le cou de Ren qui hurla puis commença à suffoquer.

Sans plus réfléchir, Ezeckiel se jeta sur l’homme pour lui enlever sa main, passant outre leur presque nudité et ce qu’ils faisaient. Mais pas moyen. Sa poigne était ferme, elle ne bougeait pas et le médium passa par plusieurs couleurs. L’ange déchu lâcha une larme qui roula sur sa joue pour s’écraser sur la main de Ren qui essayait de retirer l’étau qui lui enserrait la gorge.

- Arrête ! hurla-t-il à l’intention de l’autre. Arrête Refus ! Ne le tue pas ! Je t’en supplie !
- Tu es pitoyable Ezeckiel. Se pourrait-il que le petit Vierge du Paradis éprouve des sentiments pour la race inférieure ?

Même avec son pouvoir il ne parvenait pas à contrer celui plus puissant de son ennemi. Alors il décida de s’attaquer à la source et se jeta sur Refus, le faisant tomber au sol sous son poids.

Commença une lutte acharnée, où griffures, poings et morsures firent leurs apparitions. Et, ne contrôlant plus leur rage et leur corps, les deux anges laissèrent sortir leurs magnifiques ailes, les blanches immaculées de Refus contre celles argentées et maintenant effrayantes d’Ezeckiel. Quand il prenait le dessus, la poigne du gros humain se relâchait, permettant à Ren de respirer quelques secondes mais aussitôt l’autre le contrait et raffermissait la poigne. C’est quand il sentit que le médium commençait à partir qu’il déploya soudainement une force jusque là insoupçonnée et réussit à assommer son adversaire. Mais pas pour longtemps.

Le temps qu’il atteigne Ren, il était debout, presque en pleine forme et ricanait. Alors il fit une chose incroyable, qu’il n’avait jamais faite. Yûto s’agenouilla au sol, les ailes baissées, le front contre le parquet froid et dur.

- Je t’en supplie ne lui fais pas de mal. Puni-moi à sa place. C’est ce qu’Il veut non ? Tu peux me tuer mais laisse cet humain tranquille. Il est bon, doux et a du potentiel. Il ne souhaite qu’être aimé et heureux ! Laisse-lui le temps d’avoir au moins ça. Tu l’as eu toi pas vrai ? Refus ? Tu as aimé et on t’a aimé ! Je t’en prie…

Il pleurait tellement il avait peur maintenant. Et ses larmes semblèrent toucher l’ange.

- Ezeckiel, ce n’est qu’un humain. Tu sais ce que je risque si je désobéis ? Je ne veux pas finir comme toi.
- Dis que tu n’as pas réussi à me battre.
- Il ne me croira pas.
- Alors tue-moi. Et laisse-le partir.

Voir Ren dans un tel état lui transperçait le cœur mais il n’était pas le temps à ça. Refus, déjà là, s’acharnait sur l’humain pour le faire étrangler son protégé. Et même avec ses pouvoirs, il ne pouvait rien y changer, ne savait pas quoi faire. Les yeux du médium tournés vers lui le suppliaient de l’aider mais il n’y arrivait pas. Pas avec le gros homme en tout cas, alors il commença à s’acharner sur l’ange qui savourait sa presque victoire. Le combat fut rude, il ne le gagna pas, eut juste un moment de répit pour aider Ren et le rassurer d’une poignée de main dont il récupéra un peu de force. Assez pour se proposer de mourir à sa place, la meilleure solution selon lui.

Refus sembla hésiter. Un ange n’en tuait pas un autre, qu’il soit déchu ou pas. Et il comprenait le choix qu’il devait faire, qu’il le condamnait sinon.

- No...non...

Yûto ne s’attendait pas à ce qu’il soit conscient et il eut à peine le temps de voir le médium briser quelque chose sur la nuque de l’autre humain, le faisant tomber au sol, vivant mais inconscient. Pourquoi n’y avait-il pas pensé ??? C’était en effet le seul moyen de l’arrêter : réduire son jouet à néant. Décidément Ren l’étonnera toujours ! Même quand ce dernier tenta de se lever et s’affala pitoyablement au sol. Il le prit dans ses bras et, ne se souciant pas de la présence de l’ange, le berça en lui chuchotant de se calmer.

- Tu tiens beaucoup à lui.

Ça le surprit qu’il lui demande ça. Prévoyait-il encore de se moquer ?

- C’est mon protégé.
- Mais c’est aussi plus que ça. Tu sais que c’est interdit ?
- Oui. Je ne suis pas né de la dernière pluie !
- Et tu comptes continuer.
- Je suis déjà déchu, rien ne peut m’arriver de pire.
- Mais à lui si. Tu devrais faire attention, Il est rusé.

Ezeckiel le regarda avec de grans yeux surpris et inquisiteurs, puis finalement se détendit un peu en se rendant compte que Refus ne pouvait plus rien faire contre eux pour l’instant. Dans ses bras Ren se calma un peu.

- Il me fait penser à elle.
- Ta protégée ?
- Oui.
- Je suis désolé.
- C’est comme ça, fit l’ange en haussant les épaules.

Il se dirigea vers la porte et partit en premier dans un signe de main. Bizarre, la façon dont une fois qu’il ne pouvait techniquement plus réaliser sa mission il changeait de comportement ! Yûto ne tarda pas non plus à sortir avec le médium toujours dans les bras. Il le posa délicatement dans sa voiture, surveilla sa température et se dépêcha de rentrer chez lui. Le trajet lui parut interminable, une vraie torture et il poussa du pied la porte de son appartement pour y faire entrer l’humain inconscient. Aussitôt il se dirigea vers la salle de bain et, après quelques minutes à se torturer l’esprit, il décida que le laver serait la meilleure chose à faire, pour enlever tous ces jours et ces heures de sur son corps. Lui en donner un tout neuf.

Il le déshabilla donc rapidement, apprit à faire outre de sa nudité et sursauta en l’entendant se réveiller et crier de peur dans ses bras. Aussitôt il s’employa à le calmer et finit par réussir.

- Doucement, on va te laver. Tu ne crains rien maintenant, je suis là. Suis-moi.

Ren se glissa dans le bain et l’ange commença à lui laver le corps, d’avoir avec le gant puis avec ses mains. Il fit de même avec ses cheveux, le délassa en prenant autant de précaution possible et faisant preuve d’une douceur inestimable. Finalement il l’allongea un peu dans le bain, la tête au bord, les yeux toujours fermés mais l’air plus calme et détendu.

Yûto enleva alors ses propres vêtements, se disant que s’il avait vu Ren nu sans qu’il n’ait bronché, il devait lui aussi faire pareil. Et il avait affreusement besoin d’une bonne douche chaude. Il releva un peu le dos du médium et se glissa derrière lui, soupirant de bien-être. Il s’enfonça dans l’eau jusqu’aux clavicules et automatiquement ses bras se refermèrent sur le corps à moitié assoupi de son protégé.
L’ange enfouit alors sa tête dans son cou, huma le parfum de sa peau et resserra encore son étreinte, frissonnant un peu.

- Je suis avec toi, toujours avec toi et jamais qu’avec toi. Je t’appartiens Ren, je suis tout à toi.

Sa décision était plus que prise. L’effort qu’avait mis Dieu à envoyer un ange pour les séparer l’avait conforté dans ses sentiments. Il ne souhaitait pas passer cette occasion et les détruire tous les deux en refusant l’évidence : lui aussi désirait être aimé par cet homme et l’aimer en retour. Alors il commença à déposer de délicats petits baisers sur son épaule, son dos, ses omoplates pour remonter vers sa nuque qu’il dégagea d’une main de ses cheveux. L’ange passa ses jambes autour de sa taille et se rapprocha de lui. Cette fois-ci ce fut lui qui laissa courir ses doigts sur le corps de son compagnon, hésitant jusqu’à ce que sa main se pose sur la sienne et la capture. Et même si leurs visages se frôlaient, ils ne s’embrassèrent pas.

- On sort ?

Demanda-t-il quand il se rendit compte que l’eau devenait froide. Il sortit de la baignoire en premier, affreusement gêné et rouge qu’il le voit ainsi et s’enroula bien vite la taille d’une serviette blanche avant d’en tendre une à son compagnon. Il l’aida grossièrement à le sécher et ils allèrent ensemble dans le salon puis vers sa chambre pour discuter. Parce que bien sûr il fallait parler de tout ça non ?

Ren s’assit dans le lit et Yûto au bord. Ce dernier caressa sa joue avec ses deux doigts, un sourire apaisant sur les lèvres.

- Ça va ? Tu n’as plus de souci à te faire, je surveille maintenant. Ils ne viendront plus t’embêter ou je leur botterai le derrière !

Il voulut rire, mais ne le pu pas. A la place il se rapprocha un peu du médium.

- Je suis désolé pour l’autre fois. Crois-moi, ce n’était pas intentionnel. Juste dur à admettre. Pour toi c’est facile, naturel. Moi je ne connais rien de tout ça. Mais si tu veux…apprends-moi.

C’était comme…un souhait. Un vœu. Une envie. Puissante et sans attendre son signal il l’embrassa doucement, beaucoup plus habilement que la première fois et cette fois-ci ce fut lui qui poussa carrément Ren sur le lit, allongé, pour venir se placer au-dessus de lui, à moitié assis sur les genoux.

- Montre-moi Ren. Je veux être à toi. Je veux que tu sois à moi. F-f…fais-moi l’amour.

Il rougit violemment la seconde après avoir dit ses mots mais lu dans son regard la même chose que dans le sien. Ils en avaient envie, la volonté, le désir. Alors il n’hésita pas et repartit dans un baiser transcendant.

Il était plus que sincère et aussi confiant, en eux deux. Et par ses gestes il chercha à l’en rassurer, à lui montrer que maintenant il acceptait ses sentiments et qu’il les chérirait. Il ne cherchait pas vraiment à aller plus loin que l’apaisement, lui effacer tout ce qu’il venait de se passer en touchant telle ou telle partie de lui. Mais parce qu’aussi il en mourait d’envie, de toucher ce long corps fin et gracile à la peau caramel.

Cependant l’eau devenue froide le coupa dans ses tendresses et ils durent sortir. Evidemment il l’aida à se sécher, toujours inquiet de le voir si tremblant mais il avait ses raisons et l’ange savait bien qu’il ne les supprimerait pas avant un moment. Pourtant il essayait toujours, de se rattraper et de le rassurer.
La façon dont il s’en remit à lui, dont il ferma les yeux lorsqu’il mit sa main sur sa joue lui mit du baume au cœur. Il espérait toujours qu’il lui pardonne ses paroles et ses gestes blessants, nombreux depuis quelques temps. Il s’en voulait tellement de l’avoir rejeté !

Alors il lui expliqua tout, sa stupidité, sa peur, son incompréhension surtout devant cette nouvelle chose qui grandissait en lui et le faisait sortir hors de ses gonds, frapper des gens. Ren ne dit rien, le laissa parler et il l’en remercia silencieusement. Jusqu’à ce que son silence devienne insoutenable pour lui et qu’il ne résiste plus à ce qui le dévorait intérieurement depuis quelques jours. Il posa ses lèvres sur celles plus fines de son protégé et passa ses mains dans son dos quand lui les mit autour de son cou. C’était tellement agréable de sentir sa chaleur contre lui, si agréable que ça en devient bizarre. Un petit feu, oui ténu mais bien présent, commença à naître en lui, renforcé par la présence du médium dans ses bras.

- Yuto....

Ce fut la dernière chose qui paracheva son état et sa décision. Il le voulait, oh mon dieu oui il le souhaitait ardemment. Ne faire plus qu’un avec lui, connaitre cette chose dont il n’avait ni idée ni expérience mais surtout que ça se fasse avec lui seulement.

Il pensait qu’il allait refuser, après tout ce qu’il s’était passé ce serait normal qu’il ne veuille pas de lui ni de son corps mais bien au contraire, Ren répondit positivement à son baiser. Baiser qui se fit plus pressé de leurs parts à tous les deux. Ezeckiel gémit légèrement contre sa bouche en sentant ses mains à na naissance de ses ailes, phénomène étrange mais qui alimentait toujours ce feu qui grandissait, grandissait. Et qu’il semblait ne jamais pouvoir tarir. Il serait bien resté indéfiniment comme ça, à l’embrasser à moitié nu sur son lit mais le médium répondit à sa demande et prit tout en charge, pour lui montrer ce qu’il ne savait pas. Une des rares choses dont il n’avait pas connaissance et redoutait.

Il l’aida un peu à se relever, lui trouvant une toute nouvelle force que le jeune homme employa à le torturer de ses dents sur ses lèvres. L’ange se faisait mordre, suçoter mais jamais il n’aurait pu dire stop. Ça l’émoustilla même encore plus et bientôt il colla son torse à celui de son compagnon, lui montrant d’un air empressé qu’il souhaitait plus que ça et eut juste le temps de lui dévorer la bouche avant qu’il ne se sépare un peu.

- Ren…fais quelque chose ça me brûle.
- Ne bouge pas, d'accord ?

Il hocha docilement de la tête et le laissa descendre dans son cou, savourant cette sensation de plus en plus pressante qui se faufilait en lui, le faisant agripper les épaules du médium alors qu’il descendait toujours plus bas. L’ange gémit bruyamment en le sentant passer sur chaque parcelle de sa peau, la rendant encore plus brûlante, la maltraitant et lui donnant du plaisir en même temps. C’était si violent et nouveau qu’il ne su pas empêcher sa bouche de faire du bruit.

La serviette autour de sa taille tomba sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, parce qu’il était trop concentré sur la petite bouche experte de Ren qui descendait toujours plus bas, jusqu’à toucher un point sensible qu’il découvrit, en même temps que lui, très protubérant face aux attention de son ami. Il en rougit violemment, soudain hésitant face à la suite des événements. C’était très intime, ça l’intimidait et il faillit presque l’arrêter lorsqu’il s’accroupit devant lui et surtout le redressa un peu de ses deux mains.

- Ren, att…Ah !

Non il n’avait pas attendu et sentir sa petite bouche tentatrice sur son membre le fit se cambrer et s’agripper à ses épaules. Et c’est sans ménagement que le médium commença des petits va et vient, d’abord lents qui l’aidaient à se faire à la sensation puis il accéléra, toujours de plus en vite. Yûto n’avait plus la force de penser, de refuser ou de dire quoi que ce soit. C’était…brumeux, sensationnel, une vraie explosion des sens et il savait que ce n’était que le début. Il passa une de ses mains dans les cheveux de son ami et l’autre se ficha dans son dos, s’y accrochant comme à sa vie. Le feu dans son ventre devint un brasier, il avait chaud, extrêmement chaud et commença à sentir quelque chose d’autre monter en lieu. Comme une délivrance qu’il attendait mais qui tardait à venir.
De temps en temps le médium le quittait pour recommencer aussitôt, créant un petit rythme qui le rendit fou de désir pour l’humain. Sans le remarquer ni le vouloir, il bougea un peu les hanches en cadence des mouvements de la bouche de Ren et en même temps que ses gémissements et ses râles, de plus en plus puissants.

Soudain, alors qu’il sentait que quelque chose allait se passer, l’humain arrêta et se releva pour l’embrasser à pleine bouche. L’ange l’entoura de ses bras puissants, se collant pressement contre lui, gémissant en sentant leurs deux membres réveillés se rencontrer. Ses mains dans son dos glissèrent vers sa chute de rein et d’un simple mouvement il enleva sa serviette et le souleva pour le poser sur ses genoux, les longues jambes du jeune homme venant s’enrouler autour de lui. Ses lèvres n’avaient pas encore quittées les siennes.

N’écoutant que son envie, Ezeckiel allongea le médium sur le lit et, quittant sa bouche, parcourut à son tour la peau caramel et sucrée de l’humain. Il descendit dans son cou, ses clavicules et son torse mais arrivé là il bloqua soudainement, l’air anxieux. Que devait-il faire maintenant ? Heureusement, percevant son malaise le magicien prit sa main dans la sienne, vrilla ses yeux dans les siens et sans le quitter du regard dirigea sa main vers son intimité. L’ange bloqua encore un peu, trop inquiet de mal faire ou pire, de lui faire du mal.
Alors là, la douce voix de Ren le rassura et la réaction sur son visage lorsqu’il enroula ses doigts autour de son membre l’émerveilla. Le médium avait les yeux qui brillaient et le conduisait toujours. Yûto commença alors de lents mouvements de poignet qu’il espérait pas trop rude. Mais au vue de l’air perdu du jeune homme, il se permit de penser qu’il ne s’en sortait pas si mal. Les mains de Ren quittèrent les siennes pour s’accrocher lui, puis quelques minutes plus tard, alors qu’il venait de le stopper apparemment lui aussi au bord, sa main reprit la sienne pour la guider un peu plus bas.

Là, réelle panique. Non il ne pouvait pas faire ça, il allait lui faire mal ! Pourquoi ce n’était pas l’inverse ? Pourquoi était-ce à lui de faire « l’homme » ? En plus il ne savait même pas comment agir !
Yûto, qui s’était alors un peu relevé, fut attiré de nouveau vers Ren, gouta une nouvelle fois à ses lèvres, le brasier en lui se ralluma et, suivant les indications du médium, il commença à le préparer.

Le jeune homme eut alors un gémissement qui aurait fait se damner un saint, et lui par la même occasion. Comment résister quand le corps devant vous incitait à la luxure ?

- Ne t'inquiètes pas...

Pourtant il l’était, redoutant un mauvais geste de sa part, quelque chose qui lui ferait mal ou ne lui plairait pas. Mais avec son aide il brava cette frayeur et donna à Ren le même plaisir qu’il lui avait offert quelques instants plus tôt. L’entendre gémir de la sorte incitait à l’indécence, et bientôt il se débrouilla seul pour lui donner toujours plus, l’entendre alimentant le feu en lui. Et en même temps que ses poignets effectuaient de petits mouvements sur son anatomie, il baisait et mordillait son cou pour laisser sa propre marque.

La même panique le saisit quand il comprit ce qu’il voulait, qu’il le prépare apparemment. Ce devait être ça. Mais il était toujours nerveux et surtout timide. Même si à cet instant ils étaient intimes, faire ça avec ses doigts lui paraissait relever de l’insurmontable. Pourtant le long et ardent baiser dont lui fit part le médium le poussa sans hésitation à le faire. L’ange commença doucement mais devant l’avidité et les suppliques de Ren, il se fit plus entreprenant, jusqu’à l’entendre gémir trois fois plus qu’auparavant. C’était un vrai délice à entendre.
Mais Yûto comprit bien vite qu’il en souhaitait plus et lui aussi. Il ne tenait vraiment plus, impossible de contrôler ce brasier en lui qui ne semblait jamais vouloir s’éteindre. Il soupira contre lui en le sentant mordiller indécemment son oreille.

- Viens...

Comme s’il était quelqu’un d’autre, ce simple mot lui suffit et lui dicta la marche à suivre. Il s’introduisit lentement en lui, très lentement mais ça n’empêcha pas Ren d’avoir mal, il le vit très bien. Aussitôt un lourd sentiment de culpabilité ravagea ses traits.

- On peut arrêter si tu as trop mal, je comprendrais.

Mais il ne semblait pas vouloir arrêter au contraire, il s’agrippa encore plus à lui et à cet instant Ezeckiel pu vraiment ressentir cet acte. C’était…serré, chaud et incroyablement bénéfique. Il se sentait bien, nouveau, à sa place avec lui. L’ange aspira ses larmes délicatement et poussa un petit cri de surprise mélangé à un plaisir intense lorsque l’humain bougea sous lui. C’était…indescriptible. Une sensation poignante, qui lui faisait mal tellement il aimait, une sorte d’onde qui le traversa de part en part, demandant à son corps d’en avoir encore plus. Il en voulait encore.

L’ange commença à accompagner ses mouvements de bassin des siens, osant aller un peu plus vite tellement son envie de Ren était pressante. Tout comme lui ça semblait le transcender complètement et ils s’abandonnèrent l’un à l’autre, entrecoupant leurs gémissements répétés et leurs cris par des baisers aussi longs que profonds. Yûto, entre deux moments de clarté, constata que son corps épousait parfaitement le sien, que ses doigts emmêlés aux siens avaient trouvés cette place naturellement et que plus il avançait, plus il avait l’impression d’être lui-même et totalement en harmonie avec son protégé.

Soudainement une chose étrange se passa, le feu dans son ventre remonta et se propagea dans tout son corps, quémandant encore plus, encore plus et il alla plus vite, donnant un grand coup de rein à Ren qui cria de plaisir sous lui, alors qu’au même instant il sentit cette braise s’échapper alors que ses ailes, longues et argentées, apparaissaient derrière lui, comme une extension de lui-même et de son plaisir. Il ne les contrôlait même pas, ne se contrôlait pas lui-même mais savait qu’il ne pouvait pas arrêter là, que le médium avait provoqué quelque chose de géant et surprenant en lui.

Il ne s’était jamais par contre imaginé qu’un simple toucher ferait bien plus qu’une pénétration. A peine les doigts de Ren effleurèrent ses ailes qu’une longue décharge électrique traversa son corps de part en part, le faisant pousser le gémissement le plus érotique qui soit. L’ange plongea son regard dans celui fébrile et vitreux de son compagnon, sentant qu’il ne pourrait plus tenir aussi longtemps qu’il le voudrait.

- Ren…tu es beau Ren. Tu ressembles à un ange… Je t’aime tellement !

La main du médium caressa une dernière fois ses ailes, Ezeckiel fournit un dernier effort, donna un dernier coup de rein et ils partirent tous les deux visiter l’ancienne maison de l’ange dans un râle commun. Sous la puissance dévastatrice de la jouissance, il avait broyé une des mains de l’humain ainsi que le pauvre coussin qui se trouva sur son chemin à ce moment-là.

Complètement vidé d’énergie, il se laissa aller sur le corps fin de son amant, laissant ses ailes se reposer un peu dans son dos et à peine eurent-ils reprit leur souffle qu’ils s’embrassaient comme si leur vie en dépendait. L’ange n’avait aucune envie que ça s’arrête alors il fit durer les choses, le caressa longuement et fébrilement, jamais repu de ses lèvres et de son corps sur le sien. D’ailleurs si ça continuaient il ne pourrait pas retenir son nouveau désir qui naissait, sachant que l’humain ne supporterait pas un deuxième round. Alors il se calma un peu.

- Je t'aime...Yuto...

Le concerné sourit légèrement, déposa un dernier baiser tendre sur sa petite bouche et le serra d’un bras contre lui alors que de l’autre il refermait les couvertures sur leurs deux corps soudés. Ren s’endormit le premier, lui directement à sa suite après s’être assuré qu’il n’aurait pas froid pendant la nuit et ses ailes disparurent dans son dos.

Pas de cauchemar, un bien-être inestimable et incroyable. Enfin sauf au moment où il sentit quelque chose lui bloquer la respiration et il éternua doucement, calant tout de suite sa joue contre l’oreiller moelleux. Un petit rire cristallin le réveilla et il croisa les beaux yeux chocolats de son ami et maintenant amant, ce qui lui étira un sourire sur les lèvres sans qu’il l’ait commandé. Il s’amusa de le voir rougir, lui aussi soudainement gêné en pensant que sous ce drap fin ils étaient nus.
D’ailleurs les doigts fins de Ren sur son torse le firent délicieusement frissonner.

- Bonjour ….

Yûto se rapprocha du médium pour lui voler un baiser, appréciant de le voir réagir ainsi. Sous les draps il se colla contre lui alors que ses lèvres descendaient déjà dans son cou. Sa main frôla sa chute de rein, une de ses jolies fesses bien rondes et ce fut lorsqu’il l’entendit gémir à son plus grand plaisir qu’il stoppa tout, ne voulant pas le fatiguer à peine réveillés.

- Bonjour, fit-il enfin. Bien dormi ? Tu as faim ?

Parce que lui oui, il n’avait pas mangé depuis un moment et il devina au bruit du ventre de Ren que c’était aussi le cas pour lui. Avec un petit sourire il passa sa main sur le ventre parfaitement plat et doré de son compagnon et entreprit de se lever. Il constata alors son changement de comportement. Même s’il restait un peu gêné par sa nudité, maintenant il n’avait plus rien à lui cacher qu’il n’ait déjà vu la veille. Alors il se contenta juste de reprendre une des serviettes qui étaient tombées au sol la veille et se l’enroula autour de la taille, faisant le tour du lit pour sortir de la chambre. Au passage il déposa un bref baiser sur ses lèvres et alla faire chauffer du café. Il fut vite rejoint par Ren, aussi peu vêtu que lui, qui passa une main sur sa hanche et quémanda encore quelques attentions.

Il fit bien attention de ne pas se laisser aller, cette nouvelle sensation qu’il avait découverte hier semblant ancrée à tout jamais en lui et ne demandant qu’à sortir, par l’intermédiaire de ses ailes également. D’ailleurs il devrait surveiller ce phénomène étrange avant de lui sauter dessus pour la seule raison qu’il a frôlé ses plumes !
Une fois le petit-déjeuner préparé, avec beaucoup de mal et de temps vu qu’ils le passaient à se faire des papouilles, s’embrasser sur l’évier de la cuisine ou autre, l’ange l’apporta dans la chambre et le posa sur le lit même où ils s’affalèrent à nouveau. Yûto prit une des tartines beurrées et, avec un sourire bienveillant, la plaça devant la bouche de son aimé.

- Fais « aaaaah » pour moi, mon petit magicien.

Habillé de sa simple serviette blanche, enroulée juste en-dessous de ses hanches de telle sorte qu’on pouvait voir les os de ses hanches et que le tissu cachait à peine la naissance de ses fesses, Yûto surveillait le café avec attention tandis que Ren s’approchait de lui par derrière. Depuis les événements de la veille il avait du mal à se retenir, ne comprenant pas vraiment pourquoi il brûlait toujours autant de désir pour l’humain peut importe ce qu’il faisait. Dès qu’il était prêt de lui il ressentait le besoin pressant de le toucher, de n’importe qu’elle façon. Et à chaque fois il se retenait de justesse d’aller plus loin, pas certain qu’il soit d’accord. Décidément il allait aussi devoir contrôler ça en plus de ses ailes !

Une fois revenus au lit, ils se donnèrent carrément à manger, l’ange n’hésitant pas à lui donner des baisers sucrés de temps en temps. C’était bizarre, il n’avait jamais connu ce genre de chose et pourtant il faisait ça de la manière la plus naturelle qui soit. Yûto raffolait déjà de son odeur, de son être tout entier et s’il n’avait tenu qu’à lui il serait resté couché nu contre lui toute la journée. Pourtant il jugea plus correct de s’arrêter là et d’aller se laver.

- Bon je vais prendre une douche en premier.

L’ange se leva précipitamment et une fois dans la salle de bain retira la serviette et entra dans la cabine. Il eut le temps de faire couler de l’eau chaude sur lui et de se laver partiellement lorsqu’il sentit une présence derrière lui et se retourna.

- Ren… ?

Que faisait-il là ? La douche était trop petite pour eux-deux et vu leur nudité il n’était pas sûr de pouvoir tenir longtemps s’il restait si collé à lui. Il détourna les yeux pour cacher son envie et le laissa commencer à se laver à son tour. Pourtant il fut faible, oh si faible qu’à peine retourné vers lui il se colla à son dos et couvrit sa nuque de baisers brûlants comme la braise, se jurant de ne pas aller plus loin.

Mais c’était sans compter l’incroyable attirance qu’il éprouvait pour lui et la maladresse de Ren. Alors qu’il lui laissait champ libre sur sa peau, il se retourna vers lui et, immanquablement leurs lèvres se scellèrent alors que leurs corps se collaient et se frottaient, glissaient sous l’eau qui continuait de couler. Mais encore que ça aurait pu s’arrêter à ces simples baisers fougueux mais encore une fois le médium fit un geste qui coupa ses neurones, laissant place à l’envie poignante qui le rongeait depuis la veille au soir. La jambe de son amant frôla son point sensible, déjà bien stimulé par ces simples échanges et il n’y tint plus. C’était devenu trop douloureux de résister, et beaucoup plus facile de céder aux pulsions.

Alors d’un coup sec il le plaqua contre le mur froid de la douche, fit courir ses mains sur ses cuisses jusqu’à les attraper fermement et les soulever pour les entourer autour de sa propre taille. Naturellement les bras de Ren s’enroulèrent autour de son cou et son désir était d’autant plus stimulé ainsi. N’y tenant plus, il ne fit plus qu’un avec le médium d’un simple mouvement de hanche mais qui fut comme une délivrance et une torture.

- Ohmond...Yuto...
- Tu me rends fou, j’en peux plus…

C’était le cas, à voir l’érection qui l’avait pris les quelques minutes d’avant ! Une main posée contre le mur et l’autre soutenant son amant, il commença à aller et venir en lui de plus en plus rapidement et urgemment. Il allait aussi loin qu’il le pouvait, violemment mais sans lui faire mal pour autant. C’était d’un bestial que ça l’étonna lui-même le temps d’une seconde, mais l’eau soudainement brûlante qui coula sur eux ne lui permit plus de réfléchir tellement ça mettait ses sens en ébullition. La tête parfois dans son cou, contre son front ou l’embrassant à en perdre haleine et pour couper leurs cris, il se faisait plus pressé à chaque seconde qui passait, n’hésitant pas parfois à les cogner contre le mur lors d’un mouvement de bassin qui les faisait crier autant l’un que l’autre.

Parce que même s’ils aimaient le doux de la veille, il se rendit compte que d’être aussi bestial lors de cet échange ne leur déplaisait pas non plus, loin de là à entendre les suppliques de Ren pour qu’il aille plus vite. Yûto obéit bien volontairement et c’est ensemble qu’ils atteignirent une nouvelle fois ce point culminant, le corps et les cheveux dégoulinants de l’eau brûlante qui coulait toujours.

Après l’avoir gardé quelques instants dans cette position contre lui, il le laissa reposer ses pieds par terre et le rattrapa en voyant qu’il était assez épuisé pour ne pas marcher droit. Ça les fit rire et ils durent se relaver une nouvelle fois.
En sortant de la douche il enfila juste un simple boxer que Ren lui prêta et le suivit dans la chambre, la serviette sur les cheveux pour se sécher. Il resta debout pendant que le médium se jetait dans le lit.

- C'est mieux de le faire en vrai que par mon intermédiaire, hein ?

Ezeckiel rougit jusqu’aux oreilles.

- Euh...je n’ai jamais…je n’ai jamais regardé ! Y’a juste des moments où j’arrivais et que…enfin voilà quoi, et puis…tu ressentais tellement de choses et j’étais curieux…mais je n’ai fait ça qu’une fois !

Plus il parlait plus il avait l’impression de s’enfoncer.

- Je ne suis pas un voyeur !

Ren se moqua de lui et l’ange se jeta sur lui pour le faire taire, les faisant rire tous les deux en se chamaillant sur le lit. Il adorait tellement ce sentiment d’insouciance qu’il ne voulait pas s’arrêter mais le dû quand même. Et puis, devenu joueur il fit semblant de bouder sous les draps lorsque le médium décida d’aller s’habiller, et donc de quitter le lit où ils étaient amoureusement blottis. Prétextant qu’il devait faire pareil, Ren batailla un long moment avec lui jusqu’à ce qu’il arrive à le faire sortir du lit.

Soudainement, alors qu’il tombait du lit après que l’humain l’y ait poussé, ses yeux croisèrent le réveil posé sur la petite table de chevet et ses yeux s’écarquillèrent.

- Merde ! J’ai oublié que j’étais de remplacement aujourd’hui ! J’ai cours cet après-midi…

Il fit un regard désolé au médium qui sembla assez contrarié, mais il l’était tout autant que lui. Cependant s’il voulait ne pas être renvoyé du lycée il devait assurer ses cours, qu’il soit de remplacement ou pas. Mais une petite lueur s’alluma dans ses yeux noirs et il sourit malicieusement à son amant.

- Diiiiis, ça te dirait d’aller en cours avec moi ?

-Tu n'as pas a etre géné, après tout, ca serait normal...Mais avoue que c'était mieux comme ca ! Ose me dire le contraire.

Yûto rougit de plus belle. C'est vrai qu'en à peine quelques heures il était passé de "voyeur passif présumé" à "actif". Et Ren sous-entendait bien que les deux merveilleuses fois où ils l'avaient fait, il lui avait bien montré qu'il aimait ça. Et c'était vrai, mon dieu ce qu'il avait aimé ! Et il était certain qu'il aimerait aussi les fois suivantes, parce qu'il y en aurait n'est-ce pas ? L'ange se fustigea intérieurement pour avoir osé penser ça. Depuis quelques heures il se découvrait des pensées assez perverses et plus il tentait de les réfreiner, plus il y pensait ! Comment un seul acte pouvait changer toute votre vie ? Là il lui avait suffi d'une fois avec Ren pour recommencer indéfiniment, se sentir totalement accro à son contact, sa présence, son odeur...oh mon dieu son odeur !

Mais il se défendit quand même, insistant sur le fait qu'il n'était pas voyeur, seulement qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment ! Mais oui, faire la chose en directe était beaucoup mieux que regarder et ressentir les autres le faire ! L'ange en profita pour se chamailler un peu avec son nouvel et premier amant, se trouvant une nouvelle passion à le taquiner et faire semblant de bouder pour avoir ses faveurs.
Seulement la dure réalité le rattrapa. Aujourd'hui, il y avait cours et impossible d'y échapper !

-Oh non...

La tristesse qu'il lu sur son visage lui fit mal en même temps que ça lui fit plaisir. Ca voulait dire que, comme lu, il avait espéré passer une journée ensemble à ne rien faire. Il aurait tellement aimé que ce soit ainsi ! Yûto attrapa son pantalon, l'enfila rapidement et emprunta une chemise au médium qui commença à sembler perdu. Avec un air de ce genre, il était prêt à faire abstraction des cours lorsque, par une envie soudaine, il lui proposa de venir avec lui.

ça eu l'effet escompté. Aussitôt ses yeux retrouvèrent un petit éclat et il sourit, visiblement heureux de venir avec lui. ça aussi ça lui donna envie...bon, bon, concentration ! Rha, difficile quand il se pendait à son cou de la sorte !!

-Alors je serais l'assistant du prof ? Intéressant~ Bien Sensei, j'accepte !
- Aaah, j'aime quand tu m'appelles Sensei !

En plus il aimait vraiment !
Quelques minutes plus tard ils arrivaient devant le lycée et, pour plus de précaution, il lui lâcha la main pour ne pas faire courir de rumeur. Il n'avait pas vraiment envie de mettre Ren mal à l'aise ! Comme à son habitude, il entra dans l'amphithéâtre pas le premier, mais pas le dernier non plus. Il salua tous les élèves par leurs noms (il avait décidément une bonne mémoire photographique) et posa ses affaires sur la petite table dans les gradins. Il s'y assit et invita Ren à faire de même. Quand tous ses élèves furent présents, il demanda leur attention.

- Je vous présente Manobu Ren. C'est un assistant stagiaire. Soyez gentils avec lui.

En se tournant vers le médium il lui fit un léger clin d'oeil et commença le cours. L'ange avait choisi Sakespeare pour le côté dramatique et surtout la beauté des paroles. Dès le premier jour il avait vu les compétences que possédaient ses élèves et les jugeait aptes à faire uen telle pièce. Cependant, lassés du traditionnel, ils avaient tous optés pour une version plus "moderne". Jusqu'ici, tout allait bien, ayant une facilité déconcertante à capter leur attention, surtout celle de Maria, une jeune fille de 17 ans à moitié coréenne et espagnole aux formes avantageuses. Elle tenait le rôle principale parce que sous ses airs de divas il avait vu un énorme potentiel de comédienne. Cette fille et son charme iraient loin ! Ce que par contre il n'avait jamais vu c'était que depuis 4 mois elle lui faisait du rentre-dedans, ce sans-gêne et devant les autres élèves et son nouveau petit-ami.

D'ailleurs l'ange ne comprit pas pourquoi il commençait à bouder, les bras croisés sur sa chaise. Pendant la petite pause qu'ils s'octroyaient toujours en milieu d'après-midi, ils vint s'assoir à ses côtés et passa discrètement sa main sur sa cuisse, Maria lui demandant encore des conseils sur son jeu.

Et quelques minutes plus tard encore une fois elle demanda à refaire la scène du baiser dans la chambre de Juliette, trouvant que son partenaire n'était pas aussi compétent que son professeur. Gêné, Yûto s'en était sorti avec une remarque habile et avait évité de justesse el volcan que représentait Ren à présent. Heureusement le cours prit fin, lui très fatigué par sa journée et impatient de retrouver seul à seul son amant. Mais là encore, Maria s'interposa.

-C'était très intéressant, professeur, est ce que vous croyez qu'il vous serez possible de me donner quelques cours particuliers ? J'aimerais me présenter à un casting...

Des cours particuliers ? En 4 mois on ne lui en avait jamais demandé, et il ne savait pas s'il pouvait en donner. Pourtant si c'était pour un casting, il ne souhaitait pas ruiner les chances de cette jeune femme en lui refusant de l'aide.

- Merci Maria. Sincèrement je ne pense pas que tu en aies besoin mais je veux bien te consacrer 1 à 2 heures par semaine pour t'entraîner.
- Et bien disons que le casting est dans 1 mois, ce serait possible de se voir plus souvent ?
- Plus...souvent ? Mais tes parents son d'accords ?
- Evidemment ! Donc je vous propose le lundi, le mercredi en après-midi, le vendredi matin et le week-end !

La main dans la sienne se resserra et l'ange n'osa pas se retourner pour voir le visage mécontent de Ren. Mais lui aussi n'était pas d'accord avec ça.

- Pas le week-end Maria.
- Alors le samedi ? En fin de journée si vous préférez.
- C'est important ce casting ?
- Professeur ! Quelle question, vous voules rire n'est-ce pas ?

Elle le poussa gentiement et remit ses cheveux en ordre en s'excusant. Assez gêné par la situation, Ezeckiel décida de terminer la conversation au plus vite.

- D'accord pour tout ça. On se voit lundi alors.
- Merci !

A sa grande surprise elle le serra rapidement dans ses bras, le figeant sur place et c'est ce qui l'empêcha de voir le regard glacial et déterminé qu'elle lança au médium près de lui. Finalement elle le salua avec un grand sourire et partit.

Ayant déjà complètement oublié cet incident, il se retourna en souriant vers son aimé. Pourtant, son regard à lui était fixé sur la porte d'où la jeune femme venait de sortir. Un peu jaloux de tant d'innatention, il déposa un petit baiser dans son cou.

- C'était Maria, une excellente comédienne pour son âge ! Elle a 17 ans et a déjà joué dans un petit rôle dans une pièce. Cette fille ira loin, c'est moi qui te le dis.

A sa grande surprise, Ren se retourna et commença à partir en premier. Vexé, l'ange le rattrapa et le força à lever le visage vers lui.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es ennuyé ? Tu m'en veux de t'avoir emmené ici ? Parce que si c'est le cas je suis désolé. Si tu veux, on peut faire tout ce que tu veux ce soir !

- Tu ferais un beau Roméo, mon ange. Ou tu as appris tout ca ? Je croyais que tu étais sur terre que depuis quatre mois ?
- C’est vrai. Mais je possède ce pouvoir qui est de contrôler les sentiments depuis 3000 ans et, pour apprendre à les contrôler, autant les siens que ceux des autres, le théâtre est un outil merveilleux. C’est là que tu t’exprimes sans crainte ni barrière et on peut y trouver les plus beaux sentiments qui soient, négatifs ou pas. J’aime le théâtre et la poésie.

Il se tut un peu, ayant l’impression de passer pour un ange cul-cul et romantique. Non pas qu’il ne l’était pas mais oui, il aimait vraiment sa profession et d’un certain côté d’avoir été déchu avait pu lui apporter ça.
Le reste du cours se passa normalement, à part le fait qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se retourner vers Ren pour le dévorer des yeux. Maria était…Maria, au centre de l’attention et les autres suivaient, toujours plus spectaculaires et le rendant fier. Pourtant une chose embruma un peu son après-midi, le fait que plus le temps passait, plus le médium avait l’air de ne pas être content d’être là et ça l’inquiétait au plus haut point, qu’il puisse l’ennuyer. Il n’osa pas lui poser la question, de toute façon la jeune femme demandait toujours de l’aide alors qu’il était sûr qu’elle n’en avait pas besoin mais il voyait là un besoin de se rassurer elle-même. Oui, naïf était le bon mot.

A la fin du cours il paniqua un peu en voyant que, Maria ou pas, Ren refusait de lâcher sa main. Ce n’était pas vraiment crédible un professeur qui sortait avec son assistant ! Mais bon, il ne fit rien pour aller dans le sens contraire et au lieu de ça débattit avec Maria de ses heures de cours particuliers. Il n’était pas vraiment chaud pour faire ça, souhaitant plutôt passer du temps avec son protégé mais il se sentait un devoir envers ses élèves et il la savait travailleuse et douée. Donc il lui accorda sa demande et attendit qu’elle parte pour embrasser le magicien, qui visiblement faisait toujours la tête.

Voyant qu’il était beaucoup trop bloqué sur elle, il décida de lui en parler au cas où il soit juste avide de savoir qui c’était, et même si ça le rendait un peu jaloux.

- Oh bah j'imagine. Pour peu qu'elle soit gentille avec ses producteurs.
- Ren ! fit l’ange indigné. C’est horrible ce que tu dis !

Mais il ne l’écouta pas et fit demi-tour. Alors seulement là Yûto lui demanda si c’était lui qui l’avait ennuyé. S’il aurait préféré ne pas venir aujourd’hui. Il attendait la réponse avec anxiété parce que ce travail, son tout premier, comptait beaucoup pour lui.

- Non bien sur que non, j'ai adoré...Mais Yuto, tu as vu comment cette Maria te regardait ?

Les yeux de l’ange déchu s’écarquillèrent sous l’incompréhension. De quoi parlait-il exactement ? Qu’avait fait Maria qui méritait un tel dénigrement de sa part ? ça le vexa un peu qu’il considère aussi méchamment un de ses élèves, aussi diva qu’elle soit.

- Tu sais que tu es terriblement beau pas vrai ? Elle veut t'avoir, oui, oui, tu ne l'as pas vu ? Elle te faisait du rentre-dedans en beauté et je doute que ces cours en plus ce soit réellement pour le théatre si tu vois ce que je veux dire ??
- Je ne vois pas ce qui te fait dire ça ! Tu dois te faire des idées. Et je ne suis pas « terriblement beau » et Maria ne veut pas « m’avoir ». Elle est une bonne élève, très assidue et veut réussir. C’est pour ça qu’elle m’a demandé ces cours en plus.

Mais Ren ne sembla pas convaincu et il lu dans ses yeux cette petite pointe de jalousie. Il le prit dans ses bras et souri avec apaisement, usant un peu de son pouvoir pour le calmer.

- J'ai aucune envie de te partager...
- Ren, Ren, Ren…Il n’est pas question de partager quoi que ce soit. De une je ne suis pas un objet, de deux Maria ne cherche pas à m’avoir et de trois, tu sais bien qu’il n’y a que toi pour moi. Qu’irais-je faire avec une adolescente, ce qui en plus me vaudrait mon travail ?

Yûto caressa un instant ses cheveux et, n’y tenant plus depuis des heures qu’il en avait envie, captura les lèvres du plus jeune des siennes. De simple le baiser vira en plus profond et le jeune homme, qui à ce moment-là était près de son petit bureau dans les gradins, poussa Ren contre la table, le faisant monter dessus.
Il plongea dans son cou pendant que ses mains s’affairaient à rapprocher le long corps de lui. Il murmura à son oreille, le sentant frissonner.

- Tu sais que je ne suis qu’à toi mon amour. Ai-je besoin de te le prouver une troisième fois ?

Il rigola en même temps que lui au souvenir de leurs ébats de la veille et du matin-même, et ce fut le gardien du lycée qui les interrompit, annonçant que l’amphithéâtre allait fermer. Mais on voyait bien à ses yeux que s’il avait pu mater le début d’échange entre les deux amants, il ne se serait pas gêné !
Le professeur prit son « assistant » par la main et salua poliment le gardien avant de sortir du lycée.



- Ouaaaaaaaaaaaaaah j’ai faim ! cria presque Yûto en entrant dans l’appartement. Je mangerai bien tout un éléphant !

Ce qui fit rire le médium, et son rire bientôt me contamina également. Il était vraiment délicieux ! Sans un mot, l’ange prit son téléphone, s’enferma dans les toilettes et y resta 2 minutes à peine avant d’en ressortir, tout joyeux.

- Bon, on va passer chez moi, je vais me changer. Toi aussi d’ailleurs. Je n’ai rien contre ce pantacourt mais si tu veux venir avec moi, il te faudra mettre un pantalon !

Heureusement, curieux comme il se l’était imaginé, Ren lui obéit et bientôt il passa à son propre appartement, laissant le médium regarder pendant qu’il troquait son vêtement de professeur pour un jean noir et une chemise blanche, qu’il rentra à l’intérieur. Seulement au moment de partir Ren refit des siennes, refusant de bouger tant qu’il ne lui disait pas ce qui se passait. Agacé mais amusé, Ezeckiel finit par l’attraper et le porter jusqu’à la voiture, n’écoutant pas ses protestations et ne faisant pas attention aux regards des gens dans la rue.

Il se tut, comme lors de leurs vacances, tout le long du trajet qui fut bien court, mais toujours avec ce petit sourire confiant. Puis, il se gara sur un trottoir et empressa le médium de sortir. Toujours en train de bouder, il s’exécuta mais, fier, il vit ses yeux chocolat s’écarquiller devant la façade luxueuse du bâtiment devant lequel ils se tenaient, déjà assez rempli de gens venant passer un bon moment en couple ou en famille. L’ange passa une de ses mains sur la hanche de son amant et, se penchant à son oreille, il murmura une seconde fois.

- Pour notre premier vrai rendez-vous je veux faire le maximum. Pour moi tu vaux bien un restaurant 4 étoiles ! Tu viens ? On va manger.

Il oublia bien vite le petit accès de jalousie de Ren, lui préférait largement ce qui suivit et à l’écoute de la plainte du plus jeune, il sut qu’il était dans la bonne voie.

- Je veux bien voir ça...

L’ange eut un petit sourire et, la bouche tantôt dans son cou tantôt sur la sienne, il s’amusait à passer ses mains sous son haut et parfois même dans son pantalon. C’est pourquoi il vit très mal l’arrivée du gardien, qui les regardait avec un air de « je suis en train de me mater un porno » ! Et pour cause, ils étaient tous les deux beaux, bien faits de leurs personnes et Yûto était presque en train de déshabiller son compagnon ! Donc ils partirent rapidement, lui espérant que le vieil homme ne répète rien de cette scène.

Il voyait ce soir-là comme un vrai premier rendez-vous, ce qu’il n’avait jamais eu de sa longue vie. Anxieux, il avait décidé de taper dans le summum du summum, tant pis pour sa paie. Il se restreindrait sur autre chose pendant quelques temps. Donc à peine arrivé chez le médium il s’enferma dans les toilettes pour réserver au restaurant. Il soudoya un peu le personnel car à la base il n’y avait plus de place et ressortit fier de lui, demandant à son petit-ami qui fouillait dans les placards à la recherche de nourriture de s’habiller un peu plus correctement.

- Je croyais que tu avais faim ?

L’ange fit semblant de ne pas l’écouter et attendit qu’il se change, s’empêchant de lorgner dans la chambre où il se trouvait. Ce dont Ren bien au contraire ne se gêna pas de faire lorsque ce fut son tour ! Un peu amusé et timide, il alla le plus vite possible et bientôt il fut prêt.

- Bon, maintenant tu vas me dire ou l'on va ? Non sérieusement je trouve pas ca drole, si tu veux m'enlever, dis moi au moins ou ! Sinon, je bougerais d'ici...AAAAAAAAAAH ! Repose moi !!

Yûto rigolait, tenant bien le médium qui se débattait comme un fou furieux, ce qui ne le fit pas lâcher pour autant. Il s’amusa ensuite du fait qu’il fasse semblant de le bouder, sachant très bien que ça ne durerait pas longtemps surtout s’il faisait en sorte de lui donner de l’attention. Et puis, ils arrivèrent enfin.
La façade était magnifique, resplendissante à l’image de la qualité et surtout du prix du restaurant. Pourtant lui ça l’enchanta. Il n’avait jamais vraiment mis les pieds dans ce genre d’établissement non plus et il savait que c’était aussi le cas de Ren. Ce qu’il lui dit il le pensait vraiment. Il souhaitait vraiment lui donner le meilleur, quitte à débourser beaucoup pour ça ! Mais alors qu’ils allaient entrer il le retint de la meilleure façon qui soit.

- Tu n'aurais pas du me faire un tel cadeau...Tu sais, je t'aime, peu importe si c'est un restaurant quatre étoiles ou une commande au chinois du coin, tu dois savoir que tant que tu es avec moi....Ca ne change rien...Ne ?
- Je sais. Mais moi je veux te donner le meilleur. La prochaine fois ce sera le meilleur chinois de la ville ! Je veux manger dans ce restaurant hors de prix avec toi, ok ?

Heureusement il le suivit et on les installa à une table à deux. L’ange s’amusa beaucoup à se moquer de son accent, contrairement à lui qui avait appris toutes les langues en 3000 ans. Alors il n’eut aucun de mal à commander pour eux deux. Il prit de la salade composée (avec fromage dont il raffolait, croutons et tomates), ensuite un plat de pâtes et enfin du tiramisu qui s’avéra délicieux. Ils parlèrent longtemps, jusqu’à ce qu’il se rende compte que la salle était vide. Le ventre rempli, ils s’en allèrent.

Le trajet ne dura pas longtemps et ils ne parlèrent presque pas.

- Ce sera toujours comme ça...hein ?
- Promis.

Il lui sourit doucement et finit par garer la voiture devant son appartement. Il n’avait pas d’abord l’intention de dormir là mais devant l’air à moitié suppliant de Ren il céda. Bien facilement d’ailleurs parce qu’il espérait qu’il lui demande. Alors il se fit prêter des vêtements pour la nuit et se coucha en premier, accueillant quelques secondes plus tard un médium ensommeillé dans ses bras.

Cette nuit-là fut étrange. Il n’eut pas de cauchemar mais ne fut pas apaisé pour autant. Quelque chose le gênait, il geignit quelques minutes et finalement quand la gêne partit, il se rendormit.

Lundi arriva rapidement. La journée il alla assurer ces quelques heures de cours et, ayant un peu oublié que Maria devait arriver d’une minute à l’autre, il invita Ren à passer un peu de temps avec lui mais dans son propre appartement. C’était techniquement la première fois et il avait tout rangé (quoi qu’il n’ait presque rien à la base). Le médium arriva peu de temps après et à peine entré il le gratifia d’un long et profond baiser, signe qu’il lui avait manqué. Beaucoup manqué. Trop manqué vu comment ils commençaient à s’arracher leurs vêtements ! Mais…

On sonna à la porte. L’esprit complètement embrumé par la présence de son petit-ami et de ce qu’il était en train de lui faire, il cru tout d’abord qu’on sonnait chez le voisin. Mais ce fut Ren qui l’avertit que oui, c’était bien son appartement.

L’ange grogna avant de replonger son visage dans le cou du médium mais ce dernier le poussa à arrêter. Assez mécontent, il ouvrit la porte sur Maria. Et tout lui revint. Yûto défroissa un peu sa chemise et invita la jeune femme à entrer. Contrairement à son amant il ne fit pas attention à ses vêtements et comment elle les portait. Il vit juste que la situation était délicate. Mais bon Maria semblait avoir comprit qu’ils étaient ensemble alors elle ne dit rien et au contraire lui fit un grand sourire comme il lui en connaissait.

- Je suis prête à commencer Professeur !
- Bien Maria, euh…et bien va dans le salon, je dois un peu m’entretenir avec…Ren.

La jeune femme fit une petite moue mais s’exécuta. Ezeckiel attendit qu’elle soit partie pour se tourner vers le médium.

- J’avais complètement oublié ! Tu veux rester quand même ? On se commandera un truc après, et…

Il le força à reculer jusqu’au mur.

- …je continuerai ce que j’ai commencé. Je ne laisse jamais rien en plan.

Il déposa un bref baiser sur ses lèvres et rejoint Maria dans le petit salon, elle était déjà prête avec son script et elle posa une main sur son bras en le lui montrant. Discrètement il la retira et lu son rôle. Intéressant, à 17 ans seulement elle jouait un second rôle dans une nouvelle comédie ! Il la félicita.

- Mais c’est grâce à vous Professeur ! Je ne vous remercierai jamais assez ! Vous pouvez me demander ce que vous voulez.

Il fronça les sourcils avant de sourire, amusé.

- Je te demanderai juste de ne pas laisser tomber en cours de route. Je sais bien que tu es du genre à te détourner de tes buts rapidement.
- Ça dépend quel est le but.

L’ange ne comprit pas ce qu’elle voulait dire et commença plutôt à lui donner la réplique, Ren assis sur une chaise pas loin qui les observait. Craignant de l’ennuyer et qu’il parte, il fit une pause et, à la reprise, il se tourna vers lui.

- On a besoin d’une troisième voix, ça te dirait de nous aider ?

Oui il avait vraiment oublié, sinon il n’aurait pas invité Ren en sachant que ça l’ennuierait et il ne serait pas non plus là contre le mur de son appartement à essayer de défaire le pantalon de son aimé. C’était tellement frustrant de se faire arrêter en plein chemin !

- Sérieusement, vas ouvrir, si ca se trouve c'est important.
- Rha j’en ai marre. Bouge pas.

Il alla ouvrir et tomba sur Maria, en se rappelant qu’effectivement aujourd’hui c’était lundi et qu’il lui avait promis de l’aider pour son casting. Alors il la fit entrer et patienter le temps qu’il s’excuse auprès du médium, qu’il savait aussi mécontent de lu face à cette soudaine intrusion. Il frissonna en sentant sa caresse sur son torse et si ça n’avait pas entaché son rôle de professeur, il aurait bien viré la jeune femme pour s’occuper plus en « profondeur » de son petit-ami. Cependant il ne le fit pas et à la place commença à parler avec elle, voyant ce qu’il devait faire ou pas.

Comme escompté elle avait un talent pour la comédie et son rôle lui allait à merveille. Elle l’avait parfaitement intégré et il se demanda même en quoi il pourrait lui être utile. Ah si, trop d’agressivité dans ses propos, d’ailleurs il lui en fit part et elle se contenta d’acquiescer avec un grand sourire mutin.
Finalement, un peu en manque de son magicien, il lui proposa de participer, espérant que même sans expérience il accepte de les accompagner. D’ailleurs il lui avait réservé le rôle du mari jaloux de son personnage, ce qui dans un sens correspondait parfaitement au caractère impétueux de Ren.

- Moi ?? Mais j'ai aucun talent pour... Il vit le regard triomphal de la jeune homme et changea immédiatement d'avis. D'accord, je vais le faire.

Un large sourire étendit le visage de l’ange et il passa son script à son petit-ami pour qu’il suive en même temps que lui, créant de ce fait un contact non négligeable entre leurs épaules. Le magicien se trompait souvent et Ezeckiel ne pouvait s’empêcher de lui parler avec une tendresse infime, lui disant ce qui n’allait pas, quel ton il devait prendre, comment était son personnage. Leur osmose était telle qu’elle se répercuta sur leur jeu qu’il jugea excellent, jusqu’à ce que Maria jette son script par terre. Le professeur leva les yeux vers elle avec un regard surpris.

- Pardonnez moi professeur, j'ai une urgence...je dois partir.
- Ah euh…bien Maria. A mercredi !

Mais elle était déjà partie, claquant la porte derrière elle. Et bien, décidément il ne se ferait jamais au caractère impétueux de son élève !

- Je sais pas ce qui lui a prit !
- Ttttt.

Fit Yûto avec un petit sourire qui se renforça en se sentant rudement attiré vers Ren. Rudesse qui finit de le réveiller complètement en-dessous de la ceinture.

- Tu as raison, j’ai quelque chose à terminer, viens là !

Pas besoin de dire qu’il n’y eut besoin ni de lit ni de quoi que ce soit d’autre à part une table et une chaise pour satisfaire les deux amants. En pleine action Yûto se dit qu’il devait vraiment trouver un moyen de contrôler ses pulsions ! Mais en attendant il se contenta de donner le maximum de plaisir à son compagnon. La soirée fut longue.


Le mercredi il reçut un appel de Maria comme quoi ses parents, par soucis de sécurité, préféraient qu’il vienne directement chez elle.

- Sûrement pour me surveiller, les parents de nos jours !

Avait-il dit pour rassurer le médium. Celui-ci était encore à son appartement, les deux ayant du mal à se séparer plus de 10 minutes d’affilées. Seulement là il ne pouvait pas amener Ren avec lui et lui promit juste de faire au plus vite. De toute façon vu le potentiel de Maria il ne devrait pas mettre beaucoup de temps !
D’ailleurs tout se passa très bien, il la corrigea encore sur son ton un peu trop agressif, répéta la plupart des scènes près de 3 fois, et ce sans toujours remarquer les avances que lui faisaient la jeune femme, un peu excédée au final mais pas prête de lâcher lorsqu’il lui sourit à un moment. Mais en partant de chez elle il se souvint qu’elle n’avait pas repris le dossier sur son film en partant si vite de chez lui alors il lui proposa d’aller le chercher.

Bien sûr il savait que Ren serait là, mais pas accoutré comme une parfaite petite femme de maison ! Son petit tablier et les traces de farines sur ses joues le firent doucement rire et en expliquant la raison de la présence de Maria il prit sa main quelques secondes et partit dans le salon.
En revenant il trouva l’atmosphère bien lourde, comme si quelque chose venait de se passer. D’ailleurs il s’en enquéra aussitôt.

- Quelque chose ne va pas ? Ren ? Maria ?
- Rien du tout, répondit cette dernière avec joie. Je disais juste à Manobu à quel point vous étiez formidable.
- Tu me flattes, dit l’ange en rougissant.

Il n’avait pas vu le visage coléreux de Ren et de toute façon ne l’aurait pas compris vu qu’il pensait qu’elle parlait de son talent de professeur ! Finalement elle partit et il s’étira en se retournant vers son aimé qui n’avait pas encore changé de tête. Il ne semblait même pas remarquer qu’il était là et fixait toujours la porte. Encore ?

- Dis, je vais finir par croire qu’elle t’intéresse plus que moi ! C’est fou ça, qu’est-ce que je dois faire pour que tu me regardes moi ?

L’ange pencha la tête un peu sur le côté, comme un chiot et soupira de soulagement en recevant un sourire de la part du médium.

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah j’aime mieux ça. Alors tu fais quoi pour manger ?

Le magicien s’était bien approprié sa cuisine, qui lui ne lui servait presque jamais et lui avait fait un délicieux ragout avec du riz et du curry. Yûto se lécha les lèvres, déjà en appétit et soudainement très heureux. Mais ça c’était à chaque fois qu’il était avec lui depuis ces quelques derniers jours. D’ailleurs il repensait tout le temps au fait qu’il avait perdu ce qui le caractérisait un peu au ciel depuis 3000 ans. Et il en fit part à Ren.

- Tu sais à propos de…ça fait bizarre. Enfin je ne me sens pas vraiment différent physiquement, sauf quand…enfin bref. Mais c’est de se dire que pendant 3000 ans j’ai été le « petit Vierge du Paradis » et que subitement ça a changé. Et le fait que je n’en perçoive pas vraiment la différence…enfin tu vois ce que je veux dire ou pas ?

Il n’arrivait pas vraiment à exprimer le fait que de se dire qu’il n’était plus vierge mais qu’il n’en ressente pas forcément la nostalgie était un phénomène étrange en lui. Et il n’arrivait pas à dire s’il avait perdu quelque chose ou si, au contraire, il l’avait gagné.

- J'aurais mis 3000 ans pour être ce que vous appelez "un homme" !

Ça ne lui plaisait pas non plus de ramener soudainement Maria. Il savait bien que Ren serait là mais en tant que professeur il n’avait pas le choix. Donc il fit au plus vite, trouva rapidement le dossier et le rendit à la jeune femme, non sans s’inquiéter de l’atmosphère lourde dans l’entrée. Le médium ne souriait plus et regardait Maria sérieusement, ce qu’il trouva bien étrange. Que s’était-il dit ? Malheureusement la réponse de son élève ne le satisfit pas, bien au contraire. Maria n’était pas du genre à faire des compliments comme ça ! Bah, il se faisait sûrement des idées !

Yûto attendit qu’elle parte pour reprocher à son petit-ami son manque d’inattention à son égard. C’est vrai quoi ! Il se contentait de fixer la porte derrière lui et s’était bien frustrant. Cependant il dissimula le reproche sous un geste mignon et marrant, lui tendant carrément les bras en attente d’un contact.

- Baka...

L’ange ne releva, souriant juste bêtement. Par la suite il attendit avec impatience ce que Ren lui avait préparé, se régalant déjà. Ça sentait si bon qu’il ne tenait plus en place tellement il avait faim !

- J'espère que tu vas aimer...fit il en rosissant un peu. Vas y goute.
- Si je n’aime pas c’est que je suis stupide !

Pour s’amuser il ouvrit grand la bouche, attendant qu’il lui donne un peu de nourriture et le vit sourire. Ouah ! Bah alors si ça ce n’était pas bon, tout le reste était vraiment dégueulasse !

- Alors ?
- Les cuisiniers du restaurant 4 étoiles n’ont qu’à se tenir ! Je doute qu’on puisse faire meilleur !

Ça lui fit énormément plaisir à voir le rose de ses joues et c’est en le regardant que Yûto se souvint de ce qui le tracassait il y a quelques heures. Lui qui avait été pendant 3025 ans l’un des rares vierges du Paradis faisait partie maintenant de la grande majorité. Il n’en retirait aucun mérite ni pour l’un ni pour l’autre, mais il ne comprenait pas qu’il ne se sente pas changé (comme il l’avait imaginé pendant des années en y pensant) et surtout il redoutait que cet évènement, même s’il l’avait énormément apprécié et ne le regrettait pas, soit le marquant de la fin de l’ange qu’il était auparavant. Plus d’ailes, plus de virginité, plus d’honneur…heureusement qu’il avait son protégé !

- En fait, tu sais, je ne penses pas que "ça" provoque un changement en toi...c'est un changement en lui même, provoqué par le fait que l'on s'aime.
Tu ne penses pas ?
- Oui mais…ça agrandit encore le fossé entre Ezeckiel et Yûto. Ezeckiel l’ange et Yûto le…je ne sais même pas comment appeler ça !
De toute façon tu devrais avoir honte d’avoir enlevé la pureté d’un ange !
- Mais bien sur, tu ne semblais pas si mécontent de ton sort dans la douche l'autre fois !
- …Tu peux dire ! Ce n’est pas moi qui criais ton nom et te suppliais !

Au médium de rougir fortement. Décidément c’était un concours !
L’ange le regarda calmement, mais inquiet, prendre ses médicaments. Il avait bien remarqué que Ren faisait exprès de ne pas les prendre devant lui, et ça ne le rassurait pas pour autant. Et puis surtout son air était beaucoup trop grave à ce moment-là alors il sut facilement que ce n’était pas anodin.

- Ne t'en fais pas... C'est juste quelques prémonitions... Mais mieux vaut prévenir que guérir pas vrai ?
- Je ne suis pas sûr qu’on puisse encore dire ça.

Parce que s’il y avait une prévention, il n’y aurait pas maladie. Ce diction ne marchait pas sur le magicien parce qu’il avait largement passé le cap de « prévenir » et était déjà bien malade. Pourtant qu’il ait des prémonitions à ce sujet était 3 fois plus inquiétant pour lui qui s’efforçait de l’aider.

- Ca te dit que je te tire les cartes, après le diner ?
- Euh…je ne crois pas trop en ces choses, même si tes tours sont magnifiques. Et puis je doute que tu puisses sortir quelque chose de construit vu que ma vie s’étend logiquement sur des millions d’années !

Mais il céda lorsque Ren insista et, quelques minutes plus tard, après avoir débarrassé la table et tout mit dans le lave-vaisselle, ils se réinstallèrent à table, le médium avec ses cartes de tarot et Yûto soudainement anxieux. Qu’allait-il découvrir qu’il ne savait déjà ?

La première carte tirée fut la Justice, rien de bien étonnant. Après tout c’est en essayant de sauver les humains par la personne de Ren qu’il avait perdu ses ailes, comme la reine sur la carte. La Force sortit ensuite, puis, les faisant sourire tous les deux en silence, l’Amoureux. Assez positives, ses cartes le médium les lui expliqua en détail. Pour l’instant ça allait.

Son sourire se figea en voyant la Mort sortir. Pas possible, il n’était pas immortel mais ne pouvait pas mourir si facilement non plus. Et surtout pourquoi cette carte ? Il vit que Ren hésitait à lui en parler mais ne le poussa pas à le faire. Pourtant il fut bien obligé lorsque le Diable suivit, et automatiquement Yûto recouvrit son bras droit marqué par le signe de Satan et se leva de la chaise, effrayé.

- Arrête…je ne veux plus faire ça, plus jamais. Ce qui arrivera arrivera, je ne veux pas le savoir. Il n’y a pas besoin de cartes pour savoir que je suis maudit ! Cette…horreur, fit-il en montrant son bras et sa main, suffit amplement !

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et, sous le choc, il commença à respirer difficilement. Parce que sous les apparences d’ange fort, Ezeckiel n’acceptait toujours pas son sort, il n’était pas guéri, comme Ren ne le serait jamais. La même sensation que dans ses cauchemars, cette brûlure, ce désespoir, l’empoigna soudainement et il se recroquevilla sur lui-même, commençant à hurler avec une voix aigue qu’il ne se connaissait pas. La sensation, beaucoup trop forte, lui faisait mal et, devenu faible, il commença à ressentir toutes les émotions négatives des gens de la ville. Le dégoût, la peur, la tristesse, la colère, la jalousie…tout ça déferlait en lui sans qu’il puisse l’arrêter et lui arrachait le cœur et l’âme, lui faisant si mal qu’il se tenait la tête et la cognait comme si ça pouvait enlever ses pleurs et ses cris dans sa tête. Et puis cette brûlure, toujours et encore.

Quand Ren tenta de l’aider il le poussa violemment, sans le vouloir. Ses phalanges étaient blanches come neiges, les yeux tantôt écarquillés jusqu’au possible tantôt fermés. Mais, comme il l’avait espéré au fond de lui, le médium ne recula pas devant l’obstacle. Il le força à le prendre dans ses bras, lui fit lâcher sa tête et au bout de quelques minutes à l’apaiser par des mots ou des caresses, les voix partirent, la brûlure se calma, il était vide. Alors il pleura. Il pleura et pleura encore pendant près de 10 minutes sans s’arrêter. C’était la première fois qu’une de ses crises ne le prenait pas la nuit et qu'il était pleinement conscient, et c'était horrible. ça lui faisait peur. Il s'accrocha à son petit-ami en le suppliant.

- Plus jamais Ren, je ne veux plus faire ça. Promets-le moi. Plus de cartes.

Ce que les deux ne savaient pas c'était que la carte suivant était la Roue de la Fortune, signe que tout pouvait encore changer, avec 50% de chance que ce soit à leur avantage. Mais aussi 50% de chance qu'ils en souffrent. Mais alors qui tirait ses cartes pour eux ? Dieu ? Satan ? Quelqu'un d'autre ? Le sauraient-ils jamais ?