Encore une fois ils avaient évité la catastrophe de justesse, et c’est en pensant à l’ange sournois et espiègle qu’il parlait avec le chauffeur du camion de déménagement. Dieu jouait gros et important en lui envoyant Matthias. Bien que plus jeune qu’Ezeckiel, il lui était plus efficace, surtout pour la destruction des humains ! Mais pas mal de créatures se demandaient si Matthias n’était pas une mauvaise « création », comme s’il était à moitié Dieu et Satan en même temps. Il obéissait à son créateur évidemment, mais ça ne l’empêchait pas de faire toutes les crasses possibles et imaginables, même à ses pairs. Voilà pourquoi pendant des centaines d’années Yûto l’avait évité autant que possible, et jusqu’à aujourd’hui il avait réussi. Ou alors tout simplement parce qu’à ce moment-là Matthias ne s’intéressait pas à lui.

Il n’empêche que l’envoyer lui, une sorte d’esprit malveillant, voulait dire que Dieu prenait tout ça très au sérieux et qu’il voulait les faire craquer. Plus qu’à rester attentif et à faire attention. Un accident est si vite arrivé…comme l’avait dit le démon en Italie. Il avait bien raison, un simple carton de vaisselle aurait pu fracasser le crâne de son petit-ami.

Il continua de discuter avec le coréen, inventa rapidement un mensonge concernant son « tatouage », de toute façon il allait devoir s’y faire, le chauffeur ne serait pas la dernière personne à lui poser des questions à ce sujet ! Et enfin, après un long moment à remplir un devis qui normalement ne mettait que 5 minutes, l’homme partit et les laissa seuls dans leur appartement. Avec entrain, ils commencèrent à déballer les cartons, ranger ses affaires avec les siennes dans les placards, déplacer les meubles selon leurs goûts respectifs qui, il s’en rendit compte à ce moment-là, n’étaient pas vraiment les mêmes.

- Quand on le pourra, ils faudra qu'on mette un papier paint. Ce mur blanc, ca ne va pas.
- Tu as raison.

L’ange regarda tous ses livres et sourit. Sans eux dans la pièce et bien en évidence, il était perdu. Yûto adorait lire depuis longtemps et on peut dire qu’avec son âge, il n’était pas curieux de voir certains incunables parmi les derniers romans sortis ! Donc ensuite, partie d’engueulade au sujet de la place des meubles, de leur emplacement surtout. Lui ne regardait que l’aspect pratique, alors que Ren voyait la beauté du tout. Et il râla souvent parce qu’il avait beau dire quoi que ce soit, le médium gagnait toujours vu qu’il lui cédait tout !

Enfin, tout fut terminé et ils regardèrent leur nouvel appartement, un grand sourire aux lèvres. C’est alors qu’il vit que son petit-ami pleurait et aussitôt il pensa qu’il avait mal quelque part, que peut-être le carton l’avait vraiment touché ou que sa maladie refaisait des siennes. Mais avant de s’affoler complètement il lui demanda confirmation par regard.
Surpris, il l’accueillit finalement dans ses bras et les resserra autour de lui comme pour le protéger.

- C'est juste que je n'avais pas encore réalisé à quel point c'était beau....
- Je suis heureux qu’on ait pris cette décision.

Et il n’y avait rien de plus vrai, à part son amour pour lui évidemment. Surprise de plus lorsqu’il se sentit poussé sur le canapé et vit avec stupeur et envie Ren monter sur lui, ses lèvres prenant déjà contact avec sa peau.

- Alors, je croyais que tu devais m'avoir...je crois qu'on devrait inaugurer notre appartement.
- J’y compte bien mon amour.

Il le pressa un peu plus contre lui et prit ses lèvres fougueusement, comme il en rêvait depuis des jours. Ses mains se faufilèrent sous son haut, puis descendirent vers ses fesses pour le rapprocher un peu plus. Il commençait littéralement à brûler de l’intérieur lorsqu’ils entendirent un cri à l’extérieur, qui selon lui venait de leur étage.

- Qu'est ce que s'était... ?

Yûto ne dit rien et se leva pour aller voir, Ren sur les talons. En ouvrant la porte, il vit la vieille voisine…en bas des escaliers, et il était évident qu’elle n’était pas descendue normalement. La pauvre femme gisait entre deux paliers, son cabas avec elle et gémissant de douleur. Sans hésiter l’ange se précipita pour l’aider. Elle était bien vivante mais il ne serait pas étonnant qu’elle ait quelque chose de cassé.

- Madame, vous allez bien ? Je vais vous porter d’accord ?
- Ggnnnnn

Il passa un bras sous ses jambes et l’autre sous son dos et la mena chez elle, puis la posa sur son lit. Inquiet, il appela tout de suite un médecin parce qu’il avait peur d’aggraver les choses en l’amenant lui-même à l’hôpital. Ils restèrent tous les deux à son chevet, la main de la vieille femme dans la sienne qui la serrait. Ezeckiel lui souriait paisiblement pour la réconforter. Enfin le médecin arriva et l’examina.

- Bon elle va bien, rien de cassé, juste un poignet foulé et une entorse à la cheville. Y-a-t-il quelqu’un pour vous aider madame ?
- Non, mes enfants habitent à l’autre bout du pays.
- Nous on veut bien s’en occuper, fit brusquement Yûto.

Son esprit protecteur ne pouvait tout simplement pas laisser la voisine à quelqu’un d’inconnu et peut-être sans compétence, alors qu’il était sûr qu’eux deux pouvaient plus l’aider ! Il insista longtemps et finalement on leur accorda la charge temporaire de la vieille dame, c'est-à-dire l’aider dans sa maison, l’emmener et l’aider à faire ses courses, principalement. Elle-même se disait trop débrouillarde pour demander de l’aide !

- Merci jeunes hommes. Je vous dédommagerai.
- Ça ira.

En fait il avait un énorme doute, et c’était pour ça qu’il ne souhaitait pas de dédommagement…parce qu’il avait l’impression que c’était de sa faute. Et pour cause…En retournant dans leur appartement après avoir donné leur numéro de téléphone à la voisine et définit une plage horaire de visite, ils le croisèrent…

- Matthias.
- Ezeckiel et…l’humain.

Il aurait dit « vermine » que le ton aurait été le même ! Mais cette fois-ci, allez savoir pourquoi, Ren pouvait le voir.

- Tu es à l’origine de ça n’est-ce pas ?
- Voyons Ez’, tu me connais, je ne louperai pas une occasion pour rien au monde !
- Ne m’appelle pas comme ça. Et ce n’est qu’une pauvre femme laisse-la tranquille, elle ne t’a rien fait !
- Du calme frangin, les ordres sont les ordres.
- Je ne suis pas ton frère.
- Nous sommes tous frères, tu le sais bien. Ou disons que tu as renié ta famille, la VRAIE, fit-il méchamment en tournant son regard charbonneux vers le médium.

Ils s’affrontèrent quelques instants sans parler.

- Va-t-en Matthias. Pourquoi maintenant alors que pendant des centaines d’années tu ne m’as même pas vu ?
- C’est faux. Je te voyais tous les jours. Je ne trouvais juste pas amusant de t’embêter vu que tu ne faisais rien d’intéressant de tes journées et que surtout tu es pur et sans histoire. Ou du moins était.
- Ne me fais pas regretter de t’avoir pris sous mon aile dans le passé.
- Quelle curieuse expression tu ne trouves pas ? Je ne me souviens pas l’être caché sous tes ailes ! D’ailleurs fais voir à quoi elle ressemble ? ça m’excite de voir ça !

Le regard de Yûto fut si hargneux que l’ange espiègle recula tout de même un peu.

- Je vais te laisser pour aujourd’hui, les ordres sont les ordres, tu le sais. Mais juste une chose…il y a des rumeurs là-haut qui disent que tu as utilisé ton pouvoir contre un des nôtres, et qu’il était plus important que ce que tu avais avant. Certains disent que tu t’es « réveillé ». Est-ce que c’est vrai ?
- Va-t-en, toi, ta poisse et tes ragots.
- Alors bye Ez’, je reviendrai te voir !

Et l’ange descendit les escaliers en sifflotant en laissant un Yûto très énervé sur le pas de la porte.

Yûto avait proposé de s’occuper de la vieille dame très naturellement, alors qu’il ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam ! Pourtant son état actuel et ce qu’il lui était arrivé lui disaient de le faire sans discuter. Son empathie aussi le forçait un peu, parce qu’il ressentait quand même la douleur de la voisine bien qu’il essaie de se fermer à ses émotions. Par contre il n’avait pas réfléchi avec à l’opinion de Ren et souffla de soulagement quand ce dernier proposa la même chose que lui. Il ne souhaitait pas que son envie d’aider la vieille dame les sépare !

- On va bien s'occuper de vous, Madame Kim. Voyez ? Je vais vous enregistrer nos deux numéros, il ne vous faudra que nous appeler et nous viendrons immédiatement.
- N’hésitez pas.

Il voyait bien lui aussi que ça ne lui plaisait pas trop de se faire aider ainsi, parce qu’elle perdait son autonomie mais en même temps avec ce qui lui était arrivé, personne ne pouvait ni n’avait le droit de la laisser se débrouiller seule, surtout avec tous ces chats ! Finalement le médecin partit, eux aussi peu de temps après et c’est en rentrant chez eux qu’ils le croisèrent, ou plutôt ce n’était pas une coïncidence. Si Matthias était là, ce n’était pas par hasard. Il traînait avec lui toute l’attitude des anges et aussitôt ça mit ses nerfs en boules et il se tendit, près à les défendre en cas d’attaques. Parce qu’il savait bien que l’adolescent agissait toujours par derrière. Leur entretien fut glacial pour sa part et presque amical pour l’autre. Son frère…il était loin de l’être, mais du point de vue des cieux c’était bien lui qui les avait trahis en désobéissant !

Il n’avait pas prévu que Ren réagisse au quart de tour à ces phrases-là et il ne put l’empêcher de parler, ce qui serait loin d’arranger son cas s’il agressait Matthias !

- C'est VOUS qui l'avez renié. On ne fait pas souffrir un membre de sa famille.
- Fermes la, l’humain. C’est de ta faute, après tout. Tout le monde souffre autour de toi.

Alors ça il ne pouvait pas le permettre, il s’apprêta à répliquer mais le médium l’en empêcha, même si Yûto savait que ça l’avait terriblement blessé. Mais mieux valait ne pas dégrader la situation encore. Finalement l’ange partit, en finissant sur son pouvoir. Lui aussi s’était étonné mais avait oublié, ce qui ne semblait pas être le cas aux cieux, et pour Dieu personnellement. S’il prenait de la force, alors ils devraient faire attention, d’ailleurs on lisait un certain respect dans les yeux du plus jeune. Mais hors de question qu’il en parle avec lui, si c’était pour cafter après !

- Yuto...Yuto rentrons...

Le magicien dû presque le tirer tellement la colère du professeur le bloquait au milieu du couloir, à se demander s’il devait faire quelque chose ou pas. Finalement il le suivit, furieux, pour aller s’assoir sur le lit. Il en avait plus que marre de tout ça, pas un seul moment de répit ne leur était accordé et il n’allait pas tenir longtemps ainsi. La prochaine fois, se disait-il, il irait régler son compte avec ces anges. Ses « frères ».

- On va trouver une solution...On ne va pas laisser n'importe qui nous séparer...Promis.

Il ne répondit pas, parce que sinon il l’aurait agressé en lui disant qu’il n’en savait rien, qu’il était trop faible pour agir contre les forces divines. Mais non, il se tut tout simplement parce que ce ne serait pas judicieux de se fâcher contre lui alors que chacun avait besoin du soutien de l’autre. D’ailleurs Ren commença à enlever son haut et Yûto fronça les sourcils.

- Je n’ai pas la tête à ça s’il-te-plait.

Mais c’était bien loin de ce qu’il pensait en fait. Le médium le força à se coucher sur le ventre et il frissonna en le sentant s’assoir sur lui et ses mains douces et brûlantes commencer à le masser langoureusement. Petit à petit, ses muscles se détendirent un à un et il ferma les yeux…pour les rouvrir à l’écoute de son nom.

- Eze'....
- Ne m’appelle pas ainsi. Je suis Tsukushi Yûto pour toi.

Pourtant ça avait sonné doucement contre son oreille, mais il avait toujours du mal à l’entendre l’appeler par son nom d’ange. Il avait l’impression que le faire les éloignait.

- Parles moi…C’est quoi ces histoires de « Reveil » ?

Il sursauta et se crispa un peu. Il ne s’attendait pas du tout à cette question et il pensa au début ne pas répondre, tout simplement. Il enfouit sa tête dans ses bras puis soupira.

- C’est n’importe quoi.

Mais le professeur se sentit mal de le laisser ainsi alors il prit une grande respiration et tourna la tête vers le côté, les yeux dans le vague.

- Chaque ange créé a un pouvoir, nous sommes tous ainsi. Nos pouvoirs sont différents, regarde Matthias. Il nous a été donné pour servir le créateur, Dieu, dans ses tâches. Je t’avoue qu’au début je pensais que c’était pour faire le bien sur la Terre, mais j’ai eu tort. Evidemment. Si nos pouvoirs s’avèrent bénéfiques pour les humains, ils sont surtout destructeurs.

Il fit une courte pause, avala sa salive puis reprit.

- J’ai reçu le don d’empathie, qui n’est pas un pouvoir en soi. Je ne sais pas si tu sais ce que c’est, mais en gros je ressens toutes les émotions de tout le monde sur cette terre. Il va sans dire que les premières années de ma vie, j’étais prêt à y mettre fin pour faire taire ces voix dans ma tête qui me suppliaient de les aider. Finalement, j’ai réussi à tout canaliser et aujourd’hui je n’autorise que peu de personnes à passer le mur de protection que j’ai construit. Toi, je ressens toutes tes émotions, peut-être parce que j’en ai besoin.
Mais l’empathie est plus un calvaire qu’un pouvoir. Le mien c’est…tu l’as déjà senti plusieurs fois, peut-être sans t’en rendre compte…je contrôle les émotions humaines. La colère, la tristesse, l’envie, la rage, la jalousie, la dépression…il n’y a que l’amour qui me reste inaccessible. J’ai longtemps cru que ce pouvoir me servirait à faire du bien, mais j’ai appris à mes dépends qu’il pouvait tout aussi bien faire le contraire...

Il ferma les yeux en se rappelant cette journée horrible qui avait décidé de son destin.

- La dépression et la colère sont des sentiments très importants qui peuvent nous permettent de vous détruire. Il suffit qu’on…disons…on m’a ordonné d’utiliser mon pouvoir sur toi. C’était facile, tu étais déjà dépressif et très en colère contre toi-même. Il suffisait de renforcer ces sentiments et tu te tuais sans qu’on ait à te toucher. C’est à moi que Dieu avait confié cette tâche, et c’est parce que j’ai refusé de te pousser au suicide qu’il ne veut plus de moi.

Un long silence s’abattit dans la pièce, les mains de Ren ne bougeaient plus sur son dos, sûrement dû au choc. Mais c’était la vérité, il ne pouvait rien cacher.

- Je ne me suis pas souvent servi de mon pouvoir en 3025 ans. Tout le monde et moi-même l’avons toujours vu au stade préliminaire, je pouvais m’en servir mais il ne valait rien contre un ange de haut niveau. Mais la dernière fois…
Je ne sais pas…la dernière fois tout ce que je voulais c’était te sauver, calmer ces gens, les empêcher de bouger et surtout relâcher l’attention de l’ange sur les chaînes qui te maintenaient dans l’eau. C’est venu tout seul, je n’ai pas cherché à faire quoi que ce soit d’autre mais toujours est-il que j’ai senti quelque chose se dérouler en moi et que j’ai réduit à néant toute la salle, avec un ange expérimenté en plus.
C’est ça le Réveil, quand tes pouvoirs se libèrent en toi et qu’ils deviennent plus puissants, plus destructeurs et le principal objectif d’un ange après ça c’est de les contrôler. Il faudrait que je le fasse…
Mais je ne comprends pas pourquoi ils en font un scoop exceptionnel, ça arrive tous les jours ! ou presque.

Ezeckiel se retourna subitement, enfermant le médium dans ses bras et, assis sur le lit, il le fixa de ses yeux noirs et profonds.

- Je ne l’utiliserai jamais contre toi, sache-le. Pour toi, mais jamais contre toi. Je ne veux pas faire de mal. Tu me crois ?

- Ne crois pas que je vais me contenter de ce genre de réponse.

Oh oui il savait bien qu’il ne pouvait pas s’arrêter là, et il maudit Matthias pour en avoir parlé. En Italie, personne n’avait vu ce qu’il s’était passé, pas même Ren. Même l’ange n’avait sûrement rien compris. Alors il espérait cacher ça, cacher le fait qu’il était en train de changer, que quelque chose en lui commençait à prendre de plus en plus d’importance et que c’était quasi-incontrôlable. Mais maintenant il était coincé, il ne pouvait pas éluder la question et surtout il ne souhaitait pas lui mentir. Alors il commença par le commencement.

Yûto n’avait jamais entendu parler d’un ange créé sans pouvoir. Chacun en avait un, parfois certains se recoupaient, se ressemblaient…mais dans tous les cas les anges avaient un don. Don qui servait plus maintenant à faire le mal que le bien. Il lui avait fallu longtemps avant de comprendre cette évidence. On les avait créé comme arme de guerre, et non pas comme défenseur comme le prétendaient certains écrits. Ceux qui pensaient ça étaient bien naïfs. Mais en même temps, que les humains savaient-ils au juste ? Rien. Voilà pourquoi d’ailleurs le médium lui posait toutes ces questions. La curiosité allait de paire avec la nature humaine.

Il lui expliqua tout, ou l’essentiel. Pas besoin de passer par quatre chemins, et en le sentant s’arrêter dans son dos il su que ça le touchait et qu’il avait compris. Dieu se servait des faiblesses des hommes pour les anéantir. Les sentiments en premier, puis les actes. Car quoi de plus facile que de pousser au suicide une personne qui a perdu sa mère, son petit-copain et qui a une maladie incurable ? Rien. Il suffisait qu’elle soit assez dépressive et l’affaire était dans le sac. Il eut du mal à le dire, mais le fit. Il s’en voulait d’avoir été un jouet dans tout ça, même s’il s’était rebellé. Même avant Ren il n’avait jamais tué d’humains, et surtout pas servi de ses pouvoirs dans cette optique. Il espérait que ça, le magicien le savait.

- Alors si tu n'avais jamais croisé ma route, tu n'aurais jamais été renié.

Ezeckiel sursauta et se crispa à nouveau. Ah non ! Ils avaient déjà eu cette conversation et il pensait avoir été clair. Il ne regrettait pas, du moins dans l’ensemble il savait qu’il avait fait le bon choix. Comment aurait-il pu vivre des années en plus avec un meurtre sur le dos ? Un meurtre prémédité en plus ? Non, il n’était pas le jouet de guerre de Dieu, et s’il avait fait ça c’était avant tout pour lui prouver.

- Je croyais que ce sujet était clos Ren. Il n’y a pas de « si », ce qui est fait est fait et il n’est pas temps de regretter. Si toi tu regrettes, tant mieux. Pour ma part, si c’était à refaire ça se déroulerait de la même façon. Je ne suis pas un meurtrier sous la coupe d’un vieux capricieux.

Finalement il se calma un peu, souffla et reprit son explication sur le soi-disant « réveil » des anges. Personne ne le reconnaissait vraiment comme tel, mais il y avait toujours un moment dans la vie d’un ange, d’un démon ou autre, où les pouvoirs se faisaient plus importants, généralement après un choc puissant ou dans un moment de danger. Lui il comprenait pourquoi ça lui était arrivé, mais ne souhaitait pas s’étendre plus largement sur ce sujet.

- Promets moi que tu essaieras de le contrôler... Ne prends pas de risques, je m'en voudrais trop.

Yût hocha la tête et se retourna pour le prendre dans ses bras et le rassurer. Jamais il ne lui ferait de mal, il se le promettait. Il se dit aussi que même faire du mal aux anges, il ne le pourrait que difficilement. Il pouvait clairement se battre oui, mais pas tuer. Sauf s’il ne l’avait pas voulu… Pour sa part, il ne voyait que la protection et la sécurité de Ren, peut importe ce qui lui arrivait, tant que le médium était hors de danger.
Il lui fit, comme d’habitude maintenant, à manger et l’ange se recoucha à nouveau juste pour quelques secondes…qui durèrent des minutes en réalité. Sans s’en rendre compte, il s’était assoupi et ce fut un doux baiser sur ses lèvres qui le tirèrent de son sommeil réparateur. Sa tête le tournait un peu et il attrapa son T-shirt pour le remettre.

- Monsieur a besoin de déjeuner pour reprendre des forces...tu viens ? J'ai fait des okonomiyakis
- J’arrive.

Il se leva pour aller le rejoindre devant la télé avec le plateau contenant la nourriture et les deux verres de champagne.

- Cet appartement n'attendait que toi... Il est tellement plus joyeux maintenant !
- C’est parce qu’on y est tous les deux. Moi tout seul, ce ne serait pas si joyeux que ça !

Ils rigolèrent un peu, se détendant pour seulement quelques minutes, malheureusement. L’ange aussi avait vu le reportage et le regardait à présent, grimaçant. Il ne fallait pas croire que ce qui arrivait à ces enfants était faute à pas de chance. Tout était calculé depuis le début, et personne ne le savait. Quand bien même on le voudrait, il serait impossible de sauver tous ces enfants. Il prit la main de Ren dans la sienne et eut un regard désolé quand il éteignit brusquement la télévision.

- Je suis désolé. Pour ça je ne pourrais rien faire. Il…Il y a des tas de choses que tu ne sais pas Ren, et crois-moi, il ne vaut mieux pas que tu le saches. Ce que tu viens de voir…ce n’est pas normal, et ce n’est qu’un début. Promets-moi de ne plus y penser pour l’instant, ne ?

Il se pencha vers lui pour le prendre dans ses bras et caresser ses cheveux châtains, avant de rallumer la télé et zapper sur une chaîne de dessins animés. Ils finirent de manger, burent la bouteille de champagne en entière et décidèrent d’aller se coucher. Yûto s’endormit une nouvelle fois à peine la tête posée sur l’oreiller.

(…)

A son réveil, le lit était vide, ou plutôt le médium était assis au bout et regardait par la fenêtre. Il sentait de l’incompréhension et de la tristesse émanant de lui, donc se dit qu’il devait sûrement repenser à ces pauvres enfants. Bien sûr, il ne manifesta pas tout de suite son réveil, fermant les yeux pour tout ressentir. De la colère maintenant, énormément de colère dont il ne trouvait pas la source. Il faudrait qu’il lui en parle.

Pour l’instant, il se faufila derrière lui et l’enserra dans ses bras en lui faisant des baisers dans la nuque.
Pourtant, Ren ne se détendit pas et, au contraire, le repoussa presque. Que se passait-il maintenant ? L’ange soupira, se lava et s’habilla rapidement pour aller vérifier que tout allait bien chez Madame Kim. Par mesure de précaution, il emmena le magicien avec lui, ne souhaitant pas le retrouver agonisant à son retour. Ce serait le pire de ses cauchemars.

La voisine allait bien, voire très bien. Elle arrivait toujours avec difficulté à nourrir ses chats et tricotait maintenant dans son lit. Elle leur sourit quand ils arrivèrent et ils lui firent à manger, nettoyèrent un peu sa maison alors qu’elle le leur interdisait et ils petit-déjeunèrent tous ensemble. Enfin, ils lui promirent de repasser plus tard pour faire la vaisselle. En rentrant dans leur appartement, Ren avait toujours les sourcils froncés et n’avait pas parlé depuis…il ne savait même plus. Sa voix soudainement lui manquait et il s’approcha de lui avec un sourire, dans l’optique de le faire rire.

- Qu’est-ce qu’il y a mon amour ? Tu n’as pas bien dormi ? J’ai trop ronflé c’est ça ?

Mais ça n’eut pas l’effet escompté. Bien au contraire, le médium ouvrit la bouche, son ton était coléreux et surtout…
…il parla de Samuel, son quasi-jumeau, puisqu’ils étaient « nés » en même temps. Ce qu’il entendit par la suite, le choqua et réveilla sa propre colère.

- Je sais bien... Répliqua t'il doucement. Qu'on ne peut malheureusement pas tout faire... Mais je ne sais pas...c'est dur de se dire que tant de personnes innocentes souffrent autour de nous.

Yûto serra encore plus sa main et lui sourit doucement. Lui aussi regrettait de ne pouvoir rien faire qui puisse aider tous ces enfants qui n’ont rien demandé et n’ont fait que naître. Ils finirent par aller dormir et l’ange fut accueilli dans les bras de Morphée bien avant Ren et sans savoir qu’on lui jouait encore un mauvais tour.

Il détestait se réveiller tout seul, parce que depuis qu’il savait que le médium était un remède contre les cauchemars, il redoutait au fond de lui de replonger quand il n’était pas là. Il le trouva dans le salon et s’avança en trainant des pieds vers lui pour lui faire un câlin matinal, inquiet de le sentir si hésitant, en colère et crispé. Le pire fut qu’il ne lui parla même pas, ne lui montra pas l’amour qu’il mettait un point d’honneur à mettre en avant normalement. Et heureusement qu’ils devaient passer chez la voisine parce que sinon il n’aurait pas eu de petit-déjeuner. Ren semblait fâché contre lui, et il ne savait pas pourquoi. Qu’avait-il fait de mal pour mériter pareille colère ?

Il se tut devant la vieille dame pour ne pas lui dévoiler leurs problèmes et la rendre mal à l’aise dans le cas d’une dispute. Alors il se tut, fit comme si tout allait bien alors qu’il sentait que ce n’était pas le cas. La magicien fuyait son regard et mettait un point d’honneur à ne parler qu’à Madame Kim.

Enfin ils rentrèrent chez eux et là il demanda des explications, bien en douceur en lançant une petite blague qui en temps normal l’aurait fait rire. En temps normal.

- J'ai eu une vision hier.

Le ton et le visage qu’il prenait n’envisageait rien de bon, surtout pour lui, il le sentait. Lui en voulait-il pour la vision, ou pour quelque chose d’autre ? Il n’allait pas tarder à le savoir.

- Tu avais l'air très... Proche d'un certain Samuel. Apparemment, tu devrais le retrouver dans très peu de temps et vous aviez l'air vachement proches dans NOTRE lit.

Ezeckiel écarquille les yeux. Samuel ? L’ange Samuel qui était né en même temps que lui ? Qu’il avait longtemps considéré comme son frère sans savoir que ce dernier l’aimait éperdument ? Ce Samuel dont il n’avait pas eu de nouvelles depuis des lustres ? Et pourquoi en faire tout un plat ? Ce n’était qu’une vision ! Et jusque là elles s’étaient avérées fausses ! Pourquoi lui donner une importance qui n’avait pas lieu d’être ? Combien de fois lui avait-il dit qu’il l’aimait et qu’il n’avait jamais connu ce sentiment ? Pourquoi croire une vision plutôt que lui ?

- S-Samuel ? Tu l’as vu dans ta vision ? Mais pourquoi tu dis ça ? Je…je n’ai jamais…et surtout pas dans notre lit !

Il avait l’impression de s’enfoncer et de donner raison au médium, et pourtant Dieu savait qu’il n’avait jamais éprouvé de sentiment pour personne avant Ren ! Mais par contre il se souvenait bien du pouvoir de Samuel, qui consistait à changer les rêves et permettre aux gens de voir des choses qui n’étaient pas. Les tromper. Pourtant il ne croyait pas que son quasi-jumeau ait pu lui faire ça. Après toutes ces années ! ça le mit en colère, de voir que le magicien en face de lui y croyait dur comme fer.

- Si tu étais très proche d'un de tes anciens camarades... Si tu étais amoureux, pourquoi n'avoir rien dit ? Je t'ai tout avoué et je me rends compte que je ne sais strictement rien sur toi !
- M’as-tu jamais écouté Ren ?! Tu te fous de moi ou quoi ??? Tout ce que je t’ai dis ne sers à rien ??? Je t’ai dit que je n’avais jamais aimé personne avant toi, et il suffit d’une vision pour que tu penses que je mente ? Pour que tu oublies à quel point je me suis donné à toi sans réserve ?

Il crispa sa mâchoire.

- Que veux-tu savoir de plus ??? J’ai 3025 ans derrière moi, tu crois que je peux te décrire chaque année en détail ? Non ! Samuel est comme mon frère, nous avons été créé en même temps et oui je suis proche de lui, mais comme toi tu es proches de ta mère ! Jamais je ne l’ai aimé, tu m’entends cette fois ??? Après tout ce temps tu ne penses pas qu’ils font ça exprès pour nous séparer ? Et tu tombes encore dans le panneau ??? T’ai-je menti UNE SEULE FOIS Ren ????!!!!

Le concerné ne répondit pas mais il sentit bien le doute en lui. Quoi, il doutait encore ?

- Ren !

Ce fut quand le médium commença à dire que peut-être Samuel et lui avaient eu une relation et qu’il ne servait que de substitution, qu’il s’énerva vraiment, si bien qu’il le saisit avec violence par le bras sans que l’humain ne puisse faire quoique ce soit. Il le tira vers la chambre et le jeta sans ménagement sur le lit. Là, la colère faisant saillir ses veines, il monta sur le lit avant que Ren n’ait pu en partir et attrapa ses deux poignets d’une main pour les lui bloquer au-dessus de la tête.

- Tu veux des preuves c’est ça ? Alors moi je vais te prouver que je ne mens pas, que je n’ai jamais aimé avant toi ! si tu ne me crois pas avec mes mots, alors crois-moi par mes actes.

Le magicien se débattait comme un forcené mais rien ne pouvait contrer les muscles durs comme de l’acier de l’ange en colère, colère qui se mélangeait à toute cette envie de lui qu’il avait tu pendant ces derniers jours, à supporter ses petits jeux. Maintenant il n’en pouvait plus de ses suppositions, de ses doutes sur lui alors qu’il avait toujours été sincère ! Il ne mentait jamais, et surtout pas avec lui ! Ren criait maintenant pour qu’il le lâche, sûrement lui faisait-il peur à le tenir comme ça et pire quand, sans ménagement, Yûto arracha presque la chemise légère que portait le médium, faisant sauter tous les boutons et déchirant le tissu. Il essaya plusieurs fois de l’embrasser mais se fit mordre à la place, méchamment mais ça ne fit que renforcer son état.

Bloquant ses bras avec sa main et son corps avec le sien de l’autre, il descendit dans son cou et commença à le mordre alors qu’au-dessus de lui Ren se débattait toujours. L’ange vint torturer ses deux points sensibles sur son torse et continua jusqu’à son nombril sans le lâcher et n’ayant pas peur des coups de jambes qu’il pouvait se prendre. Il avait tellement envie de lui à cet instant que personne ne pourrait le contrer. Enfin il remonta vers le visage rouge de plaisir et de colère de son amant et sourit sadiquement.

- C’est le deal Ren, tu es à moi et je suis à toi. Laisse-moi te montrer.

Son autre main descendit vers sa hanche et déboutonna son jean avec dextérité pendant que le magicien se tortillait dans tous les sens en lui disant d’arrêter, pendant qu’Ezeckiel continuait de distribuer de petits baisers sur sa peau. Et puis, sans retenue ni avertissement, sa main se faufila dans son jean et son boxer, puis attrapa l’objet tant voulu pour immédiatement faire de lents et précis mouvements dessus. Cette fois-ci il n’avait pas d’hésitation.

Le médium eut un hoquet de surprise et ne protestait plus que faiblement, son corps se tendant complètement sous les caresses intimes de l’ange. Pendant une seconde il se débattit encore mais Yûto raffermit sa prise et accéléra ses mouvements, infiltrant sa langue dans la bouche de Ren qui l’avait ouvert sous l’émotion. On n’entendait plus que les petits « non » et « arrête » du châtain, mêlés à des gémissements profonds.

L’ange continua de torturer son corps jusqu’à arriver en bas, enlever les vêtements gênants et remplacer sa main par sa bouche, prodiguant pour la première fois de sa vie une fellation…qui s’avéra angélique pour le corps en sueur qui se tortillait maintenant de plaisir au-dessus de lui. De son autre main, il plongea deux doigts directement dans l’intimité de son amant, le faisait crier, mais plus pour les mêmes raisons. Là, il calqua les mouvements de ses lèvres charnues à ceux de ses doigts qui engendraient un son magnifique dans la chambre.

Ren allait regretter, ou pas, de l’avoir mis en colère !

- Laisse moi tranquille ! Apres tout, on m'a deja blessé avant toi ! Comment...comment je peux etre sur que je ne fais pas que le remplacer ?

Comment pouvait-il dire ça après tout ce qu’ils avaient vécu ensemble en si peu de temps ? Prendrait-il autant de risque en voulant remplacer un amour perdu ? N’avait-il pas maintes fois prouvé et dit qu’il avait toujours été la seule personne qu’il avait aimé, aimait et aimerait toujours ? D’où sortaient ces suppositions qui ne faisaient que les blesser tous les deux ? Il était si en colère à l’instant du fait qu’il le compare à tous les autres qu’il n’hésita pas un instant à mettre un terme à tous ses doutes.

- Qu'est ce que tu fous ?!

Ce qu’il faisait ? Il allait lui prouver et le jeta sans douceur sur le lit, comme un vulgaire jouet. Il monta à sa suite et l’emprisonna facilement avec une seule main. Comme il le pensait, il se débattit avec rage mais rien n’y faisait, à part le mordre, Ren était impuissant face à la colère destructrice de l’ange déchu. Serait-il vraiment déchu aujourd’hui s’il avait vraiment aimé Samuel ? Ne serait-il pas plutôt resté vers lui ? tout ça l’énervait encore plus.

Donc il commença cette fois à le mordre à des endroits stratégiques, et le médium avait beau protester, les contractions de ses muscles du ventre montraient bien qu’il n’y était pas insensible. Il était même sûr au bout d’une à deux minutes comme ça qu’il était déjà assez dur en dessous du pantalon. Alors il enleva, ou plutôt arracha sa chemise alors que la sienne aussi partait en morceau, mais avec moins de violence. Il ne sentit pas la douleur de la morsure et, au contraire, renforça la pression de son bassin sur celui du magicien.

- Laisse moi tranquille !

Jamais. Il le lui fit bien comprendre. Notamment grâce à sa main qui descendit un peu plus bas, déboutonna le jean de Ren et se glissa à l’intérieur. Et comme il se doutait, il était déjà bien réveillé quand il prit son membre en main. La réaction fut immédiate : il se cambra délicieusement sous lui pendant que la bouche de l’ange remontait sur son torse et que ses mouvements de poignet s’accéléraient brusquement. Yûto n’avait même pas envie d’être doux, il n’y arrivait plus.

- Non...ngh... Arrêtes, s'il te plait.
- Tu es sûr ? Parce que ce que j’ai dans la main me montre le contraire.

Et le médium se contredit dans les secondes qui suivirent. Maintenant il le suppliait carrément de continuer, ouvrant la bouche pour lui quand il venait lécher ses lèvres. Totalement abandonné à lui, il s’accrochait désespérément et gémissait à qui mieux mieux. Puis subitement il descendit plus bas et sans prévenir le prit en bouche, arrachant une petite plainte au magicien.

- Ahh. Yu...Yuto ?!

Il n’hésita pas alors une seconde pour infiltrer deux doigts en lui et le préparer, toujours sans délicatesse et faisant des vas et vient rapides sans considération pour les suppliques au-dessus de lui. Enfin ses lèvres remontèrent vers son visage pour sécher ses larmes de douleur.

- C’est moi que tu veux Ren ?

Avec ça il rajouta un troisième doigt et le cri suppliant qui suivit lui donna sa réponse. Il le quitta pour enlever ses propres vêtements et en deux secondes se retrouva sur le dos, le magnifique humain le chevauchant avec un regard fiévreux. Il le laissa s’occuper de lui avec difficulté, ayant pour seule envie de le bloquer et de le prendre sans ménagement.
Pourtant ce fut le médium qui fit ce geste et Yûto eut un soupir rauque en se sentant empli de la chaleur de Ren. C’était si bon qu’il râla devant son inaction. S’il ne faisait pas quelque chose maintenant il s’en chargerait ! Le magicien semblait s’amuser de cette situation et, n’étant pas d’humeur à plaisanter, il attrapa ses poignets pour les lui retirer de son ventre et leva avec force les hanches, pénétrant plus violemment en son amant qui cria au-dessus de lui.

Alors l’ange le retourna à nouveau et n’attendit pas des siècles avant de partir dans des coups de reins plus violents et incontrôlables les uns que les autres. Sa veine palpitait et ses muscles étaient crispés jusqu’au possible alors qu’il allait toujours plus profondément en lui. Ren se cambra en-dessous de lui et pencha sa tête en arrière, la bouche ouverte dans un cri silencieux tellement les mouvements violents de Yûto lui coupaient la respiration et la voix. Le professeur n’arrangea pas les choses en capturant ses lèvres, lui coupant tout moyen de respirer, autant qu’à lui.

Il sut qu’il avait touché la prostate de son amant quand celui-ci cria à s’en déchirer les poumons. Ils ne pensaient même pas aux voisins mais lui plus au moyen de lui montrer ce qu’il ressentait et surtout effacer sa colère et ses doutes. Lui par contre était toujours furieux de son comportement et chacun de ses mouvements de bassin en était preuve.

L’ange attrapa les deux jambes de Ren, les passa au-dessus de ses épaules et se pencha sur lui. Heureusement le médium était très souple et s’accrocha à ses avant-bras alors que, de plus en plus pressant, le professeur le pilonnait presque à la verticale. Cette position, bien que fatigante pour lui, lui offrait une meilleure pénétration et trois fois plus de sensations. Et à les entendre, la tactique marchait à merveille !

En fait ça marchait si bien que Yûto n’y tint plus longtemps et accéléra ses mouvements pour se libérer enfin de toute cette pression. Et afin de rendre la tâche plus rapide et sensationnelle, il resserra les deux jambes de son amant en les passant les deux mêmes sur son épaule, ce qui augmenta la pression sur lui et resserra l’entrée. En plus de ça, Ren commença à se faire encore plus bruyant, signe qu’il atteignait la fin lui aussi. L’ange se pencha vers lui pour lui voler un baiser endiablé, coupé par ses coups de reins violents en lui.

- J’espère qu’a-avec ça…tu…seras convaincu…

Il prit l’organe intime du magicien d’une main et calqua des mouvements sur ceux de ses hanches. Et vu qu’ils étaient plus que rapides, il ne suffit que de quelques secondes supplémentaires pour que Ren se laisse aller sur son ventre, se resserrant autour de Yûto qui ne tarda pas non plus avec deux coups de rein de plus. Atteignant par la jouissance un paradis bien à eux, ils mêlèrent leur cri et leur gémissement. En sueur, le professeur se rattrapa de justesse au matelas pour ne pas flancher et dévora à nouveau les lèvres de son amant qui respirait encore difficilement.

Après quelques minutes à reprendre son souffle, il refit parcourir ses mains sur le corps luisant du médium qui semblait prêt à s’endormir. Le torse collé à son dos et couchés sur le côté, il le mordilla à la base de la nuque et fit descendre ses mains un peu plus bas pour caresser ses cuisses et les forcer à s’entrouvrir un peu plus. Quoi, il croyait vraiment qu’après ces semaines d’abstinence il allait se contenter de ça ? Le jeune homme commença à se débattre à nouveau et à geindre.

- Tant que je serai en colère et que tu douteras, on continuera.

A ces mots il recommença ses caresses sur sa partie sensible et en quelques minutes seulement, la chambre se remplissait à nouveau des gémissements du châtain.

Encore une chose que Ren ne savait pas sur lui. Yûto certes était de nature calme et reposante, sociable à la base et très gentil. Mais…si par malheur on le mettait vraiment en colère, alors il valait mieux se cacher. Et malheureusement, Ren l’avait mis très, mais alors très en colère ! Si en colère qu’il en devint violent avec le corps de son amant, ce corps si réceptif à ses attentions. Et même si ce dernier chercha à calmer le jeu quelques secondes, l’ange reprit bien vite le dessus sur lui et le plaqua sans ménagement au lit, mordant sa peau alors qu’il commençait de brusques mouvements en lui et contre lui. Le médium répondit à ses assauts avec ferveur, écartant un peu plus les cuisses pour qu’il y aille plus profondément, cherchant ses lèvres et voulant les garder quand il les trouvait.

Seulement ça ne suffit plus à Ezeckiel dont le corps en demandait encore et toujours. Ok c’était excitant, mais il en voulait beaucoup plus, niveau sensation. Et pour ça il fallait innover non ? Alors sans hésitation ni considération pour les envies de l’homme en-dessous de lui, il attrapa ses jambes pour le soulever, se pencha en appuyant à l’endroit où leurs deux corps se liaient et recommença ses vas et vient frénétiques en lui, le faisant crier de plus en plus quand il touchait sa prostate à maintes reprises à présent. Il était sûr qu’il appréciait autant que lui ce qu’ils faisaient.

En fait il le savait puisque l’humain s’accrochait désespérément à lui et entre deux gémissements lui demandait d’aller encore plus loin, encore plus vite…ce qu’il s’accorda bien à faire, volontiers. Enfin, il le sentit se tendre sous lui alors il décidé d’accélérer sa libération et reprit son membre en main pour lui permettre d’en finir rapidement. Et ça marcha, puisque Ren lâcha un dernier cri avant de paraitre complètement inerte. Yûto le suivit de près et manqua de s’effondrer sur lui.

Il se serait arrêté là, si le médium l’avait pris tout de suite dans ses bras comme les fois précédentes et ne se serait pas mis dos à lui…comme s’il lui en voulait encore, comme s’il ne le croyait toujours pas. Il passa ses bras autour de lui mais n’eut aucune réponse, ce qui réveilla sa colère qu’il pensait avoir chassée. Ah bon ? Alors ça ne lui avait rien fait ? Il voulait la jouer comme ça ? Très bien.
Alors même s’il était un peu fatigué par tout ça, il recommença à caresser avec ferveur le corps en sueur de son amant.

- Je suis trop fatigué, Yuto.

Quoi, fatigué de le croire ? Fatigué qu’il soit là ? Il lui dit bien qu’il ne comptait pas en rester là tant qu’il agirait ainsi. Il se saisit subitement de son organe sensible et joua à nouveau avec, mordillant sa nuque alors que Ren recommençait à se laisser aller. Mais aussi soudainement, le médium s’échappa de sa prise et couru jusqu’à la porte. Furieux de son geste qui l’insultait personnellement, il couru après lui et arriva avant qu’il ne ferme la porte de la salle de bain.
L’attrapant par les cheveux, il colla son torse à son dos et le saisit fermement par la taille.

- Tu croyais aller où comme ça ? fit-il en lui léchant le bas du cou jusqu’à l’oreille.

Il ne prit pas le risque de vouloir le ramener dans la chambre et l’entraîna avec lui sur le sol de la salle de bain, déjà en train de le caresser et de le préparer à sa venue. Il ne fit pas attention aux petits sanglots de Ren, mais plutôt à ses cuisses qui s’ouvraient de plus en plus alors qu’il s’approchait à nouveau, lui aussi bien stimulé. Sadiquement, il reprit ses lèvres et ondula du bassin contre son entrée, voyant s’il réagissait ou pas.

- Je suis sûr que tu en crèves d’envie petit magicien. Je continuerai jusqu’à être déshydraté s’il le faut. Alors, tu veux ?

Il le caressa un peu partout, lécha langoureusement ses lèvres et sentit Ren céder sous lui, puisqu’il tapa de son entre-jambe contre la sienne, le faisant grogner face à la petite vague électrisante qui l’avait traversé alors. Donc sans attendre plus, il pénétra en lui une nouvelle fois, lâchant un gémissement érotique à se faire damner un saint, lui par excellence. Mais contre toute attente, il ne fut pas aussi violent que les quelques minutes d’avant.

Il y alla d’abord lentement, savourant les sensations qui le traversaient et enfin accéléra un peu, mais avec moins de hargne et plus d’amour pur. Tout l’amour qu’il ressentait pour son magicien remplaça la colère féroce qui l’avait pris avant et il l’embrassa avec douceur, caressant lentement d’une main son grand corps sous le sien. En sueur tous les deux, ils glissaient magnifiquement bien l’un sur l’autre et Yûto ne se permettait que quelques fois de le pénétrer violemment. Assez pour toucher sa prostate à nouveau et le faire pousser de longs gémissements qui résonnaient délicieusement à ses oreilles d’ange.

Il le serra un peu plus contre lui et l’accompagna dans sa montée au 7ème ciel. Cette fois-ci, il le garda dans ses bras pour reprendre leur souffle et il n’y avait plus assez de colère en lui pour continuer à faire ça.

- Tu as toujours été, tu es et tu seras toujours le seul pour moi Ren. Je ne sais pas ce que je dois faire pour battre ses fausses visions mais s’il-te-plait, ne m’abandonne pas pour elles. Je ne suis rien sans toi.

Contre toute attente, il versa une petite larme et se cacha dans le cou de son amant.

- Tu sais que tu peux tout me demander, je te répondrai. Je n’ai pas l’habitude de parler de moi aussi ouvertement. Mais je répondrai à tout. Je ne veux rien te cacher, mais il faut un peu me pousser pour ça. Tu comprends n’est-ce pas ?

L’ange revint devant lui pour l’embrasser doucement, puis lier leurs langues ensembles. Ça lui avait tellement manqué ! Après quelques minutes il se releva en tremblotant légèrement et l’aida à son tour à faire de même. Sans un mot, il ouvrit le robinet de la baignoire et fit couler de l’eau chaude. Devant le regard suspicieux de son petit-ami, il fit un faible sourire.

- Ne t’inquiètes pas, je ne te violerai pas dans le bain.

Il entra dedans, soupira un peu et s’assit dans l’eau avant de lui tendre lascivement la main.

- Tu viens mon amour ?

Il aimait tellement se sentir si proche physiquement de lui, qu’il ne regrettait que peu d’avoir été si violent l’instant d’avant. Ok ce n’était pas correct mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Lui montrer qu’il dominait, que Ren ne pouvait pas faire ce genre de petits caprices tous les jours tout ça parce qu’il avait rêvé, et surtout pour lui prouver que malgré tout, il l’aimait quand même et que ça ne changerait jamais. Lui le croyait dur comme fer, alors pourquoi le médium n’était-il pas de cet avis ?

Dans tous les cas, il réussit à le stimuler assez pour qu’il demande de lui-même à être possédé. C’était grisant de voir la façon à laquelle il était un moment totalement contre, et l’instant d’après totalement pour. Autant de contradiction dans un seul homme, c’était étrange. Mais cette fois-ci, il choisit l’amour plutôt que la hargne et la colère. Parce que c’était ce qu’il ressentait le plus pour lui. Sinon pourquoi serait-il là, à le faire gémir comme jamais sur le sol de leur salle de bain ?

Il y alla donc plus doucement et attentif à ses désirs, alors que la fois d’avant il n’en avait que pour sa propre personne, sa vengeance et son plaisir personnel, ne se souciant pas de ce qu’il pouvait lui faire endurer. Là, il restait calme, passionné tout de même et dans une position tout à fait normale qui ne demandait pas autant de souplesse et d’effort pour la réaliser. En plus là, Ren l’aidait en passant ses jambes autour de sa taille et il lui fit l’amour aussi délicatement et passionnément que possible, avec des moments intenses et des autres purs et doux. Enfin, le magicien s’accrocha subitement à lui alors que l’ange accélérait un peu pour les libérer tous les deux et un rauque commun annonça la fin de ces ébats. Pour la journée.

Cette fois-ci, à son grand bonheur, il ne le repoussa pas quand il tomba sur lui, ses muscles l’ayant lâché. Au contraire il se laissa aller dans ses bras, pour lui dire combien il l’aimait et combien il était sincère avec lui. Ça avait toujours été le cas, non ?

- Je suis tellement désolé Yuto... Je ne voulais pas te blesser... J'ai une totale confiance en toi... Je ne m'en étais pas rendu compte, parce que je voulais me protéger, encore un peu, mais maintenant je sais que jamais tu ne me ferais ce genre de choses.

Il frotta sa joue contre la sienne en reniflant puis déposa quelques petits baisers dans son cou, des baisers innocents pour cette fois, sans arrière-pensée autre que celle de le faire. Parce qu’il en avait envie et que ça ne les engageait à rien. Puis il se releva, vu que Ren ne lui posait pas de questions comme il le lui avait suggéré, et fit couler l’eau du bain, sortant savon et gel douche pour se laver après tout ça. Puis il se glissa dedans et après avoir rassuré le médium sur ses intentions, il lui proposa calmement de venir le rejoindre.

Ce dernier, sachant qu’il ne subirait plus ni torture ni sévices de sa part, accepta et rentra dans le bain à son tour avec un petit cri. Dès qu’il fut installé, Yûto mis du savon à la violette sur ses mains et nettoya en même temps qu’il massa le dos de son amant avec. Il avait bien remarqué maintenant les multiples traces qu’il avait laissées sur son violent passage, et ça ne fit que lui rappeler les mauvaises aventures de Ren avec ces hommes affreux qui le violaient presque ne le marquant de partout. Il pensa alors que s’il y avait bien une seule chose qu’il regrettait, c’était d’avoir laissé de telles traces. L’acte en lui-même, non il ne le regrettait pas. Mais ça beaucoup. Et sa culpabilité amplifia quand il parla.

- J'avais vraiment peur...

Les mains de l’ange se stoppèrent. De lui c’est ça ? Même si sur le coup c’était son but, il ne souhaitait plus que ce soit le cas. Il était si rarement violent…

- Enfin, je veux dire, j'avais peur que tu ne me pardonnes jamais. Je suis un imbécile, Yuto.
- Je sais, mais j’aime mon baka, fit-il en plaisant, soulagé de ses paroles. Mais tu sais, ça vient de moi aussi. C’est mon comportement qui t’as fait penser ça, alors tu n’es pas le seul en faute.

Il posa sa tête sur son épaule et l’embrassa quand il tourna la sienne vers lui.

- J'espère que la voisine est sourde, sinon.... On risque d'avoir des problèmes à lui expliquer.

Yûto rigola franchement et serra un peu plus son magicien contre lui.

- Et bien moi je n’ai rien à expliquer. A part que j’avais envie de toi, point barre. Va-t-elle nous reprocher d’être sexuellement actif ? Et bien oui Ren, c’est fini pour aujourd’hui, mais je ne compte pas avoir un si long moment d’abstinence à chaque fois entre temps ! Il faut assumer, tu m’as rendu accro.

Il rigola encore contre sa peau et quelques minutes plus tard ils sortaient, avec un peu plus de force. Mais apparemment pas assez pour que le médium marche tout seul ! Il craignait de l’avoir abîmé, mais celui-ci lui disait que non. Bon après tout l’ange aussi avait un peu mal aux jambes d’avoir trop forcé sur ses muscles mais il savait que c’était bien moins que Ren.

Alors il l’aida comme il pu à faire à déjeuner pour midi et quelques temps plus tard, ils se mettaient à table pour déguster avec tranquillité. Le repas se passa très bien. Ils prirent le temps de manger, puis d’aller voir la grand-mère pour faire sa vaisselle. Celle-ci les regarda en souriant, comme si elle cachait un secret et chacun des deux hommes pu la voir reluquer l’autre par derrière ! Il faut dire que Yûto s’était habillé avec un jean qui lui moulait vraiment le fessier…

Enfin ils purent retourner chez eux, et vu que le magicien avait encore un peu de mal à se déplacer, il accepta avec difficulté d’aller faire les courses tout seul au combini du coin de la rue.

- Appelle-moi dès que tu trouves que quelque chose ne tourne pas rond, ok ? Et n’ouvre la porte à personne.

Après avoir eut confirmation qu’il agirait ainsi, l’ange pu sortir. Il fit ses emplettes rapidement pour la semaine à venir et c’est quand il sortit en salua le commerçant qu’il le vit dans la rue.
Samuel.
Il était là, et s’approchait de lui avec un grand sourire.

- Que fais-tu là Samuel ?
- Ezeckiel, tu m’as vraiment manqué là-haut tu sais. Je trouve les Cieux bien tristes sans toi.
- Mais tu n’as rien fait pour m’aider à y rester que je sache.
- Désolé, fit l’homme en baissant la tête vers le sol. Tu as du temps à m’accorder ?
- Non, je dois aller rejoindre quelqu’un.
- Ton humain c’est ça ?

Le ton était plus que méprisant et fit se raidir Yûto. Depuis quand son quasi-jumeau parlait-il ainsi des autres ?

- Tu lui en veux pour quelque chose ou…
- Oui, exactement. Il t’a emprisonné Ezeckiel ! Tu es contrains de rester avec lui, tu crois que tu l’aimes mais c’est faux !
- Mais qu’est-ce que tu racontes là ?
- Ta vie est avec moi, est-ce que ça n’a pas toujours été évident ? Même ses prémonitions le disent !

Samuel s’arrêta, se mordant la lèvre.

- J’en étais sûr. C’est toi qui lui a fait voir ça, c’est toi qui l’a fait douter de moi !
- Tu ne peux pas être avec lui, il va mourir. C’est pour ton bien que je le fais. Pour que tu ne souffres pas.
- Je souffrirai bien plus à me faire rejeter par lui. Si tu m’aimes vraiment Samuel, alors laisse-moi être heureux avec celui que j’aime, et n’interfère plus dans ma vie. Je t’estime beaucoup, tu es mon frère. Mais pas plus.
- Tu le regretteras.
- Et toi tu me déçois.

L’ange en face de lui semblait vouloir pleurer et il s’en voulu quand même d’avoir inspiré de tels sentiments en lui pour le décevoir en en aimant un autre. Et le faire devenir méchant, ce que Samuel n’était pas à la base.

- Ne m’en veux pas.
- Je ne ferai plus rien de mon propre chef. Mais s’Il me le demande, tu sais que je n’aurai pas le choix.
- Alors évite-le.
- Je t’aime Ezeckiel. Pour toujours.
- Merci.

Yûto lui serra la main et rentra chez lui après avoir guetté qu’il était bien parti. En entrant, il trouva Ren assit sur le canapé à regarder la télé, emmitouflé dans une couverture en laine et grignotant.
- Fais pas ça, ou tu vas grossir.

- Et je me disais aussi que t'es drôlement sexy, en colère.

Yûto rougit tout de même un peu, à vrai dire il n’avait pas vraiment pensé à ça mais au moins ça le rendait différent des autres hommes violents en amour. Il n’avait jamais entendu Ren dire de ses nombreux compagnons d’un soir qu’ils étaient sexys quand ils le torturaient sexuellement ! Alors ça le rassura un peu.
Ils sortirent du bain totalement réconciliés et allèrent faire à manger ensemble, puis que le médium ne tenait pas un cheveu sur ses pieds.
Après avoir déjeuné comme quatre, affamés par leurs ébats, ils allèrent aider la voisine, qui les regardait d’un air suspect. Bah oui, elle avait beau être vieille, elle n’était pas sourde ! Et il faut dire que le couple, et plus particulièrement Ren, avait fait un bordel infernal, qui avait sûrement réveillé tout le bâtiment si quelqu’un dormait encore ! Ils étaient fichés maintenant…à peine arrivé, il commençait déjà à se faire voir !

En sortant pour aller faire les courses, seul, quelques temps après, il croisa Samuel dans la rue. Il ne le fit pas paraitre devant lui, mais il était vraiment surpris et choqué que l’ange l’aime vraiment depuis tout ce temps, sans qu’il n’ait rien vu. S’il l’avait su plus tôt, est-ce que ça aurait changé à sa vie ? Est-ce qu’il n’aurait jamais sauvé Ren de cette voiture 19 ans plus tôt ? Serait-il avec lui aujourd’hui ? Serait-il déchu ? Tant de questions, qui malheureusement n’avaient pas de réponses.

Il ne put rentrer que lorsqu’il fut sûr que Samuel arrêterait de leur rendre la vie impossible avec ses visions, et il souffla de soulagement en passant la porte, prenant grand soin à la fermer à clé derrière lui. Son magicien était affalé comme une mémé dans le canapé en train de regarder un drama bizarre avec un chat qui parle, se gavant de sucreries.

- Parce que ça te dérangerai que je prenne un peu de joues ?

Il fit des grosses joues qui firent rire l’ange.

- Ça ça ne me dérange pas, mais ça me gênerait de devoir caresser un bidon plein de cochonneries.

Yûto enleva son manteau, ses chaussures et alla ranger les courses, alors que derrière lui Ren faisait son bébé qui avait besoin d’attention.

- Viens avec moi~

Le professeur fit un faux soupir excédé et rejoignit tout de suite son petit-ami dans le canapé pour lui faire d’abord des chatouilles, puis regarder ce drama avec lui.

--------------------------------------------------------

Yûto était revenu du lycée, extrêmement fier de lui et aussi surchargé de travail. L’école organisait une semaine de « fête », ponctuée par des animations diverses, des attractions, des stands, des expositions…et parmi tout ça, des démonstrations de magie. L’ange avait appris que le directeur cherchait un magicien expérimenté, et aussitôt il était allé le voir pour parler de Ren. C’était risqué, sachant que le concerné n’était au courant de rien, mais il était sûr que ça lui plairait, et que ça se rapprocherait de son rêve de se produire en public. Après avoir démontré A sur B que le châtain était LA personne à engager, grâce notamment au début de sa représentation en Italie avec le célèbre magicien, le vieil homme lui avait dit oui et qu’il lui enverrait une invitation spéciale avec un badge VIP, comme tous les professeurs ou animateurs.

Pour qu’il ait la surprise lui-même, le professeur avait gardé le secret, jusqu’à ce soir là. Il s’était assis tranquillement dans le canapé pour lire le journal, comme pas mal de fois, après avoir nettoyé quelques minutes le sol de l’appartement. C’est peu de dire qu’il était propre, sans être maniaque. Il aimait juste que tout soit à sa place et par chance, ça n’avait pas semblé trop déplaire au médium qu’il trie et fasse le ménage qu’il ne faisait jamais. Donc résultat, il était un peu fatigué et savourait son moment de lecture quotidien.

Il entendit Ren arriver mais ne tourna pas la tête quand il l’appela, ni ne lui répondit parce qu’il se doutait bien qu’il savait qu’il était là. Avant qu’il n’ait eu le temps de dire ouf, le jeune homme se jetait sur lui et entourait son cou de ses bras, un large sourire craquant aux lèvres et les yeux brillants.

- Tu es à l'origine de ça ?

Ezeckiel se félicita d’avoir jugé juste pour l’envoi du billet, et sortit le sien de son sac à côté de lui.

- Ça ? ça se pourrait. Je crois avoir brièvement parlé de toi avec le doyen…
- C'est GENIAL pas vrai ? J'ai toujours rêvé de jouer à un festival Yuto ! Ça me fait penser à...à...

Il savait bien à quoi ça le faisait penser, et il sourit lui aussi alors que le médium lui brisait les os des jambes en sautant dessus.

- Eh eh ! Stop là. Ou moi je ne pourrai pas y aller…T’as intérêt à les souffler.

Evidemment qu’il soufflerait tout le monde ! Ses tours étaient…magiques, c’était peu de le dire !

- Les élèves étaient excités en apprenant qu’ils te reverraient pendant une semaine. Ils n’ont pas arrêté de papoter sur l’Italie et toi pendant toute l’heure de cours ! Je vais devoir te punir pour ça…non ?

Il enfouit sa tête dans son cou et l’embrassa, avant de venir mordiller son oreille gentiment. Mais non, il ne comptait pas aller plus loin ce soir, il était VRAIMENT fatigué et les préparatifs étaient énormes.

- Au fait, tu seras rémunéré pour la semaine. Et ils cherchent de l’aide supplémentaire pour mettre en place le festival, ça te dit de venir avec moi et les élèves demain pour nous occuper de notre stand ?

Il s’attendait bien à la réponse, qui fut par contre très enthousiaste, et il regarda l’heure à sa montre.

- Ne, j’ai très faim. Ça te dit le petit resto au coin de la rue ?

Et voilà, ils étaient partis à pieds pour aller manger et se régalèrent en s’empiffrant de tas de plats qui équivalaient à une entrée dans un restaurant quatre étoiles ! Quand ils furent rassasiés, ils restèrent un peu à papoter entre eux puis avec le barman et le directeur, puis ils rentrèrent chez eux, passèrent dire bonsoir à la voisine et voir si tout allait bien chez elle, et enfin Yûto passa la porte de l’appartement, fatigué. Il se massa rapidement la nuque en grimaçant et se prépara pour aller se coucher, mettant le réveil à 7h50 du matin, le temps de tirer Ren du lit, de se préparer et d’aller en voiture au lycée pour 9h.

L’ange s’assit sur le lit et tira sur son cou et son dos pour les détendre. A ce moment-là, deux mains se posèrent sur sa nuque et commencèrent à démêler le sac de nœud qui s’était fait dans son dos et le long de sa colonne vertébrale.

Il était vraiment content que le doyen ait accepté de prendre Ren, ça arrangeait tout le monde : le directeur, lui, le magicien et les élèves qui mourraient d’envie de revoir son petit-ami, surtout depuis qu’ils avaient appris qu’ils habitaient ensemble ! De vrais curieux…mais il les adorait. Ils rendaient son quotidien quand il n’était pas avec Ren plus joyeux et amusant.

Il taquina le médium en lui disant que bon, quand même, ne méritait-il pas une récompense ? Ou alors lui une punition…non non, pas du genre de la dernière fois quand même, mais approchant. Celui-ci rougit, toujours imprégné de ces merveilleux souvenirs de la bestialité et la violence de Yûto. Ça ne l’empêcha pas de le tenter sérieusement.

- Il va falloir que tu attendes la fin du festival, mon ange. J'aurais pas l'air malin sur scene si je n'arrive pas a marcher. Fit il avec une petite moue accusatrice.
- Aaaaah~ alors la punition n’en sera plus grande, petit magicien.

Son visage frôla le sien et avec un sourire il lui fit part des détails financiers et lui proposa de venir aider. C’étaient les élèves qui en avaient fait expressément la demande et l’un comme l’autre s’en réjouissait. L’ange trouvait qu’il ne passait pas beaucoup de journée avec lui, juste les soirs et des week-ends quand Ren ne faisait pas une représentation.

- Bien sur que je veux ! Je vais préparer des snacks pour tout le monde ! Je suis vraiment heureux de pouvoir tous les revoir !

Il rigola, l’attira encore contre lui et lui proposa d’aller manger pas loin. Comme il le souhaitait, le jeune homme accepta et ils sortirent main dans la main aller se goinfrer de cochonneries grasses, mais si délicieuses. Ils rentrèrent pas mal de temps plus tard, le professeur encore plus fatigué qu’en partant. Il alla tout de suite dans la chambre se changer pendant que le médium faisait ses snacks pour le lendemain.

Depuis quelques temps, il avait souvent mal au dos et au cou. Ça ne l’inquiétait pas plus que ça, la fatigue de tous les évènements sûrement. Mais au fond de lui il savait et se refusait à dire que c’était plus à cause de son soi-disant « réveil ». Ren le trouva assis sur le dos, grimaçant en se frottant la nuque.

- On est tendu professeur ?
- Un peu.

Il le laissa le masser, puisqu’il le faisait si bien et il se détendit peu à peu. Il fut surpris tout de même qu’il s’arrête si vite.

- Tu as souvent mal au dos en ce moment ? Ça ne peut pas etre lié à tes ailes ?
- Non c’est…ce n’est rien. Je suis juste un peu fatigué et stressé. Un inspecteur doit venir bientôt dans ma classe.

Il ne mentait pas, vu qu’un inspecteur devait vraiment venir. Mais ce n’était pas seulement la seule raison de ces douleurs. L’ange se coucha dans le lit le temps que le magicien aille se changer et l’accueillit dans ses bras quand il revint.

------------------------------------------

Pour une fois, ce fut lui qui ne voulu pas se lever, grognant dans son oreiller alors que Ren était déjà debout, ce qui était rare. La perspective de la semaine sûrement. Pourtant Yûto fut vite levé lui aussi quand il lui promit de s’offrir à lui le moment venu. Hors de question de rater ça ! Il fut rapidement prêt et bientôt ils étaient partis en voiture pour le lycée. Ils arrivèrent à l’heure, mais déjà des professeurs, des animateurs, des organisateurs et des élèves couraient partout pour tout mettre en place. Le plus gros était fait.

- Ça ne te rappelle pas des souvenirs ?
- Bien sûr que oui, j’étais avec toi.

Même si le médium ne s’en était jamais rendu compte du tout pendant son passage au lycée ! Ils passèrent devant chaque stand, jusqu’à arriver vers celui de la classe de Yûto. Bien évidemment, ils devaient respecter certaines règles et le choix de l’activité devait correspondre avec la spécialité choisie par les élèves. Donc ici, le théâtre. Ils avaient tous prévu des costumes différents et feraient des petites pièces ou des sketchs pour distraire les passants. Bien que ça paraisse simple, ça ne l’était pas vu que les jeunes avaient dû apprendre des centaines de répliques, n’étant que moins de 20 pour assurer la semaine entière et se relayer. Ils faisaient du 9h30-18h, ce qui était déjà un exploit.

L’ange devait aussi participer de temps en temps, en tant que remplacement en cas de fatigue ou de casse. Il y était préparé mais n’espérait pas trop intervenir quand même. C’était une chance pour les étudiants de mettre en pratique les cours et de se représenter en public, vu que lui n’aimait pas particulièrement ça…trop timide ? Sûrement !

A peine arrivés, les jeunes adolescents se ruèrent sur eux pour dire bonjour au médium, lui aussi apparemment très ravi de les revoir. Ils papotèrent rapidement pour que le magicien leur donne de ses nouvelles et Yûto poussa tout le monde à reprendre leurs tâches. Ils devaient construire la scène pour les pièces de théâtre et chacun avec pinceau, pot de peinture, clous et marteaux en mains pour finaliser le tout. C’était déjà bien avancé et il en était très fier.

Le professeur aussi releva ses manches, monta vers eux et commença à fixer des bars pour les rideaux entre elles. Et pour couronner le tout, il faisait très chaud, si bien qu’ils durent pour certains se déshabiller un peu plus. Bien que ce soit laborieux, l’ange aimait ce genre de travail fait de ses propres mains, il n’y avait qu’avec ça qu’on pouvait être fier de soi-même, c’était ce qu’il répétait à ses élèves à l’instant même, alors que de l’autre côté Ren les faisait rire en imitant l’ange. Pour se venger, il lui lança de l’eau dessus et s’ensuivit une petite bataille que seule la faim pu arrêter.

Là, les snacks préparés par son petit-ami s’avérèrent utiles.

- Tsukushi, tu as de la chance ! Une femme te fait à manger…

Deux clans commencèrent à se former, rien de méchant évidemment, entre les élèves qui prenaient le parti de l’un ou l’autre. C’était amusant, et lorsqu’ils eurent fini leur nourriture, ils se remirent au travail.
Plus la journée avançait, et plus il faisait chaud. Pour féliciter les personnes présentes de leurs efforts, le doyen les prévint qu’un barbecue était organisé à 19h le soir-même, sur le toit du lycée. Voilà de quoi vous pousser à travailler, ne ?

Il y avait déjà pas mal de monde, ses élèves étaient d’ailleurs tous là et travaillant activement. Ça lui faisait plaisir de voir qu’ils y mettaient autant d’énergie et surtout de plaisir. Ça comptait vraiment pour lui.

- Vous êtes géniaux ! C'est un vrai chef d'oeuvre !

Il le pensait aussi, mais se contenta de calmer la vague de jeunes qui déferlait vers eux. Ah oui, il avait oublié de dire que Maria s’était trouvée un copain dans une des autres classes, ça lui était complètement sortit de la tête ! Mais bon, le médium dû s’en douter quand celle-ci lui dit bonjour poliment et sans arrière pensée. Du moins si elle en avait, il ne les vit pas.

Tout de suite, il demanda à ce que le travail reprenne et ils obéirent tous, même Ren. Il faisait énormément chaud mais ça ne les empêchait pas d’avancer très bien dans leur devoir : mettre en place ce fabuleux décor, réplique identique ou presque du Panthéon de Rome, dont tous se souvenaient très bien, l’ange plus que personne. En construire un lui faisait toujours se rappeler son vieil ami et d’un regard, le magicien le comprit. Il était heureux d’être là, à aider et avoir un projet concret qui plaisait.

Bientôt ils se chamaillaient comme des gosses à cause de Ren qui s’était moqué ouvertement de lui, et des élèves qui avaient suivi. Bah quoi ? Il avait le droit de dire des choses sérieuses et vraies non ? Il fit ensuite la moue, jusqu’à ce que le médium sorte la nourriture des sacs et en distribue à tout le monde, lui y compris évidemment. Il s’assit à côté de lui et déposa un baiser sur sa joue avant de mordre à pleine dents sa boule de riz.
L’un des élèves dit alors une petite remarque qui ne plu pas à son petit-ami, et pour cause, il le traitait carrément de femme !

- Hey Baka ! Se plaignit l'intéressé. Je ne suis pas une femme !
- Ou pas.

Fit le professeur en lui rappelant d’un regard leurs petits « échanges » au lit. Il faut dire que dans ces moments-là, Ren faisait effectivement plus la femme que lui, même s’il ne le voyait pas vraiment ainsi non plus. Yûto rigola tout seul en écoutant le débat que le médium avait lancé sur : pouvait-il être considéré comme sa femme dans leur couple, vu que aucun d’entre eux ne s’imaginait le professeur se soumettre à son petit-ami ! Et sachant qu’à cet-âge, les jeunes étaient bien portés sur la chose…

Finalement, après l’annonce du barbecue, ils recommencèrent à travailler et ce fut fiers d’eux qu’ils admirèrent leur stand, vraiment très beau. La peinture séchait encore, mais ce serait largement prêt pour le lendemain !

- Je crois qu'on a le droit d'aller diner maintenant pas vrai ?

Tous le monde acquiesça avec enthousiasme et, affamés, ils se précipitèrent joyeusement sur le toit de l’école, pendant que l’ange traînait derrière avec son petit-ami, balançant leurs mains liées et respirant l’air frais de fin de soirée.

- En fait, tu avais raison. Ça fait du bien d'utiliser ses mains. Il rit un peu. Tu as fait du beau travail. Qui aurait crut que tu étais aussi fort !
- Tu as bien aidé aussi. Eh, tu crois que ces muscles servent à quoi ? fit-il en faisant l’idiot avec ses bras.

Ils rigolèrent un bon coup et montèrent les escaliers, jusqu’à passer la porte en fer menant au toit. Il y avait déjà beaucoup de monde, ses collègues, le doyen et tous les élèves, plus quelques animateurs et des invités qui avaient aidés à la conception. Un grand buffet avait été étalé autour duquel ils bavardaient tous activement. Personne n’était laissé à part, ce qu’il appréciait particulièrement dans ce lycée.

Evidemment, les regards se tournèrent vers eux quand ils entrèrent, et surtout vers leurs mains liées. A vrai dire il n’avait pas eu le temps de penser à ça mais ne se sentait pas gêné pour le moins du monde. Ren était son petit-ami, le magicien du festival, et alors ? Franchement, qui ça pouvait gêner ?

Et bien pas ses collègues, la plupart assez ouverts d’esprit ou s’en foutant comme leur première couche-culotte. D’ailleurs il passa son bras autour des épaules du médium, montrant bien qu’il était avec lui. Le professeur de mathématique, un homme dans la trentaine marié à l’épicière du coin qui avait aidé au buffet, et donc qui était présente avec sa petite fille de 2 ans, vint vers lui en lui souriant et s’inclina furtivement devant eux.

- Tsukushi-san ! On désespérait de te voir ! C’est ton compagnon ?
- Oui, je te présente Manobu Ren, je l’ai conseillé au directeur comme magicien pour le festival.
- Bonne idée ! Il me semble l’avoir déjà vu quelque part…mais venez avec nous ! Heureux de vous rencontrer Manobu-san. Oh et je suppose qu’on peut se tutoyer non ?

Et oui, le professeur de maths avait la langue bien pendue et parlait énormément beaucoup, ce qui sembla au début déstabiliser mais comme Yûto, il finit par s’y faire rapidement. De toute façon il fallait bien des personnes pour parler, et d’autres pour écouter, comme la professeure d’arts plastiques, qui passait son temps à hocher la tête comme Oui-Oui !
L’ange présenta ainsi Ren à tous les professeurs et au doyen, qui le félicita et remercia d’être venu les aider. Il le conduisit ensuite vers le buffet et pendant qu’il remplissait leurs verres de coca, il lui dit toutes les petites particularités des profs, comme celui qui avait pour habitude de mettre des craies dans sa poche, l’autre qui refusait de manger du côté droit de la table, la professeure de français qu’il n’avait jamais vu manger avec des baguettes…ça les fit rire pendant quelques minutes.

Ensuite ils firent un jeu de cartes avec quelques élèves de classes mélangées, allèrent se chercher une assiette remplie de toutes les victuailles qu’ils partagèrent, assis sur le petit muret. Le soir tombait et le soleil se couchait, créant une jolie couleur orange et violette sur le toit. Il ne faisait pas froid du tout.

- Hey Tsukushi ! Tu viens t’assoir avec nous ? Toi aussi Ren-kun ?

Bizarrement ils arrivaient plus à parler familièrement avec le médium qu’avec lui, ce qui était compréhensible vu qu’il était leur professeur. Ils descendirent main dans la main du muret, un des garçons alla reprendre à manger pour tout le monde et ils s’installèrent en rond pour papoter de toute et n’importe quoi. Adossé contre le mur, Yûto tenait le magicien dans ses bras, qui avait posé sa tête contre son torse et jouait avec sa main, et parlait avec vivacité, souriait souvent et lançait des petits regards amoureux à son petit-ami, lui baisant le front soudainement. Ce qui déclenchait d’ailleurs de jolies exclamations de la part de tout le monde, élèves et professeurs compris.

Car bien sûr, ils ne connaissaient l’ange que depuis quoi…4 mois ? 5 mois ? Et ne savaient pas qu’il avait un copain, et encore moins qu’il pouvait paraitre si amoureux et moins « cool », ce qu’il ne cherchait pas vraiment non plus. Et puis il pouvait être drôle quand il le voulait… au final tout le monde vint s’assoir en cercle pour partager des souvenirs, des impressions sur telle ou telle chose qu’ils avaient lu et vu…

Yûto ne voulait pas que ça s’arrête, tellement il était bien là, entouré de ses amis et tenant la personne la plus chère à ses yeux dans ses bras.

- Vous ressemblez à un couple de jeunes !

C'est vrai qu'ils agissaient comme le couple qu'ils avaient eux-mêmes formé en Italie entre les deux élèves de sa classe, et qui se bécotaient gentiment en se disant des mots doux, puis revenaient dans la conversation comme si de rien n'était.
Et avec l’alcool, les langues se délièrent.

Yûto savait parfaitement bien que ses collègues accueilleraient bien Ren. Ils étaient ouverts d’esprits et sympathique, ce que prouva tout de suite le professeur de math en leur sautant dessus. Il les entraîna avec eux après s’être présenté et tous de suite ils passèrent de discussions à discussions sans pouvoir arrêter. Enfin, après 30 minutes à s’échauffer la langue, il pu kidnapper son petit-amie et l’emmener manger et boire, parce que bon eux aussi étaient affamés !

Là, il réussit à rester seul avec lui quelques minutes, mais oui, quelques minutes seulement. Les élèves les interpellèrent pour qu’ils viennent jouer avec eux et il ne dit pas non lui aussi vu que bon, la basse de cette soirée était de partager un moment ensemble et de ne pas rester dans son coin ! D’ailleurs, si on regardait bien, pas une seule personne ne se trouvait abandonnée. Ça faisait plaisir à voir, surtout pour lui qui aimait de plus en plus voir les humains sous cette facette.

Tenant son médium bien calé dans ses bras et le caressant doucement pendant qu’ils papotaient, il profitait de cet instant magique de réunion avant l’horrible semaine qui les attendait à partir du lendemain. Mais comme depuis quelques minutes malgré ses efforts, la conversation retomba encore sur eux.

- Et pourtant on ne dirait pas mais c'est un vieux radoteur !
- Tu sais ce qu’il te dit le vieux radoteur ?

Il fit rire tout le monde en chatouillant son petit-ami qui, rouge de rigoler et rougissant, finit par lui donner un petit baiser sur la joue, qui fit siffler les lycées, bien évidemment. Des jeunes de cet âge n’en loupaient pas une !

Ensuite ils parlèrent de l’arrivée de Yûto au lycée, en catastrophe vu qu’à la base il ne devait être que prof remplaçant et que, le précédant enseignant ayant lâché prise pour cause médicale, il était devenu professeur permanent. Il faut dire aussi que sa classe, avant qu’il n’arrive, était une vraie anarchie ! Il avait eu du mal à les remettre à l’ordre, mais avait réussi, la preuve devant leurs yeux !

- C'est merveilleux de voir que vous êtes aussi unis malgré votre malchance.
- Malchance ?

L’ange se tendit comme un arc à cette phrase, pourtant anodine. Il fixa le professeur, essayant de voir en lui un ange dissimulé mais rien. C’était juste une remarque comme une autre, et surtout un compliment. Pourtant il n’arrivait pas à se détendre et ne savait pas quoi répondre.

- Et pourtant, rien de ce genre ne nous ait arrivé ici. Peut etre que ce n'était que passager. La poisse je veux dire. On a toujours des moments comme ça pas vrai ?

Ça fit rire tout le monde, un peu Yûto mais pas assez pour le détendre complètement. Sa crainte s’était réveillée et Ren dû attirer son attention parce qu’il commençait à regarder partout autour de lui à la recherche de démon ou d’anges. Instinctivement, il chercha à cacher sa marque, mais se souvint qu’il était en T-shirt sans manche.

Heureusement, le prof de math proposa un jeu pour le moins intéressant, pour celui qui ne le subissait pas bien entendu. Le jeu d’action ou vérité. Vu que tout le monde connaissait les règles et le principe, ils commencèrent par les élèves, chacun se posant une question ou une sentence. Un des professeurs dû avaler une bière entière cul-sec parce qu’il n’avait pas voulu dire où il allait pendant les vacances. Enfin, ça tomba sur Ezeckiel.

- Action ou vérité ?
- Vérité.

Il pensait ça plus facile.

- Ahah génial, fit l’élève en regardant ses camarades, une lueur dans les yeux. Alors Vérité. De toi et Ren-kun, qui fait l’homme et qui fait la femme au lit ? Si tu ne réponds pas, tu devras te balader en sous vêtements tout le reste de la soirée !

Contre toutes attentes, et surtout les siennes, les professeurs furent d’accord avec ça. L’alcool sûrement, associé à l’ambiance. Le pauvre ange regarda son petit-ami qui le suppliait silencieusement de ne pas répondre, ce qui serait violer leur intimité et confirmer la théorie de sa classe le matin-même comme quoi le médium se faisait dominer par son petit-ami ! Mais Yûto ne se voyait pas passer le reste de la soirée en boxer…

- Je suis l’homme, il est la femme.
- Je le savais ! Donc vous avez déjà couchés ensemble ?
- C’est une autre question ! Tu triches !
- Ayo…Mais ça confirme ce qu’on disait ce matin, non ?

Le professeur lui mit un bout de gâteau dans la bouche pour le faire taire pendant que Ren, lui, criait haut et fort que c’était injuste. Il se tourna alors vers la personne en face de lui et lui demanda Action ou Vérité. Le jeu continua longtemps comme ça, sans qu’il ne souhaite l’arrêter. Ils apprenaient pas mal de choses, indiscrètes parfois mais que certains auraient oubliés dans quelques heures, c’était sûr ! Yûto, lui, s’amusait beaucoup à entendre tout ça. Ainsi il en avait appris plus sur ses collègues et sur ses élèves.
A un moment on lui demanda en action de faire des pirouettes et, agile comme pas deux, il les fit avec grâce et sans tomber. Ce qui choqua le prof de sport.

- Tsukushi ! Je te veux en démonstration mardi prochain, 16h !

Tous rigolèrent et il se rassit à sa place, bien blotti contre son petit-ami.

L’heure touchait à sa fin, le jeu aussi. Quelques personnes étaient déjà parties, les autres n’arrivant pas à se décider à le faire, tout comme eux à vrai dire. La dernière question leur fut posée à tous les deux. En Vérité (c’était mieux que de se rouler une pelle devant une trentaine de personne qui n’attendait que ça ! En plus ça l’avait assez bien excité.).

- Comment vous vous êtes connus ? Enfin, quelles circonstances, où…ce genre de chose quoi.

L’ange déglutit. Que répondre ? Qu’ils s’étaient connus quand Ren avait 5 ans ? Qu’il l’avait sauvé d’un accident de voiture et que 19 ans plus tard à le surveiller, il l’avait à nouveau sauvé d’un viol de rue ? Qu’il l’avait empêché de se suicider ? Que dire ?