Il n’hésita pas une seule seconde avant d’ouvrir la plaque de la bassine et de plonger dans l’eau. Et même si l’eau gelée lui mangeait la peau et que ses membres s’engourdissaient sous le froid, il ne flancha pas une seule seconde. Son mauvais pressentiment était bien vrai, l’ange était là qui empêchait les menottes et les lanières de se défaire, refroidissant l’eau au passage. Cette fois-ci c’était sérieux, il en était sûr. Ce n’était pas qu’un petit jeu pour les faire souffrir parce que techniquement Yûto n’avait plus aucun moyen de le sortir de là.
Parce qu’il avait beau tirer de toutes ses forces, coller sa bouche à celle de Ren pour lui donner un peu d’air de temps en temps, rien n’y faisait. Il se noyait, tombait dans l’inconscience lentement. Une vague de fureur l’envahit en le voyant fermer définitivement les yeux. Il avait promis de se venger, de ne pas se laisser faire battre si facilement alors il tenta une chose qu’il n’avait jamais faite.

A vrai dire il n’utilisait pas souvent son pouvoir, et jamais dans sa totalité. Il ne savait pas jusqu’où il allait mais ce qui était sûr c’était que même après avoir endormi tout le monde dans l’énorme salle et fait fuir l’ange, il sentait ce pouvoir au fond de lui, toujours bien présent, toujours bien vivant, comme un cœur qui battait. Avec le médium dans ses bras il fit une poussée avec ses pieds et remonta à la surface avant d’atterrir brutalement sur le sol, servant d’airbag à son petit-ami qui n’eut aucun mal. Et même s’il sentait ses forces le quitter, à peine l’eut-il allongé qu’il commençait à lui faire un massage cardiaque suivit de bouche à bouche, ses cheveux dégoulinants qui laissaient tomber quelques gouttes sur son visage pâle.

Autour de lui les personnes se réveillaient, se levaient et se rappelaient de l’incident. Il ne vit même pas ses élèves arriver en courant vers lui, ni le magicien qui donnait des ordres. Seul comptait Ren. Ce dernier finit par recracher de l’eau, plusieurs fois et enfin, il ouvrit les yeux, faisant soupirer de soulagement toute la salle. Le mentor lui tendit une serviette qu’il passa autour des épaules de son protégé et il le prit dans ses bras, tremblant un peu d’avoir eu si peur.

- Je suis désolé, fit l’italien. Je ne comprends pas ce qui s’est passé, depuis des années que je fais ce numéro il ne s’est jamais rien passé.
- Ce n’est rien.

Personne n’avait appelé une ambulance et sérieusement il n’avait pas vraiment envie de repasser une nuit à l’hôpital, surtout que Ren qui bougeait dans ses bras avait l’air d’aller mieux. Il le serra contre lui en lui frottant le dos pour le réchauffer, ignorant ses propres tremblements.

- Tu vas attraper froid.

L’ange baissa avec surprise les yeux, ne s’attendant pas du tout à l’entendre parler soudainement. Un sourire lui échappa, et toutes les personnes présentes se sentirent soulagées. Il était sain et sauf et pensait encore trop aux autres.

- Vous pouvez aller dans les coulisses, fit le mentor après l’avoir vu chercher un endroit où l’allonger.
- Merci.

Un des élèves prit ses affaires et ils allèrent tous derrière pendant que sur scène le spectacle reprenait. Dans ses bras, le médium ne bougeait plus du tout et il crut pendant qu’il s’était endormi. Mais non, à peine posé dans le canapé, il rouvrit les yeux et commençait même à faire son malade. Yûto lui apporta lui-même une tasse de chocolat chaud et le regarda reprendre un peu de rouge aux joues quand il bu. Ce n’est que lorsqu’il fut certain qu’il était en meilleure forme qu’il alla remettre son T-shirt et parler à l’italien. Celui-ci proposa d’emmener ses élèves et après quelques secondes d’hésitation, il accepta. Ren avait besoin de repos, et lui besoin de lui expliquer ce qu’il s’était passé, même s’il se doutait bien qu’il le savait un peu. Il revint s’assoir sur le canapé à côté de lui et finalement s’allongea à ses côtés, le menton sur sa tête et ses mains caressant ses cheveux.

- Il était là, fit-il simplement. Je l’ai vu, il était là.
- J'aurais du m'en douter, je n'aurais pas du accepter de faire ce numéro...Mais je voulais tellement faire quelque chose de bien...Pour la première fois.
- Tu peux faire bien en faisant moins risqué tu sais. Mais je comprends. Seulement, Ren, ne crois pas que tout ce que tu fais est mal.

Il le serra un peu plus contre lui et renifla son odeur, un peu dissoute sous l’odeur de l’eau.

- Je suis désolé Yuto, je ne t'attire que des ennuis.
- C’est faux. Tu le sais, si tout ça arrive c’est parce que j’ai désobéi. Ce n’est pas toi, ce n’est même pas moi non plus. C’est la faute à cet égoïste là-haut qui pense pouvoir tout décider. Ce soir encore je lui ai prouvé que c’était faux. Je ne le laisserai pas te prendre à moi.

Il y avait cru que ses mots l’apaiseraient un peu, mais la question suivante le mit encore plus en colère.

- A ce rythme là, est ce que j'arriverais à te rendre heureux ?
- Je ne crois pas avoir dit que j’étais malheureux. Rappelle-moi grâce à qui je ne suis pas torturé chaque nuit ? Grâce à qui chaque matin en me réveillant je me sens plus heureux que quiconque ? Grâce à qui mes ailes grises commencent à me paraitre moins ternes…Tu me rends heureux, je ne l’ai jamais vraiment été mais maintenant je sais que c’est ça. Alors ne doutes jamais de ça.

Il caressa à nouveau ses cheveux puis prit son visage entre ses mains pour le relever. Yûto l’embrassa doucement pour lui prouver qu’il était bien avec lui, malédiction ou pas. Il pensait vraiment tout ce qu’il avait dit.
Fatigués par les évènements, ils finirent par s’endormir avec une seule couverture pour eux deux.
Il sentit son épaule être secouée et ouvrit un œil, puis le deuxième pour voir Sang-Hoo au-dessus de lui, l’air gêné.

- Excuse-moi Tsukushi, mais on devrait y aller non ? Il se fait tard et on aimerait bien se reposer.
- Il est quelle heure ?
- 23h.
- !!! J’ai dormi tout ce temps ??
- Ne t’inquiète pas, nous venons à peine de rentrer du restaurant.
- C’était bon ?
- Très !

Ezeckiel se leva en se frottant les yeux, fit un faible sourire aux jeunes et, après avoir bien emmitouflé Ren dans la couverture qui dormait encore, il le porta jusqu’au minibus. Il le garda contre lui tout le trajet et à peine arrivé à l’hôtel, ils allèrent tous se coucher. Le cuisinier, encore debout et au courant de l’histoire comme pas mal des gens, insista pour leur faire à manger à tous les deux et il dut bien accepter pour ne pas le vexer.
L’ange prit le temps de monter le médium en haut, de le mettre en pyjama et l’italien lui apporta la soupe avec le pain et du fromage. Il en versa dans deux bols, huma l’odeur délicieuse et chaude qui le réchauffa un peu et, remettant le couvercle sur le récipient, il coupa du pain et sourit en voyant Ren ouvrir les yeux vers lui.

- Tadaima~

- Je ne veux pas qu'il te fasse du mal...Je t'aime Yuto...Je ne m'en remettrais pas si il t'arrivait quelque chose...

Et vice versa. Il s’en voulait de le faire s’inquiéter autant, alors il tenta de le rassurer, de lui faire comprendre qu’il était vraiment et sincèrement heureux avec lui. Ils finirent par s’apaiser mutuellement par leurs présences.
Les élèves le réveillèrent longtemps plus tard et ils rentrèrent tous à l’hôtel, exténués. Le cuisinier insista pour leur faire à manger à tous les deux et après avoir soigneusement pris soin de Ren et l’avoir couché dans le lit, il alla chercher de quoi manger. Parce que mine de rien, il avait très faim et le médium en se réveillant le serait aussi.
Et à voir son air affamé quand il ouvrit les yeux, il su qu’il avait raison.

- Okaeri...

Il déposa tous les plats sur un plateau et le posa près du lit avant de monter dessus et de se coller à lui pour manger.

- Tu m'as porté jusqu'ici ?! S'étonna t'il subitement...Tu..Tu aurais du me réveiller.
- Tu n’es pas très lourd, et je m’en serais voulu de te réveiller alors que tu dormais si bien. Ne t’inquiète pas pour ça. Mange.

Il porta un morceau de pain à sa bouche et le magicien mordit dedans en souriant un peu. Le dîner continua comme ça encore quelques instants, ils finirent le récipient et, repus, ils poussèrent tout pour s’allonger tous les deux. Après avoir bien digéré, Ezeckiel se releva.

- Ne, on va prendre un bain ?

Il vit bien son angoisse de l’eau à présent, mais en même temps sa proposition n’était pas anodine. L’ange pensait bien qu’il aurait peur maintenant et voulait combattre ça immédiatement, et avec lui à ses côtés pour l’aider. Alors quand il accepta, ils se dirigèrent tous deux vers la salle de bain et Yûto entra dans l’eau en premier, pour le rassurer. Ren suivit peu de temps après et finalement tout se passa très bien. Ils se lavèrent l’un l’autre longtemps, échangèrent de longs et chastes baisers plus pour se réchauffer que par envie charnelle. Et pour prouver que Dieu ne pourrait rien contre leur amour. Ils étaient toujours là, et bien vivant, Ezeckiel avec son pouvoir d’autant plus réveillé en lui.

Et s’il était confiant en se couchant le soir-même, le lendemain fut autre chose. Il se réveilla avec un Ren pâle et frissonnant contre lui et aussitôt s’alarma. Ce n’était pas normal, il devrait aller bien normalement. Alors même s’il savait que ça ne servait à rien, vu que c’était de l’ordre du divin, il le soigna autant que possible, verrouilla fenêtres et portes et resta les deux jours entiers dans cette pièce. Et en regardant par la fenêtre un bon nombre de fois il le vit passer, tout sourire. Le même qu’au spectacle. Il ne dit rien au médium, mais au fond il savait qu’il avait deviné. Pourtant, ne pas en parler enlevait le problème un peu.

Le troisième jour, plus rien. Plus d’ange qui rôdait, Ren se réveilla avec une pêche d’enfer, ce qui lui parut très suspect. Yûto refusa qu’il sorte les premières heures, certain qu’il y avait un piège quelque part. Pourtant à la fin de la journée rien et le magicien insistait toujours plus pour aller se dégourdir les jambes. Finalement il accepta malgré lui et comme au Colisée, pas de problème à l’horizon. Etrange.

Pour oublier tout ça, le jeune homme décida, malgré ses obligations de professeur, de prendre un peu de temps pour lui et Ren. Ils le méritaient après tout. Alors il donna deux jours de congé à ses élèves, sous la surveillance du cuisinier et de professionnels, en leur donnant un petit devoir sur le Panthéon et le Colisée, pour la forme et avoir une trace de leur voyage. Et pour prouver au directeur qu’il n’avait pas déserté aussi.

Finalement le jour J arriva et dans la matinée ils allèrent à la gare, destination : Venise. La ville des amoureux. Ils n’avaient pas emportés grand-chose, comme s’ils étaient deux adolescents amoureux en fuite.

- Mais ou est ton cheval blanc mon prince ?
- Ah mince, je l’ai garé sur le parking de l’hôtel. Plus d’essence.

Ce n’était pas vraiment drôle, mais ça les fit rire parce que c’était la première fois depuis longtemps qu’ils pouvaient se détendre ainsi. Ils firent composter leurs billets, montèrent dans le train et s’installèrent. Le trajet ne dura pas très longtemps, quelques heures seulement. Ren faisait des tours de cartes à un enfant en face de lui pendant que Yûto soit lisait, soit corrigeait des copies ou faisait ses cours, soit parler avec les parents de l’enfant, italiens tous les deux. Le trajet se passa agréablement, ils s’endormirent même à un moment et ce fut les deux adultes qui les réveillèrent.

Quand ils descendirent du train, ils étaient à Venise. On voyait déjà l’eau, les beaux bâtiments, les gondoles et on entendait déjà la musique dans les rues, bien qu’il soit en journée. C’était magique, et ils venaient à peine d’arriver.

Les deux amants décidèrent de marcher jusqu’à un hôtel, en trouvèrent un pas cher et acceptable et posèrent leurs affaires, s’affalant ensuite sur le lit, épuisés alors qu’ils n’avaient rien fait. L’ange se retourna sur le côté, la tête posée sur sa main et le regarda avec tendresse.

- J’en avais rêvé…

Il vint l’embrasser doucement, puis un peu plus profondément et finalement s’écarta de lui avec un sourire radieux.

- Tu veux faire quoi en premier ?

Yûto ne pouvait pas nier que plus les jours où il devait s’abstenir passaient, plus il avait envie de Ren. Mais à chaque fois, quand il pensait que ce serait bon, quelque chose survenait. On frappait à la porte, on téléphonait…toutes ces choses qui faisaient que lorsqu’il décida de l’emmener à Venise, il se promit de lui « faire sa fête ». Tout en ne lui faisant pas de mal, cela s’entend.

Le voyage se passa très bien, sans problème et partagèrent leur petit wagon avec la petite famille déjà présente qui s’avéra avoir la langue aussi pendu que l’enfant qui jouait avec le médium. Ren, comme le petit garçon, finit par s’endormir au milieu du voyage et l’ange le suivit de près, souhaitant par-dessus se reposer maintenant pour profiter du reste de la journée après, en pleine forme. Et pour ce qu’il comptait faire le soir, il fallait qu’il soit en forme. Cette fois il ne le laisserait pas passer.

Le train s’arrêta et ils descendirent après la petite famille en leur faisant un signe de la main. Il y avait déjà du monde, du bruit surtout et ils se dirigèrent comme ils purent vers le modeste hôtel qu’ils avaient choisi. Enfin que Yûto avait choisi dans la précipitation en regardant un dépliant. Il n’était pas si mal que ça, il y avait le nécessaire. Mais le must, c’était qu’on voyait l’eau couler par la fenêtre et que les rayons du soleil embellissait leur vue du 3ème étage.

En arrivant ils posèrent juste leurs affaires et l’ange se jeta sur le lit confortable quand même, heureux comme jamais. Il avait vraiment toujours voulu emmener Ren dans l’un de ces endroits romantiques où ils ne seraient que tous les deux, sans personne pour les gêner. Le sourire que lui lança le médium lui rappela pourquoi aussi il attendait tant ces deux jours et il l’attira contre lui.

- De quoi ? De m'enlever ? Ou de venir à Venise?
- De t’enlever pour aller à Venise.

Fit-il en capturant sauvagement ses lèvres. L’échange le stimula tellement qu’il était sûr que ses yeux brillaient et il se mordit les lèvres en le regardant par la suite.

- On pourrait...aller manger (il fit un baiser au creux de sa clavicule), puis aller voir le jardin municipal, j'ai entendu dire qu'ils avaient une collection de magnifiques papillons dans des serres... Mais avant.

L’ange avait frissonné dangereusement et se mordit trois fois plus la lèvre inférieure quand il vint se mettre sur lui, à califourchon, et le réveillant complètement. A ce moment-là il eut tellement envie de lui qu’il le retourna sans ménagement sur le matelas, le plaquant de tout son corps. Il lui dévora à nouveau les lèvres et descendit petit à petit dans son cou, écarta ses jambes pour s’y faufiler et commença tout doucement à lui prodiguer de bons soins qui lui valurent quelques griffures dans le dos. Mais pile au moment où ça devenait intéressant, Ren poussa un petit cri aigue de douleur et aussitôt l’ange se redressa, inquiet de lui avoir fait mal quelque part. A moins que ce ne soit la maladie qui recommence ?? Pourtant la seconde d’après le médium disait ne plus rien ressentir, alors il ne comprenait pas et restait inquiet, l’envie dévorante qu’il avait pour lui s’évanouissant lentement.

Ils décidèrent d’aller manger par la suite, lui ne pouvant pas s’empêcher de guetter une quelconque douleur qui ne vint pas. Il ne fallait pas oublier qu’il était malade, et ça Yûto le faisait un peu trop souvent. Comme l’hôtel, le restaurant était simple et ils furent assis à une table dehors en plein air, sous le soleil. Alors que le magicien prenait une salade, Yûto opta pour de la salade de riz froid avec toute sorte d’accompagnement dedans. Le sourire de Ren était aussi éblouissant que le soleil, il ne lui en avait plus vu beaucoup des comme ça et ça le rassura.

- Je suis tellement heureux ! Tu sais, peu importe toutes ces...choses bizarres qui se produisent parfois, je pense que je suis l'homme le plus comblé du monde.

Cette révélation lui fit plaisir car rien ne comptait pour lui à par son bonheur, et lui dire que ça marchait, sincèrement, lui donnait l’impression qu’il n’avait pas fait tout ça en vain jusqu’ici.

- Je voudrais qu'on reste toujours ensemble. Toute ma vie !
- Non.

Il avait fait exprès de dire ça assez froidement, et s’amusait de l’air que prit Ren. Il resserra sa main, se pencha vers lui et lui murmura en le regardant dans les yeux.

- On restera ensemble toute MA vie. Et tu sais bien qu’elle est longue. Même après. Toujours.

Yûto savait qu’il avait touché juste et qu’ainsi il lui prouvait que mort ou pas, il n’y aurait que lui. Et puis tant qu’il l’aimerait, ce serait comme s’il vivait non ?

Leurs plats arrivèrent et ils mangèrent avec appétit, se faisant gouter leurs plats respectifs en rigolant. Ensuite ils scrutèrent les gens passer et finalement partirent visiter cette serre dans le jardin municipal. Les papillons, en effet, étaient vraiment très jolis et voletaient autour d’eux. On se serait cru dans un rêve, c’était magique. Et voir l’air si heureux de Ren lui donna chaud au cœur, oui malgré tout ça ça allait bien, ils étaient heureux. Une fois sortis, il était dans le milieu de l’après midi, ils allèrent boire à un café sur une des grandes places et l’ange vit une petite affiche sur un magasin. Il s’approcha pour la lire.

C’était une soirée costumée et ça avait l’air amusant. On pouvait venir habillé comme on le souhaitait, il fallait juste avec un masque sur les yeux. L’idée était intéressante et il se mordilla la lèvre avant de se tourner vers le médium.

- Regarde Ren, il y a un bal costumé ce soir.

Le plus jeune s’approcha, curieux et regarda à son tour l’affiche, un léger sourire aux lèvres. Il sut alors qu’il avait une chance et s’empressa de la tenter.

- Accepterais-tu d’y accompagner ton prince ?

Yûto était sincère. Il resterait avec lui pour toujours, mort ou pas. Mais par contre il n’osait pas lui dire que le Paradis et bien…Disons que c’était réservé et que tout le monde n’y entrait pas comme ça. Et sachant que Dieu s’amusait à torturer Ren, ça l’étonnerait qu’il le laisse y vivre. Enfin bref, pour l’instant ils étaient bien et se le signifièrent par un baiser après lequel il sourit. Ils finirent de manger en papotant allégrement et se dirigèrent vers le jardin où déjà quelques touristes regardaient les insectes voleter partout, les frôlant ou les faisant sursauter.

La visite était très intéressante et le guide était très clair dans ses propos, si tant est que vous savez parler un minimum quelques mots d’italiens et d’anglais. Malheureusement le médium était nul dans l’un et dans l’autre donc il se fit un devoir de lui renseigner tout ce qu’il fallait, les noms, l’histoire, comment ils les avaient apportés…

- Il faudra quand même que tu te mettes aux langues, parce que les magiciens ça voyage partout et que voyager partout sans savoir au moins l’anglais…C’est bête.

Pour ne pas dire stupide et le vexer. Mais tous les deux savaient que Yûto avait raison sur ce point.

- Si tu veux, fit-il en murmurant à son oreille, je pourrais t’apprendre à l’utiliser. La langue.

Il lui fit un rapide baiser sur la joue, un clin d’œil et se précipita vers le plus grand papillon qu’il ait jamais vu. Ren le suivit juste après sans commentaire et la visite se termina. Après ça ils allèrent se rafraichir dans un café où l’ange commanda un Ice Tea bien glacé. Là, une affiche toute en couleur, mais avec principalement du rouge, du noir et du orange feu, attira son attention. Il la lut facilement puisqu’elle était en italien et fit un petit sourire, ayant trouvé son activité pour la soirée. Il en fit part au magicien qui justement avait aperçu la même affiche mais lui, ne pouvait pas la décrypter. Il lui proposa donc d’y aller.

- Un prince ? Quel prince ?

Ezeckiel fit une moue contrariée.

- Eh bah si c’est comme ça on n’ira nulle part !

Bien sûr il disait ça pour plaisanter et ils se décidèrent bien vite à y aller. Donc, à bal costumé dit costume, logique non ? Par contre, pour préserver le moment, ils se séparèrent pour choisir leur costume et l’ange ne mit que quelques minutes à le trouver, sachant très bien ce qu’il allait prendre, pour surprendre son petit-ami.

Son costume était simple de chez simple, il portait une simple tunique blanche ceintrée à la taille avec des broderies argentées et son col était largement ouvert, laissant apparaitre son torse imberbe. Il avait un slim blanc et des bottes argentées aussi, presque brillantes. Yûto avait ébouriffé ses cheveux noirs qui maintenant partaient n’importe comment et lui donnaient l’air d’un enfant espiègle. Ensuite il mit son masque blanc lui aussi, qui cachait le haut de son visage mais pas son front où tombaient quelques mèches. Et enfin le meilleur…Deux ailes grises comme la soie sortirent dans son dos, plus belles que jamais. C’était un bal costumé après tout, on n’y verrait que du feu…

Bien qu’ils aient prévus de se rejoindre dans la chambre, l’ange avait changé d’avis. Il laissa un papier avec l’adresse du bal costumé, qui se trouvait par chance à quelques mètres seulement de leur hôtel et repérable par tous les gens qui s’y trouvaient déjà. Puis il descendit en premier et entra quelques minutes plus tard dans la grande salle. C’était la première fois qu’il sortait ses ailes en public et franchement, il était anxieux. Et si quelqu’un se rendait compte que c’étaient des vraies ? Remarque, techniquement personne n’avait jamais vu des ailes d’ange pour de vrai. Normalement, il ne courait aucun risque. Mais il espérait encore que ça se passe bien. Il eut le temps de faire le tour, ne faisant pas vraiment attention aux gens qui se retournaient sur lui, ébahis par ces deux choses dans son dos.

C’est quand il se retourna qu’il le vit à l’entrée. Impossible de ne pas le reconnaitre, malgré son costume de Robin des bois qui allait à ravir avec ses cheveux châtains pas vraiment coiffés mais qui lui donnaient un air sauvage. Il fendit discrètement la foule, essayant de ne pas se faire repérer et arriva finalement derrière lui alors qu’il s’était retourné.

- Une danse Robin ?

Fit-il en s’inclinant légèrement, la main tendue vers lui et un petit sourire aux lèvres devant l’air ébahi du médium dont les yeux passaient de lui à ses ailes, qu’il avait du reconnaitre. Devant son air interrogateur il lui répondit.

- Ne t’inquiètes pas, ce soir c’est permis et c’est magique. Alors ? Cette danse ?

Finalement Ren prit sa main avec lui aussi un petit sourire en dessous de son masque parcouru de plumes. Le couple incongru se joignit aux autres sur la piste et Yûto le colla bien contre lui pour engager les premiers mouvements. C’était doux pour l’instant, une danse d’antan où normalement la femme portait une de ces sublimes robes, comme celles qu’on voyait dans la salle maintenant. Mais bon il ne se préoccupait pas vraiment des personnes autour de lui, mais plutôt de celle en face de lui. Il le trouvait resplendissant ainsi, et puis son sourire…Et bien oui, il pensait toujours à son envie pressante de lui qui n’était pas partie et là il avait juste envie de lui dévorer les lèvres. Mais il se retint, parce que sinon il ne profiterait pas vraiment de la soirée, ne ?

Donc il s’écarta un peu avec un petit sourire et continua à le mener jusqu’à ce qu’une chanson s’arrête, et qu’une autre commence. Là, ils allèrent vers un petit buffet sur des meubles très ouvragés, ce qui ne jurait pas du coup avec l’aspect classe et raffiné des décors de la salle. On leur servit deux coupes de champagnes et il la fit tinter contre la sienne. Yûto essayait le moins possible de faire bouger ses ailes, ce qui n’était pas chose facile vu qu’elles étaient le prolongement de lui-même et donc de ses mouvements et humeurs. Mais techniquement elles ne devraient pas se mouvoir alors il faisait très attention à ne pas se faire découvrit. Pourtant, quand les lèvres alcoolisées de Ren frôlèrent les siennes, elles ne purent s’empêcher de frissonner avec lui, comme un chiot qui s’ébroue après s’être fait surpris par la pluie.

A ce moment-là un démon et une gitane s’approchèrent d’eux et Yûto leur sourit silencieusement en s’inclinant un peu. C’étaient des italiens.

- Vous souhaitez danser ? Mon ange.

Il rigola un peu en voyant que le médium ne comprenait pas et il lui dit que la gitane voulait danser avec lui. Le magicien bouda un peu mais dû se résigner quand l’ange prit la main de son ennemi qui apparemment s’en foutait de danser avec un autre homme. Parce que oui, ce soir tout était possible. Une nouvelle chanson démarra, les deux couples côtes à côtes.

Il y avait beaucoup de monde, mais il ne cherchait qu’une seule personne, et finit par la trouver. Ren était entré dans la salle et tout de suite il était allé le trouver, s’amusant de ses grands yeux devant le « costume » de Yûto. Après s’être approché de lui et l’avoir détaillé de haut en bas, en large et en travers, il lui proposa de danser.

- Bien sur, mon ange.

Il sourit de ses dents blanches et l’emporta avec lui dans la foule, se collant à lui comme toute personne ici. L’endroit était beau, le moment idyllique et son médium beau comme un dieu. Il était heureux et essayait de ne pas penser au lendemain, quand ils devraient partir bientôt.

- Cet endroit me plaît...je me demandes ce que ca ferait de vivre ici toute l'année.

Il sourit un peu, pas forcément tristement et passa mieux ses bras autour de sa taille.

- Si tu aimes cet endroit c’est parce que tu n’y habites pas. Crois-moi, on préfère toujours ce qu’on ne peut pas avoir.

Et ils en étaient la preuve vivante. A la base ni l’un ni l’autre ne pouvaient être ensemble, et peut-être était-ce une des nombreuses qui faisait qu’ils se sentaient si attirés l’un par l’autre. Mais il ne voulait pas le savoir. Il était bien là, et rien n’empêchait qu’il puisse revenir un jour. Yûto aimait quand même beaucoup sa vie en Corée depuis qu’il était avec Ren, le lycée, ses élèves, l’appartement…il ne pourrait pas quitter ça, que les démons et anges pullulent autour d’eux ou pas.

- Tu as eu une belle idée...J'essaierais de bien t'en remercier, ce soir...

L’ange soupira un peu contre son cou en le sentant mordiller légèrement son oreille, et il glissa ses mains vers le bas de son dos, le rapprochant un peu plus.

- Ne me tente pas mon amour, tu aurais du mal à maîtriser un ange qui ne se contrôle plus.

Déjà que la dernière fois dans la douche c’était limite… Le magicien sourit malicieusement et ils arrêtèrent de danser pour aller se dessécher la gorge. Ils le savaient bien, Ezeckiel était souvent venu en Italie, enfin plus que dans un autre pays. Mais pourtant il ne faisait pas comme les autres anges. Non, il ne s’amusait pas à draguer des humaines ou humains pour avoir des relations avec puis partir tranquillement.

- Est ce que les anges s'éclatent tous dans des soirées quand ils sont sur terre ? Ou alors tu m'as caché quelques petites choses ?

L’ange sourit malicieusement parce que justement il n’avait rien à cacher.

- Tu sais Ren, je ne suis pas le Petit Vierge du Paradis pour rien. Il y a pas mal de choses que tu ignores encore…

Il fit tinter sa coupe avec la sienne et but la boisson fraiche, qui le raviva un peu alors que Ren criait presque que c’était délicieux. Il rigola franchement et accepta son doux baiser, interrompu alors par un démon et une gitane. A vrai dire il n’avait pas vu tout de suite que c’étaient des démons, ce ne fut que lorsque l’homme déguisé, ou pas, le prit dans ses bras qu’il ressentit une pression dans tout son être et que le gris de ses ailes se durcit. Aussitôt il prit un air sévère et sans pitié, prêt à partir.

- Du calme petit ange, je ne te veux aucun mal.
- Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ?
- Des démons.
- Je m’en doutais lâchez-moi !

Il essaya de se retirer mais l’ange de Satan le tenait fermement.

- Ecoute-moi ange stupide. Tu t’es mis Dieu à dos, je ne peux que t’en féliciter. Mais maintenant toi et ton humain vous êtes dans de beaux draps. Tu as pu échapper à la mort jusqu’à présent mais lui ça ne durera pas ! Tu en es conscient alors écoute ce que je vais te dire !

Il se tut et écouta.

- Ce qu’il se passe nous enchante, nous les démons. Parce qu’enfin un des anges s’opposent clairement à son créateur, tout en restant intact et pur. Le chaos va commencer avec ça et nous comptons bien nous en servir pour détruire le Tout-puissant.
- Vous ne pourrez pas…
- Tais-toi. Nous avons besoin de vous pour me faire flancher, et vous avez besoin de nous pour survivre. Pensez-y, et ne tardez pas à prendre votre décision. Il n’hésitera pas à toucher les personnes autour de toi, tu le sais non ? Et puis, regarde cette marque…ne crois-tu pas être destiné à prendre ce choix ?

Yûto acquiesça mais ne dit pas oui pour autant.

- Comment savoir si vous n’allez pas me tuer à votre tour après ?
- Un ange ne peut pas en tuer un autre. Démon ou pas, je suis un ange à la base. Mais soit, c’est vrai que je pourrais, mais vu ton pouvoir j’éviterai. Je fais donc le serment de ne pas vous toucher.
- Un démon ne tient pas ses promesses.
- Dieu non plus apparemment.

Il n’avait pas tort, tous les deux le savaient. Le démon le lâcha avec un petit sourire qu’il trouva respectueux et suivit sa compagne dans la foule, disparaissant de leur vue. Aussitôt Ezeckiel se jeta sur le médium qui ne bougeait pas, apparemment étonné de ce qu’elle venait de lui dire.

- Ça va ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?

Au discours qu’il lui fit, la même chose que lui. Il se mordit la lèvre, ne sachant pas quoi faire. Ils avaient raison, dans la situation où ils étaient ils avaient besoin d’aide pour survivre, et Ren le lui fit bien comprendre, mais avant tout Ezeckiel était un ange, et un ange ne fricotait pas avec un démon, survie ou pas. Le choix était simple et évident, pourtant il mit longtemps à s’y résoudre.

- Peut-être…qu’on devrait accepter leur aide. C’est vrai, si ça continue comme ça ils vont réussir…la dernière fois c’était de justesse. Ça ne m’enchante pas de demander du soutien à un démon mais…

Il se tut, parce qu’il savait qu’en prenant cette décision aussi, il donnait une autre raison à Dieu de leur en vouloir, et de provoquer leur mort, ou dans son cas…la déchéance. Et faire équipe avec des anges de Satan n’était-ce pas tomber dans la déchéance ? Tout s’expliquait.
Vu qu’ils se trouvaient au milieu du passage on les bouscula et Yûto emmena son compagnon dans un coin pour discuter.

- A mon avis on devrait accepter. Mais pas ce soir. Non ce soir c’est nous deux seulement d’accord ? Faisons comme si nous ne les avions jamais vus.

Ce ne fut que quand Ren acquiesça qu’il put enfin se détendre vraiment et pour ça, il échangea un long baiser où était cachée sa crainte de ce qu’il pourrait se passer. Ensuite il lui prit la main en le rassurant par un sourire et le tira avec lui jusqu’à la piste, où une musique entraînante faisait bouger tout le monde avec énergie. En faisant bien attention avec ses ailes, les rétractant un peu, ils dansèrent eux aussi, pour oublier les problèmes mais aussi profiter de leur liberté et de leur vie. En à peine quelques minutes à tournoyer et danser jusqu’à l’épuisement, ils rigolaient comme des enfants, sans plus aucun souci dans leurs têtes.

Bien sûr ils ne manquèrent pas de se titiller l’un l’autre, après tout c’était l’occasion idéale non ? Et Yûto attendait avec impatience de voir si oui ou non, il aurait droit enfin à sa récompense ce soir.

- On devrait leur faire confiance. Yuto...Ils sont notre seule chance de pouvoir vivre en paix.

Il avait raison, les démons aussi avaient raison… Mais il avait du mal à se dire qu’il allait collaborer avec une créature du mal, son ennemie depuis 3025 ans. Ren ne le voyait sûrement pas comme ça, plus comme un moyen de s’en sortir. Lui voyait bien qu’accepter les mènerait encore plus vite dans les méandres de l’Enfer. Quelle décision prendre pour les sauver tous les deux ?

Le souvenir de « l’accident » de la scène l’autre soir lui fit bien comprendre qu’il n’avait pas le choix. Pour que le médium reste en vie, il leur fallait de l’aide qu’il ne pouvait pas apporter seul. En soupirant, il dit qu’il acceptait, mais que pour l’instant il ne voulait plus penser à ça. C’est vrai quoi, ils n’étaient pas venus pour avoir des problèmes et penser à ces trucs-là ! Lui voulait partager un moment joyeux avec son petit-ami, et peut-être finir la soirée en beauté, qui sait ?

- Oui, je veux m'amuser.

Et c’est ce qu’ils firent les secondes d’après. Le reste fut flou un peu. Plus la soirée avançait, plus les gens se débridaient, dansaient entre eux sans se connaitre vraiment, même le couple le faisait de temps en temps, partageant leur partenaire avec quelqu’un d’autre pour revenir encore plus excité après. L’alcool aussi coulait à flot, la musique était toujours entraînante et dehors la nuit était noire. Yûto s’amusait à provoquer son petit magicien, un regard, un baiser, un toucher… Et il faisait de même avec lui, créant un petit jeu de séduction entre eux-deux qui les manqua bien de se jeter l’un sur l’autre et faire des folies dans un coin de la salle, cachés dans l’obscurité à l’abri des regards. Mais ils ne le firent pas, à la place dansèrent encore, encore et encore, oubliant problèmes, Dieu, démons, anges…Rien qu’eux, cet endroit…

Il était près de 1 heure du matin quand il commença à être vraiment très fatigué, comme si on cognait avec une massue sur sa tête. Ren semblait aussi crevé que lui et d’un commun accord, ils finirent par rentrer et dire au revoir aux personnes restantes qui n’étaient pas des démons et avec qui ils avaient « sympathisé » au cours de la soirée.
Ils mirent plus de temps à rentrer qu’ils n’en avaient mis pour y aller, mais bon, ils n’étaient pas si pressés. Une fois à l’hôtel, et en sécurité dans leur chambre, Yûto se déshabilla rapidement, étira son dos qui, à force d’avoir laissé ses ailes déployées, lui faisait mal et se glissa sous les couvertures avec soulagement, accueillant dans ses bras son petit-ami qui ferma les yeux à peine après avoir posé sa tête dans le creux de son épaule. Lui non plus ne tarda pas.

(…)

Il était quand même assez tard dans la mâtinée quand il se réveilla, et il alla acheter du pain, obtint la permission de le faire griller avec les instruments de la cuisine, prépara deux grands bols de chocolat chaud et monta le tout sur un plateau. Il le garda sous cloche tout de même pour que la chaleur ne s’en aille pas et après une rapide douche, il enfila son peignoir et rejoint Ren qui se réveillait seulement. Il le trouvait si beau à ce moment-là qu’il ne résista pas à l’envie de l’embrasser et monta un peu sur le lit pour le faire.

Tous les deux s’assirent sur le lit et commencèrent à manger, ce en silence. Yûto était persuadé qu’il pensait à la même chose que lui, et sa question le confirma.

- Ou est ce qu'on va pouvoir trouver les démons ?

L’ange rigola un peu, pas forcément parce que ça le faisait rire mais parce que c’était presque évident. Un démon, quand quelque chose le préoccupait, restait toujours près de ce qui l’intéressait.

- Oh tu sais, à mon avis ils sont plus près de nous qu’on ne le pense. Ça ne m’étonnerait même pas qu’ils soient dans la chambre d’à côté !

Il avait dit ça pour plaisanter, mais pour le coup il pensa qu’au final il n’était peut-être pas loin de la vérité. Voire il avait raison, puisque 30 minutes plus tard, après qu’ils soient propres, habillés et sur le lit à papoter des élèves et du reste, on toqua discrètement à la porte. Fronçant les sourcils, Ezeckiel alla ouvrit mais ne fut pas surpris en voyant les deux démons, qui bon n’étaient pas si impressionnants sans leurs costumes, comme eux devaient l’être maintenant. Il se recula pour les laisser entrer malgré la crainte que cette idée lui inspirait et referma bien la porte derrière eux.

- Avez-vous pris votre décision ? commença la femme.
- Oui, nous acceptons, même si ça ne m’enchante pas du tout.
- Moi non plus ange déchu, mais puisque chacun y voit un intérêt…

Yûto haussa les épaules, contrarié par le fait que encore une fois, le démon n’avait pas tort.

- Vous partez quand ?
- En fin d’après-midi.
- Nous viendrons.
- Quoi ?

Ren aussi poussa un cri d’exclamation. Déjà qu’en rentrant à Rome ils n’auraient plus de moment à eux, alors si en plus ils devaient partager avec ces créatures…Mais à voir la tête de l’homme, ils n’avaient pas le choix.

- Pour vous protéger et agir contre Dieu nous avons besoin d’être là à la prochaine attaque d’un de ses anges. Et il y en aura une autre, nous le savons tous très bien ! Et pour cela nous devons vous accompagner. Vous n’avez pas choisi la facilité en vous mettant ensemble.
- On ne t’a pas demandé ton avis, démon.

Il lui fit un sourire mauvais et prit la main du magicien pour prouver à son adversaire qu’il était plus que sûr de son choix ! De toute façon qui a dit qu’il cherchait la facilité ? Personne, alors s’il aimait être avec Ren, ça ne regardait que lui.

- Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu risques autant.

Fit la démone en passant le seuil de leur porte à nouveau. Et lui ne comprendrait jamais pourquoi les créatures mythiques ou surnaturelles devaient toujours se faire un point d’honneur à traiter les humains comme de la vermine, bien que certains en soient !

Une fois qu’ils furent partis, Yûto et Ren retournèrent à leur activité d’avant, tout de même un peu plus décontractés maintenant. Tout n’était pas perdu, ils avaient encore leur chance ! Ils finirent par sortir aller manger dans un petit restaurant 100% italien, se partagèrent un énorme plat de pâtes à la sauce et viande et l’après-midi, l’ange traîna son petit-ami derrière lui, avant de lui faire fermer les yeux et le guider jusqu’à un petit port entre deux bâtisses. En lui ouvrant, il le serra par derrière dans ses bras, posant son menton contre son épaule et faisant sourire l’homme devant eux qui tenait sa rame.

- Ça te dit un tour en gondole mon amour ?

C’était peu de dire que lui et les démons se détestaient tout bonnement. Et ni l’un ni l’autre n’éprouvaient de sympathie pour l’adverse. C’est à peine si l’excuse de s’entraider était vraie. Yûto voulait juste protéger le médium et pas autre chose. Et toute appuie supplémentaire, démoniaque ou pas, serait le bienvenue. Il comprit aussi vite qu’ils pensaient la même chose. Ils se détestaient, et se le faisaient bien comprendre. Quelques regards tueurs plus tard, et des paroles acides, le démon leur dit qu’ils s’étaient mis dans un beau pétrin. En quoi ça le regardait ? Ce pétrin, d’ailleurs, lui était profitable à ce qu’il sache.

- On s'aime et on n'a aucune intention de se laisser faire.

Bien envoyé, pensa-t-il. Il n’allait pas abandonner maintenant, alors qu’il avait trouvé ce qui lui manquait depuis tout ce temps ! Après une dernière mise en garde et une phrase acerbe, ils finirent par partir, les laissant seuls tous les deux. L’ange se rendit compte qu’il s’était tendu comme pour attaquer, signe que aide ou pas, il ne leur faisait pas confiance. Et au fond il savait qu’il avait raison d’agir ainsi. Mais avec la présence de Ren, il put se détendre un peu.

- Ils ne m'apprécient pas...Est ce que tous les démons traitent les humains comme des objets ?
- Pas que les démons malheureusement. Nous sommes très narcissiques et comme nous étions là les premiers et que nous avons moins de défauts, nous pensons que vous nous êtes inférieurs. Mais rassure-toi, je n’ai jamais vraiment pensé comme ça.

Il l’embrassa sur le front et alla ranger ce qu’ils avaient utilisé pour manger.

En réalité il pensait à sa surprise bien avant qu’ils décident d’aller manger à l’extérieur. D’ailleurs ils se régalèrent, presque traités comme des rois. Ça semblait être le cas de chaque client aussi ou alors parce que le tenant du restaurant l’avait déjà vu une ou deux fois, ou croyait l’avoir vu dans sa jeunesse. Yûto faisait bien attention à ce genre de chose mais il était gourmand, surtout de nourriture européenne et il ne résistait jamais longtemps à un bon restaurant occidental. Quand ils sortirent ils étaient remplis comme des baudruches et là, il sortit un mouchoir en tissu de sa poche pour le lier autour de sa tête, cachant ses yeux.

Evidemment, Ren en humain impatient demanda vite ce qu’il se passait, et ça le fit rire.

- Dis moi ce que c'est Yuto.... S'il te plaaait !
- Tu es bien pressé dis-moi. Mais tu verras, tu vas aimer.

Ce qui ne faisait que renforcer son impatience. Enfin, ils arrivèrent vers un petit quai où attendait un gondolier souriant et sa gondole, romantiquement décorée comme il l’avait demandé. De toute façon il n’était pas rare qu’elles le soient. A vrai dire l’ange, pour le nombre de fois dans sa vie où il avait vu des couples se balader dans ces bateaux sur l’eau, avait toujours voulu avoir cette expérience lui aussi. Et là son souhait se réalisait, avec la personne qu’il aimait plus que tout. Néanmoins, même s’il savait qu’il était aussi excité que lui par cette initiative, il lui demanda son avis.

- Oh mon ange ! Oui oui ! J'ai toujours rêvé de faire ça !

L’ange rigola, faisant sourire l’homme sur le quai et enfin ils montèrent dans la gondole, et s’y installèrent confortablement sur des coussins pourpres, comme des rois. C’était douillet et agréable, le soleil caressant leurs visages et leurs oreilles bercées par le chant du gondolier, si bien qu’ils purent se parler sans qu’il entende quoi que ce soit, trop concentré par sa route et sa voix. Le jeune homme passa un bras autour des épaules de son amoureux et lui sourit.

- J'aime ca, Yuto...Je suis tellement heureux. Tu as eu une idée merveilleuse.
- Je sais, fit-il taquinement. J’avais tellement envie de faire ça avec toi !

Il serra un peu plus le magicien contre lui et regarda l’eau claire qui miroitait au soleil.

- Dis, Yuto, tu crois au destin ?

La question, soudaine, le surprit et le fit se retourner vers Ren en fronçant les sourcils. Est-ce qu’il croyait au destin ? Bonne question. Il croyait à sa rencontre avec Ren quand celui-ci était tout petit, le jour où il l’avait empêché de mourir la première fois. Il croyait au fait qu’ils ne ressentaient pas une simple attirance l’un pour l’autre, mais qu’ils étaient fait l’un pour l’autre. Il croyait aussi au fait que Dieu voulait les séparer, et qu’il devait y avoir une raison à ça. Yûto croyait à beaucoup de choses, mais pouvait-il appeler ça le destin ?

- Le destin, n’est-ce pas un peu comme la chance ? Ou alors le hasard. Je ne peux pas dire que j’y crois, comme je ne peux pas dire que je n’y crois pas. Disons juste que…je remercie les circonstances. Mais si toi et moi on est ensemble, ce n’est pas à cause du destin, mais parce qu’on l’a voulu, pas vrai ?

Il l’embrassa sur la joue et caressa son épaule de son pouce et ils se turent tout le reste du voyage, admirant les petites maisons en pierre, le ciel bleu, les ponts sous lesquels ils passaient, l’eau verte et claire comme du cristal…C’était féerique et quand ce fut finit, on voyait bien que même s’ils regrettaient ils étaient pleinement heureux et prêt à affronter tout ce qui pouvait leur arriver, tant qu’ils pouvaient avoir de petits moments à eux comme ça.
Les deux amants rentrèrent main dans la main à l’hôtel, firent leurs valises et s’en allèrent à la gare en souriant. Parce que même s’ils quittaient un endroit idyllique, ils allaient bientôt retourner à leur petite vie, leur déménagement et tout ça réjouissait Yûto comme un gamin de 5 ans devant un nouveau jouet.

En montant dans le train ils remarquèrent la présence des deux démons pas loin, mais au moins l’ange se dit qu’ils avaient eu l’esprit de ne pas les coller, sans pour autant les laisser tous seuls. Au moindre problème survenant, ils pourraient agir rapidement. Pourtant il n’y eut aucun problème et ils arrivèrent à l’hôtel de Rome, les démons comme nouveaux clients les suivant à la trace, et furent une nouvelle fois accueillis par une horde d’élèves plus bruyants les uns que les autres qui leur demandaient tous en même temps où ils étaient allés, ce qu’ils avaient fait,…

L’ange sourit de toutes ses dents, arrachant une petite grimace aux deux nouveaux arrivants derrière, avec l’impression qu’il retrouvait une famille. Affamés, on les emmena manger dans la petite salle de restauration les pizzas maison que le cuisinier réussissait à merveille.

Pouvaient-ils vraiment aller contre Dieu ? Non, sûrement pas. Mais ça ne l’empêchait pas de l’espérer un peu. L’espoir fait vivre, n’est-ce pas ? Et on vit pour avoir ce genre de moment avec une autre personne, un moment fort plein de sentiments qu’on partageait. Pour eux c’était cette balade en gondole dans Venise, et il n’aurait pas pu demander mieux ! Malheureusement il fallut bien partir, et c’était vraiment regrettable, surtout que les deux démons s’étaient mis à les suivre à peine étaient-ils sortis de l’hôtel !

- On dirait qu'ils tiennent bien leur rôle !
- Un démon ou un ange, ça ne rigole pas.

A voir l’air sérieux qu’ils avaient et commun ils faisaient des allers-retours dans le train à la recherche sûrement d’un autre ange embusqué. Mais tout portait à croire qu’ils n’avaient pas été suivis jusqu’à Venise, sûrement le calme avant la tempête. On leur laissait un moment de répit pour mieux les faire souffrir ensuite.

- Je suis impatient de rentrer, murmura t'il en baillant. Bizarrement, ils m'ont manqué.
- Pourquoi bizarrement… ?

Mais il dormait déjà et Yûto lui fi un simple baiser sur le front et lu tout le trajet restant.

Quand ils arrivèrent, ce fut la débandade. Tous les élèves étaient là, le cuisinier aussi. Ça sentait très bon, il y avait beaucoup de bruit et de questions, à lesquelles ils avaient du mal à répondre ou ne le voulaient tout simplement pas ! C’était vraiment trop personnel… Ils réussirent finalement à tous se caser dans la salle et dévorèrent les pizzas faites par le chef, le couple affamé par le voyage.

Ce fut le ventre rempli qu’ils se dirigèrent tous vers leurs chambres, les démons ayant déjà emménagé dans la leur. Il pouvait sentir leur présence démoniaque tout prêt de lui, ce qui le perturbait dans ses habitudes. Il avait la constante impression d’être épié, ce qui n’était pas faux d’ailleurs. L’ange rangeait ses affaires et commençait à se déshabiller pour aller se doucher quand il entendit Ren s’étirer comme un chat sur le lit. Il eut un petit sourire et se tourna vers lui.

- Et si je te remerciais pour cette merveilleuse journée ?

Les yeux d’Ezeckiel s’illuminèrent immédiatement. Depuis le temps qu’il en avait envie ! Même hier soir il n’avait pas trouvé le moyen de lui mettre le grappin dessus et là il s’offrait carrément…Il n’eut aucune hésitation, grimpa sur le lit avec l’agilité d’un félin et captura les lèvres de son amant à peine fut-il arrivé au-dessus de lui. Après avoir joué un petit moment avec leurs langues, il descendit dans son cou, le mordillant, le baisant ou le suçotant selon ses envies et les soupirs de Ren. Soupirs qui l’excitaient encore plus ! Mais bientôt il ne les entendit plus du tout et à la place le corps en-dessous du sien sursauta.

- Mon Ange... Je crois qu'il y a quelque chose qu'il se passe.

Yûto grogna mais tendit l’oreille. Alors là il sentit. Ce n’était pas un démon, mais un ange. Un ange était là. Aussitôt il se leva avec le médium pour sortir et voir le spectacle de deux de ses élèves se bagarrant férocement, usant de coups de pieds et de poings. Ses élèves n’étaient pas violents entre eux, ça le professeur le savait. Et tout comme les deux démons qui sortirent à leur tour, il vit le bel ange au bout du couloir se régaler du spectacle, les yeux fixés sur les deux enfants. Il n’hésita pas longtemps et essaya de séparer les deux jeunes hommes, mais fut violemment rejeté, comme Ren après lui. Ils étaient…possédés, c’était le mot juste.

Soudainement le démon approcha l’oreille d’un des élèves, on ne sait comment, et murmura quelque chose qui sembla l’apaiser. L’ange au bout du couloir, l’air mauvais, disparu aussitôt, les laissant seuls pendant que les deux garçons reprenaient leurs esprits.

- Qu'est ce que... ?!

Comment leur expliquer qu’ils avaient été possédés ? Pas besoin de le faire apparemment, parce que les deux démons agirent sur tous les élèves témoins et les persuadèrent d’aller se coucher et d’oublier ce qu’ils avaient vus. De toute façon, pour eux et Ren ce n’était qu’une dispute, alors que pour les 3 autres c’était différent. Ils l’avaient VU. Ils allèrent tous dans leu chambre.

- Ils s’en prennent aux gens autour de vous à présent. Ce n’est qu’une étape, bientôt ils changeront de cible à nouveau et vous tortureront vous. C’est rassurant au final.
- Rassurant ?
- Oui, Dieu malgré toutes ces années agit toujours de la même manière.
- Ça je le sais. Je connais son mode opératoire.
- Alors ça ne devrait pas être trop difficile de le contrer. Vous n’avez pas d’autre famille à part ces gosses ?
- Elèves. Et non. Aucun de nous.
- Enfin toi c’est normal, tu es « créé ».
- Toi aussi démon.

Le concerné eut un rictus et sortit de leur chambre avec sa compagne.

- Faites attention, et surveillez-les. Un accident est vite arrivé.

Quand ils furent sortis et la porte fermée à clé, Yûto s’assit sur le lit, la tête entre les mains. Il ne savait pas s’il devait céder à la peur ou à la colère. Ça le mettait en rogne qu’on s’attaque à eux ! Ils étaient innocents, et n’avaient rien fait à part aller au lycée ! Ren s’assit à côté de lui, il le sentit au matelas qui se baissa un peu, et une main se posa sur la sienne.

- Tu te rends compte ? Les élèves maintenant ! Il était là, au bout du couloir. Ils vont partout, ils sont partout. Promets-moi de faire bien attention Ren, certains te sont invisibles, et c’est la pire chose. Il aurait pu les faire s’entretuer…

C’était une horrible vérité, pourtant c’était comme ça. C’était loin d’être la première fois qu’un ange faisait s’entretuer deux humains ! La pratique était bestiale, le résultat horrible et l’ange n’avait aucun sang sur les mains. Impeccable, et personne ne pouvait l’accuser de meurtre. La police concluait à une querelle qui avait mal tournée. Voilà, fin de l’histoire, on tourne la page.

Yûto se laissa tomber sur le dos et frotta ses yeux. Ça devenait de plus en plus dure, plus Dieu mettait de hargne dans sa volonté de les tuer.

- Je veux rentrer…

Le pire dans cette histoire, c’était qu’à chaque fois c’était un ange différent. Ça l’aurait presque rassuré qu’il n’y en ait qu’un seul, parce que ça l’était effrayant. Allait-il vraiment mettre tous les anges après eux ? Bon, pas « tous les anges » mais ça devenait un peu…bizarre d’en voir autant après deux seules personnes. Si vraiment ils ne comptaient pas, pourquoi y mettre autant d’effort et d’acharnement ? Yûto rentra dans la chambre à la suite de Ren, complètement épuisé. Il parla rapidement avec les démons et se coucha sur le dos avec l’impression que sa vie était un puits sans fond, qu’il tombait, tombait, tombait sans rien avoir à quoi s’accrocher. Et si par chance il trouvait quelque chose, comme un humain ou une passion, une force invisible s’empressait de tout lui enlever. C’était à en devenir fou !

Le médium essaya de le rassurer sur ses élèves, mais ça ne marchait pas du tout. Alors il exprima son envie profonde de rentrer. L’Italie c’était beau, mais pour l’instant il ne leur était presque arrivé que des ennuis ! Il était temps pour eux de retrouver leur foyer, autant pour le couple que pour les élèves.

Leur soirée fut courte, Yûto dormait carrément debout dans la douche et ils se couchèrent tranquillement l’un contre l’autre en essayant de ne pas penser.

(…)

Il dormit profondément et du sommeil du juste. Jusqu’à ce qu’il sente une gêne sur son visage. Alors comme tout le monde l’aurait fait, il détourna le visage et fronçant les sourcils et grognant un peu. Puis, petit à petit il sentit les bonnes odeurs monter et enfin quelque chose de plus sucré et doux se poser sur ses lèvres. Il aurait reconnu cette bouche entre milles et commença à sortir de son sommeil, les paupières toujours closes.

- Le petit dej est prêt, mon prince.
- Mmmmh.

L’ange, sans fermer les yeux, l’attrapa par la nuque et l’approcha très près de lui pour lui voler un deuxième baiser, puis un troisième jusqu’à ce qu’il soit complètement réveillé. Puis il ouvrit les yeux, un léger sourire aux lèvres grâce à ce réveil qu’il adorait.

- Ohayô petit magicien. Qu’as-tu de bon pour moi ?

Du café, de quoi tenir la journée et l’avion, du pain, du beurre et de la confiture, avec un petit peu de jus d’orange. Ils allèrent prendre une douche, finirent leurs valises, passèrent dans toutes les chambres vérifier si les élèves avaient bien bouclées les leurs et surtout, n’avait rien oublié. Ce qui aurait été fâcheux vu qu’ils n’étaient pas là de revenir ! Et une fois dans l’avion, pas moyen de faire demi-tour…

Finalement, vers 11h, ils étaient tous prêts. Le cuisinier leur apporta les sandwichs et bouteilles d’eau qu’il avait préparé, il versa quelques larmes aussi et chacun lui dit au revoir avant de quitter l’hôtel, bien tristes de laisser un personnage aussi génial que lui ici. Néanmoins, enfin surtout pour les jeunes, ils avaient passé un très bon séjour et repartaient sans regrets.

1 heure plus tard, ils étaient dans l’avion prêt à décoller, les bagages dans la soute, les ceintures attachées et de quoi s’occuper pendant les heures de vol. Une fois dans les airs, Yûto s’endormit cette fois pour ne se réveiller qu’une fois le paysage de Séoul en vue et l’avion qui baissait en altitude.

Et puis, enfin, ils atterrirent sur le sol coréen, fatigués mais contents de rentrer chez eux !

[THE END]