- Yuto...appela le jeune homme en tirant doucement sur la manche. Ce n'est rien Yuto.

Quelqu’un le connaissant, comme Ren, pouvait voir la veine de son cou tressaillir, ses muscles se tendre, rendant presque vivant la marque sur sa peau. Aux aguets comme une biche apeurée, il guettait en silence chaque personne qui était là. Puis se détendit vu qu’il ne sentait rien et que son petit-ami semblait en confiance. Mais il se promit de garder un œil ouvert.

Le reste de la soirée se passait très bien par contre, surtout avec ce jeu des actions-vérité, qui le faisait beaucoup rire…quand ça ne tombait pas sur lui. Malheureusement, il avait eu le malheur de dire vérité, et aussitôt la question sur leur position pendant une relation sexuelle ressortit. Pourquoi tout le monde pensait qu’ils l’avaient déjà fait ? Etait-ce écrit sur son front : j’ai couché avec mon petit-copain à côté de moi ? Enfin bref, il était aussi hors de question de se ridiculiser devant toute l’école et perdre son autorité en se mettant en boxer, alors il choisit la première option. Qui ne plu évidemment pas à Ren qui se trouvait embarrassé et un peu humilié. Mais en quoi était-ce humiliant de se faire prendre par l’autre ? Ah si…lui n’aimerait pas. Comme si…on lui enlevait de sa virilité.

- C'est pas vrai ! C'est pas juste !

L’ange le prit encore plus dans ses bras pour le réconforter, ce qui marcha au bout d’un moment, vu qu’il commença à se calmer et à laisser les autres jouer au lieu de râler et de bouder. Malheureusement, c’était la soirée des questions personnelles, et la prochaine fut bien pire pour lui. Mais ils devaient s’y attendre, à ce qu’on leur demande comme il s’était rencontré. Pourtant il n’y avait pas pensé jusqu’à maintenant et ne pu rien dire, restant muet comme une carpe pendant que le médium cherchait lui aussi quoi dire. Ça sembla suspect jusqu’à ce que le châtain prenne la parole, donnant une réponse qui n’était pas tout à fait juste, mais pas fausse non plus.

- En fait, je l'ai connu au Japon, quand j'avais cinq ans.... Il m'a sauvé la vie.
- Si jeune ! T'étais déjà un héros Tsukushi.
- Depuis on ne s'est jamais quittés !
- Je ne l’ai pas vraiment « sauvé », il allait juste traverser au mauvais moment et je l’ai poussé pour éviter la voiture. Et on n’habitait pas dans la même rue et ne fréquentions pas la même école. Disons que…on se retrouvait à certains moments de nos vies, et qu’au bout d’un moment oui, on ne se quittait plus.

Ça finit de les convaincre, et heureusement pour eux ! Le jeu se termina peu de temps après. Il dit lui aussi au revoir à tous ses collègues, leur souhaitant bonne chance pour le lendemain. Il eu à peine le temps de se retourner pour voir Ren tituber en arrière et le rattraper habilement avant qu’il ne se cogne la tête par terre.

- Un d'eux... C'était un ange.

Il en était sûr. La phrase sur leur malchance n’était pas anodine. Même si le professeur n’y était pour rien, ça lui avait été insufflé. On les guettait, évidemment. L’ange grimaça, regardant autour d’eux mais ils furent bientôt les deux derniers. L’ange avait disparu.

- Rentrons, Yuto.
- Mmmh.

Il passa un bras sous le sien et l’aida à marcher jusqu’à ce qu’il en soit capable tout seul, et ils rentrèrent en voiture. Le médium s’endormit rapidement, mais lui restait inquiet. Comment allait se passer la semaine, si par exemple Matthias refaisait une apparition en plein festival ? Il se promit d’être prudent.

Yûto le coucha en premier et alla se changer dans la salle de bain. En enlevant son T-shirt, il sentit comme un nœud dans son dos et passa sa main dessus. Il cru sentir alors une bosse sur son omoplate et fronça les sourcils. De l’autre côté aussi. Il les massa quelques secondes et sa peau redevint lisse et plate. Etait-ce son imagination ? Pourtant il ne sentait pas ses ailes sur le point de sortir…
Il alla se coucher à son tour, toujours avec ce mal de dos.

(…)

Cette fois-ci il se leva en premier, prêt à affronter la journée et avec un peu moins de souci. S’il voulait que la journée se passe bien, il ne devait pas voir noir dès le début ! C’est ce qu’il se disait en sautant sur son petit-ami pour le réveiller. Celui-ci sortit peu de temps après et après avoir bien mangé, l’ange prit des sous et des sandwichs au cas où ils n’aient pas le temps de passer par la cafet’. Il mit de la musique entraînante dans la voiture et ils firent les idiots en chantant, ce qu’ils n’avaient jamais fait et leur fit du bien à tous les deux.
Ils n’étaient pas les premiers à arriver, mais pas les derniers. Yûto prit le médium par la taille et l’embrassa.

- A tout à l’heure mon amour, je viendrai te voir dans l’après-midi ! Travailles bien et on se retrouve à midi !

Il avait l’impression de le quitter pour toujours à cet instant-là. Bien qu’ils aient chacun leur boulot, cette impression ne se collait qu’à cette occasion. Il l’attira donc contre lui et lui vola plusieurs baisers, sans réussir à le quitter. Ce fut Ren et ses élèves qui l’obligèrent presque et chacun partit de son côté de la fête.

Le professeur n’eut pas beaucoup l’occasion d’y repenser après, vu que leur stand demandait beaucoup d’attention, de mémoire et d’organisation. Il dû vérifier que tous les costumes étaient là, que le souffleur était présent, que l’estrade tenait bien pour ne pas avoir d’accident et que les répliques étaient bien apprises. On l’aurait dit presque plus stressé qu’eux ! En même temps c’était la première fois qu’il participait à ce genre d’évènement. Finalement les premier sketchs, qui dureraient 30 minutes et au nombre de 6, ce qui était long en soit, commencèrent et il pu se poser sur une chaise à l’écart avec les autres. Il faisait déjà chaud alors il retira sa veste et resta en marcel noir. Il guetta le moindre problème, mais rien.

Pendant ce temps-là quelques élèves allèrent faire d’autres attractions en attendant que leur tour arrive pour la pièce et il entendait beaucoup de bruit venir de loin. Il crut même entendre la voix de son petit-ami, mais sûrement était-ce son imagination ! Les 30 premières minutes furent un succès, et 10 minutes plus tard ils embrayaient avec l’autre moitié des élèves, excités et fins prêts pendant qu’il félicitait les autres qui allaient se reposer et s’amuser. La matinée ressembla donc à ça.

C’est en rangeant les affaires derrière avec un de ses élèves que son dos le lança soudainement et il tomba à genoux par terre avec la tête qui tournait. Il gémit de douleur et aussitôt le jeune homme s’accroupit vers lui, l’air inquiet.

- Tsukushi ça va ? Vous avez mal quelque part ? Est-ce qu’il faut que j’aille chercher quelqu’un ?

Il hocha négativement de la tête, ayant trop mal pour parler. Il avait encore plus mal que d’habitude, comme si on commençait à lui arracher quelque chose du dos. Il cria quand une main frôla son dos.

- Tsukushi…c’est normal que vous ayez deux drôles de bosses dans le dos ?

En entendant ça, le professeur se releva tout de suite, l’air catastrophé et se retint de justesse à une chaise pour ne pas retomber. Son élève semblait vraiment inquiet.

- C’est juste un coup de chaud, j’ai besoin de boire. Toi aussi d’ailleurs.
- Vous êtes sûr ? Vous ne voulez pas que j’appelle…
- Ne dis rien à Ren. Ne dis rien à personne. C’est un secret, tu te rappelles en Italie ?
- Ah, le trouble bipolaire ? C’est ça ?
- Oui. Et bien là c’est pareil. Je suis juste un peu fatigué et déshydraté. Pas la peine de le dire à qui que ce soit.
- D’accord. Et pour votre dos ?
- …tu as dû mal voir, ou exagérer. Mes os ressortent naturellement, ce n’est rien.

Il s’en voulait de lui mentir, quoi qu’il ne sache pas lui-même ce qu’étaient ces deux bosses dans son dos ! Enfin toujours est-il qu’il réussi à convaincre le jeune homme qu’il avait eu un accès de chaud et rien d’autre, et que ce n’était pas la peine d’en parler. 15 minutes après, le dos à nouveau lisse et plat et le mal de tête et de dos partis, il se dirigea vers la cafétéria pour rejoindre Ren et manger.

Réveiller Ren, c’était comme réveiller un gamin de 8 ans pour qu’il aille à l’école. Et vas-y que je grogne, que je me cache sous les draps, et j’en passe des meilleures. Et comme tous les enfants, seule la promesse d’un gros câlin une fois de bout marcha. Après ce fut rapide, ils furent vite prêts à partir.
Attendant dans l’entrée, il regarda avec un œil bien alerte le costume de son petit-ami qui le cintrait parfaitement et était magnifiquement coupé.

- Une semaine mon ange~

Il fit un petit sourire et vint déposer un baiser dans son cou.

- Hâte d’y être.

Ils prirent ensuite la voiture et arrivèrent rapidement au lieu du festival, où il y avait déjà pas mal de monde. L’heure était venue de se séparer pour vaquer chacun à ses obligations et avec tout ce qu’il s’était passé, encore hier, il avait l’impression de le quitter pour toujours…comme s’il ne le reverrait pas. Alors il retarda plus que de raison le magicien, ce jusqu’à ce que ce ne soit plus possible.

- Bye, et ne fais pas de bêtises !

Il le prit par les hanches pour l’attirer à nouveau contre lui et l’embrassa une dernière fois avant de le laisser partir vers son stand. Lui alla ensuite au sien, où il y avait déjà beaucoup d’agitation. Il n’y eut cependant aucun problème, en tout cas pas pour les représentations qui amenaient de plus en plus de gens. Comme pour les tours de magies un peu plus loin, dont il entendait des remarques positives, leurs pièces de théâtre amenaient surtout les parents et leurs enfants. Mais on voyait aussi souvent des personnes âgées, quelques étudiants qui venaient voir leur frère et sœur, ou juste leurs amis se reproduire. Le tout dans une ambiance conviviale qui ne le força pas à intervenir. Ses élèves s’en sortaient très bien tout seul et il avait l’impression d’être inutile.

S’il avait prévu que ça reviendrait, il aurait fait en sorte qu’un des garçons de sa classe ne soit pas là. Mais on ne choisit pas ce genre de chose, et surtout quand ça arrive. La douleur dans son dos prenait de plus en plus d’ampleur quand elle le prenait subitement. L’ange avait dû s’accroupir par terre pour supporter ce tiraillement au niveau de ses omoplates et de ses ailes et une peur panique l’avait pris en entendant la phrase de son élève sur les deux bosses dans son dos. Avec de la chance, il réussit à faire passer ça pour de la fatigue et de la déshydratation, en plus d’une illusion d’optique. Quand le jeune homme partit, il se massa le dos comme il pu et attendit que les excroissances disparaissent pour aller manger, ce qui prit bien quelques minutes.

C’est pourquoi quand il arriva pour se servir, ils étaient déjà tous là. Yûto prit de la viande froide, de la salade et un fruit pour caler son estomac le reste de l’après-midi. En arrivant à table, il pensait encore à ce problème de dos et se reprit de justesse devant Ren, qui le regardait bizarrement.

- Quelque chose ne va pas, Yuto ?
- Tout va bien, fit-il d’un air rassurant. Alors, ta matinée ?

Il commença à manger alors que le magicien lui racontait tout ce qu’il avait fait, vu et tout ce qu’il en pensait. Il hochait quelques fois de la tête en le regardant, souriait un peu et dû par deux fois intervenir parmi les lycéens pour les calmer un peu.

- Des sponsors ?
- Tu sais ce que ca veut dire ? C'est incroyable. Je....
- Tu le mérites Ren.

Il le pensait vraiment, même si pour l’instant son problème de dos l’empêchait de réfléchir à autre chose. L’ange était heureux qu’il lui arrive enfin quelque chose de bien, après tous ces malheurs et cette maladie qui ne le quittait pas.

- C'est grâce à toi...avant de te connaître, je n'aurais jamais pu imaginer ce genre de miracles...Merci Yuto...
- Ce n’est pas moi, enfin techniquement non. Il suffisait juste que tu aies confiance en toi. Le reste se fait tout seul.

Il lui sourit tendrement et hésita quelques secondes avant de l’embrasser aussi plus que de raisons, lui rappelant cette promesse de fin de semaine qui effaça les malheurs dans sa tête. Il lui attrapa même la nuque pour faire glisser sa langue dans sa bouche, provoquant des remarques perverses de la part de ses élèves. Quand il fut vraiment rassasié, il se tourna vers eux.

- Eh, je suis professeur, pas un robot. Si je veux embrasser mon petit-ami, je le fais. Ce n’est pas un évènement interplanétaire. Viens-là toi.

Yût prit le bras du médium et le tira jusqu’à lui pour qu’il s’assoit sur ses genoux le reste du repas. Ensuite ils repartirent tous travailler et pour le théâtre, tout ce passa bien à part un moment où un enfant de 4 ans avait renversé un carton de costumes, le prenant sur la tête et pleurant pendant des heures.

Vers la fin de l’après-midi, il alla regarder Ren faire de la magie et sourit en voyant à quel point il s’en sortait non seulement avec ses tours, mais aussi avec les humains. Mine de rien, il avait un bon contact, surtout avec les enfants qui voulaient toujours aller à côté de lui pour les tours. Vers la fin, il se retira et alla s’assoir sur la pelouse du stade, là où les stands de nourriture affluaient. On voyait l’orchestre jouer un peu plus loin et des personnes organiser des jeux collectifs pour passer la soirée.

- Une danse, mon prince ?

Il ne l’avait pas entendu arriver et lui sourit en se relevant. L’ange réussit à cacher la petite pique de douleur qui l’avait pris entre les omoplates et prit sa main pour le conduire là où les personnes avaient déjà commencées à danser. Entourant sa taille de ses bras, il l’attira contre lui et posa sa joue contre la sienne, profitant de sa fraicheur vu qu’il faisait encore un peu lourd malgré que le soir tombe. Ils ne parlèrent pas beaucoup au début, se balançant juste au son de la musique, ce qui l’apaisa. Il se serait écouté qu’il dormirait comme ça !
Mais leurs ventres n’étaient pas d’accord et grognèrent méchamment.

- Ah, je crois qu’il est l’heure de manger même s’il n’y en a bien qu’un que je mangerai sans être repu.

Il alla mordiller sa lèvre inférieure et le tira ensuite pour venir avec lui vers les stands. Il opta pour de la viande, du fromage et ils retournèrent s’assoir par terre. Affamé maintenant qu’il arrivait à ne plus penser aux problèmes, il mangea rapidement, ce qui fit rire son petit-ami quand il hoqueta juste après.

- Mou~ te moque pas ! J’avais faim. Et j’ai encore faim !

Il fit mine de se lever mais lâcha son assiette en plastique pour se jeter sur le médium qui riait, le chatouillant partout alors qu’il se dandinait pour s’échapper et surtout, parce qu’il n’arrivait pas à s’arrêter de rire. S’ensuivit une petite bataille à celui qui aurait le dessus dans l’herbe, et ils roulèrent un moment avant de se rendre compte qu’ils s’étaient écartés de leur lieu de départ. Les cheveux complètement en bataille, l’ange souriait avec un petit rire, attirant son magicien alors qu’il râlait d’être sale.

- Tsukushi !

L’appelé se retourna pour voir le professeur de mathématiques et un de ses élèves lui faire de grands signes et courir vers lui.

- Ça vous dit une partie de basket et de foot ?
- Basket ou foot ?
- Les deux ! L’un puis l’autre.
- Bah…pourquoi pas ? Je rêve de rendre jaloux Ren en lui montrant mes prouesses en sport.
- J’en connais un autre qui sera vert !

Ils se tournèrent tous vers le prof de sport qui donnait quelques instructions aux participants. Yûto serra la main du médium dans la sienne ? Il avait bien envie de se dépenser dans ce genre de sport d’équipe. En réalité, il n’avait jamais vraiment joué mais il connaissait très bien les règles et avait vu l’invention du basket alors bon. Et puis le foot il avait déjà essayé une fois et il était adroit de ses pieds et rapide. Il allait leur en mettre plein la vue !

- On y va mon amour ?
- Mon amour ! ricana le lycéen.

L’ange lui cacha la bouche avec sa main pour qu’il arrête de rire et le jeune homme alla raconter ce petit détail croustillant à ses amis.

- Alors ?

On le savait, Yûto était d’une patience angélique si seulement on ne le contrariait pas trop. Alors attendre son petit-ami sur le terrain n’était pas un problème pour lui. Il regarda les jeunes jouer tout en sentant le doux effluve des snacks pas loin de lui. Il n’en restait cependant pas mois que de le voir arriver était un soulagement pour lui qui s’inquiétait de tout et tout le temps. Surtout en ce moment, mais il avait raison, non ?

Danser avec lui, partager un moment intime…pourrait-il aller contre ça ? Sûrement pas. C’était un plaisir pour lui de serrer Ren dans ses bras et de bouger lentement comme si plus rien autour d’eux n’existait. Ça lui manquerait…Mais pas le temps de penser à ces choses tristes, lui dit son ventre en grognant. Ils avaient faim tous les deux.

- Tu es tellement incorrigible.
- Ce n’est pas de ma faute si tu es délicieux et qu’on en redemande toujours.

Ils se taquinèrent encore un petit moment avant de revenir avec leur assiette. L’ange mangea si vite qu’il eut le hoquet à peine avoir terminé de manger.

- T'es vraiment un gamin, tout le monde sait qu'il faut manger plus doucement.

Il râla et bouda jusqu’à se jeter sur lui pour se venger en le chatouillant, provoquant des rires délicieux qui s’élevaient dans l’air. Ils firent tous les deux les idiots jusqu’à ce que le professeur décide d’arrêter là et l’aida à se relever. Presque aussitôt, on leur demanda de venir jouer avec eux au foot et au basket. Pensant que ce serait amusant pour lui autant que pour le médium, il accepta avec joie et enthousiasme. C’était un bon moyen de finir la soirée non ? En s’amusant avec des collègues.

On les désigna, sûrement par sadisme, chef d’équipe l’un et l’autre et ça ne fit que renforcer l’intérêt du jeu pour Yûto. Il était très désireux d’affronter son petit-ami qui semblait aussi compétitif que lui. Il aurait dû savoir par contre il userait de malice pour gagner. Et ça commença joliment par un coup bas, c’est-à-dire des allusions gestuelles qu’il lui fit, ce qui déstabilisa le pauvre ange, son esprit n’ayant vu que le sourire évocateur de Ren et non pas son magnifique attrapé du ballon. Mais il reprit vite ses esprits et lui couru rapidement après pour lui prendre le ballon à une vitesse incroyable et aller dans l’autre sens.

Les deux équipes étaient aussi unies et performantes, si bien qu’ils étaient tout le temps à égalité. Dès qu’une mettait un panier, l’autre la suivait de près. Il y avait très peu de faute, aucune ne venant de la part de l’ange qui connaissait les règles mieux que personnes. Tout allait bien, allait oui…Il n’avait pas une seconde pensé à la maladie de son petit-ami. Il faut dire qu’avec tous les « accidents » qu’ils ont rencontré depuis quelques temps, le SIDA était passé en second plan et Yûto pensait vraiment qu’il était physiquement performant. Quelle erreur, en tant qu’ange gardien il aurait dû le savoir !

Au début il avait pensé que l’essoufflement du médium était similaire au leur. Tout le monde suait et soufflait fort, alors il ne s’était pas inquiété plus que ça. C’est quand il commença à tituber qu’il paniqua mais arriva trop tard. Il eut à peine le temps de traverser le terrain vers lui qui tombait par terre et lâchait le ballon.
Aussitôt tout le monde arrêta tout mouvement et s’approchèrent de lui. L’ange arriva en catastrophe et poussa tout le monde pour s’accroupir à côté du visage crispé par la douleur du jeune homme. Essayant de se calmer, il le tourna un peu sur le côté, replia ses jambes et vérifia son pouls.

- Allez me chercher de l’eau.

Il entendit quelqu’un courir et commença à tapoter la joue du magicien pour qu’il se réveille. Son visage était brûlant et il respirait trop rapidement. La bouteille d’eau arriva et il s’en versa sur les mains avant de frotter ses joues et de passer de l’eau froide sur son cou et son visage.

- Ren…

Le professeur se retenait de pleurer parce que ça n’aurait fait qu’empirer les choses, ne pas laisser la panique prendre le dessus.

- On devrait peut-être appeler une ambulance ?
- Non, je sais ce qu’il a et ça ne nécessite pas d’ambulance. De toute façon ni lui ni moi ne voulons revoir l’hôpital.

Les professeurs ne comprirent rien et les élèves à moitié. Il tapota encore sa joue un peu plus fort.

- Ren, réveille-toi bon sang !

Et alors qu’il croyait que son cœur allait le lâcher, les yeux du châtain s’ouvrir doucement, faisant souffler tout le monde de soulagement. Il le laissa reprendre peu à peu connaissance en lui caressant les cheveux.

- Tes médicaments, tu les as pris ?

Après avoir reçu une réponse, il le souleva, ou plutôt le porta et se tourna vers ses amis.

- Désolé, je vais l’emmener à l’infirmerie pour qu’il se repose un peu. Reprenez le jeu.
- Ça ira ? Tu veux que j’appelle l’infirmière ?
- Non c’est bon.
- Qu’est-ce qu’il a ?
- Des problèmes…au poumon.

Il ne savait pas s’il acceptait qu’on parle de ça devant eux alors il inventa sans inventer. Il le conduit jusqu’à l’infirmerie et en le posant sur un des lits blancs, il se dit que lui parler de ses problèmes de dos n’arrangerait rien à son état alors décida de reporter le moment où il lui en parlerait. Après tout ce n’était presque rien. Yûto alla lui chercher un verre d’eau, une serviette fraîche et lui épongea le front pendant qu’il reprenait un peu.

Peut-être que ça se voyait, ou pas, mais il se retenait toujours de fondre en larme. Il était ange gardien et un ange gardien ne craquait pas aussi facilement. Cependant ça prouvait à quel point il s’était accroché à Ren et ça renforçait son idée comme quoi le jour où le médium passerait de vie à trépas, il en souffrirait tellement qu’il voudrait en finir. Et même si aujourd’hui il se disait qu’il n’était pas aussi faible, au fond de lui il savait que le jour J, il serait détruit, une loque et que plus rien n’aurait de sens.

Mais pour l’instant il lui caressait le front en le regardant.

- Je suis désolé, c’est de ma faute, j’ai oublié…tout ça. Je pensais que ça irait. Je te jure, j’ai vraiment l’impression de tout louper parfois. Tu peux dire ce que tu veux, que je te fais du bien ou pas, je te fais autant de mal aussi. J’espère que tu me pardonneras toutes les souffrances que je t’ai, te fais endurer, et toutes celles que je te ferai endurer.

Il le poussa un peu pour se coucher sur le lit et le prendre dans ses bras. Il le fit basculer sur lui et le regarda avec des yeux brillants.

- N’hésites pas à me dire si tu penses que ce que je te fais faire est trop dur pour toi d’accord ? Et moi je vais faire un peu plus attention. Ce n’est pas top mais il le faut.

Yûto plaça la tête de son petit-ami contre son torse et caressa pensivement ses cheveux, ses épaules et ses bras. Il voulait dire quelque chose pour le rassurer, lui enlever ce poids de sur ses épaules. Mais la seule chose qu’il pu dire pour essayer de le faire penser à autre chose fut :

- Tu dois rester en forme pour notre deal, tu le sais bien n’est-ce pas ?

- Yuto...j'ai mal...la.
- Je sais mon amour.

Il ne savait plus comment le rassurer ni le réconforter. Cette maladie était beaucoup plus forte que lui, il en était conscient, et pouvait lui enlever son petit-ami d’une seconde à l’autre. La seule chose qu’ils pouvaient faire tous les deux c’était combattre, y résister et ce par le traitement. Il aurait dû lui-même aller voir les infirmières à l’hôpital, c’était à cause de ça qu’il souffrait aujourd’hui ! Pouvait-on vraiment laisser mourir les gens tout ça parce qu’ils n’avaient pas assez d’argent ?

Il s’en voulu aussi de ce côté-là, son boulot de professeur ne lui rapportait pas assez pour payer la moitié du loyer, la nourriture, l’eau, l’électricité et le traitement super cher que le médium devait prendre. Mais il ne se plaignait pas, faisait tout pour tout concorder ensemble mais c’était dur et ce mois-ci il avait faillit dans son devoir de protection. Ça le détruisait petit à petit lui aussi, de se trouver si incompétent.

Encore pire quand il vit la souffrance que le châtain éprouvait quand il voulu se lever, mais ne le pu pas. Il le recoucha en posant ses mains sur ses épaules et ses yeux s’assombrirent d’avantage. S’il avait fait attention, rien de tout cela ne serait arrivé.

- Idiot...Rien n'est de ta faute. C'est la faute de cette fichue maladie. C'est elle qui me fait souffrir, pas toi, jamais...Tu es mon remède mon ange.
- J’aimerai te croire…

Mais pas pour l’instant. Il était trop inquiet pour croire qu’il n’y était pour rien dans son mal-être. L’ange alla se coucher avec lui dans le lit, cherchant un réconfort auprès de lui qu’il espérait lui transmettre. Le magicien couché sur lui de tout son long, il caressait ses cheveux, s’endormant presque sous le coup de l’émotion. Il sortit alors une chose totalement stupide mais qui eut le don de les faire un peu rire. Il doutait franchement maintenant que le « deal » puisse être tenu, avec la maladie.
Un long baiser s’ensuivit, puis l’arrivée de l’infirmière, alertée par les professeurs. Elle l’examina rapidement.

- Il vaudrait mieux qu’il se repose demain et ne bouge pas de son lit.
- D’accord.

Mais Ren, lui, ne l’était pas évidemment. Il comprenait très bien son envie de faire de la magie au festival le lendemain mais il fallait se rendre à l’évidence : dans son état, c’était tout bonnement impossible à réaliser.

- Tu te reposeras demain Ren, ne me force pas à te l’imposer.

Finalement il accepta et après le passage du directeur, ils purent se reposer un peu.

- Yuto...on peut partir maintenant ?

L’ange acquiesça et le porta jusqu’à la voiture, saluant et remerciant les personnes qu’ils croisaient au passage. Beaucoup d’élèves et de professeurs demandaient de ses nouvelles et il leur promit qu’il serait là après-demain, et en forme pour les épater. Mais à peine assis devant le volant, le stress et l’angoisse refirent surface, des tonnes de questions et d’inquiétudes se faufilèrent dans sa tête, lui martelant le crâne et le faisant trembler. Qu’est-ce qu’il devait faire ? Insister pour le traitement. Interdire certaines choses à Ren ? Il lui en voudrait. Mais il le devait, il était ange gardien et il fallait savoir faire des concessions parfois…même si avec le médium ce serait difficile !

- Ne t'inquiètes pas mon ange...Je te dirais si je me sentais réellement mal. Mais ca va, je vais déjà mieux, alors s'il te plait...Calme toi, tu vas te faire du mal.

Il serra ses doigts autour du volant et essaya de calmer cette vague de colère et d’angoisse qui montait en lui. Il devait se contrôler, oui. Il réussit jusqu’à l’appartement, où il posa le magicien sur le lit après l’avoir rapidement changé. Ce dernier s’endormit tout de suite comme une masse et Yûto alla dans la salle de bain prendre une douche et déverser toute sa colère et sa tristesse sans qu’il ne puisse l’entendre. Il en sortit pantelant, fatigué et les phalanges rougies parce qu’il avait cogné du poing contre le mur. Par chance, il s’endormit rapidement.

(…)

Le lendemain il n’accepta de franchir la porte qu’une fois la voisine à l’intérieure. Il attendit qu’elle soit hors de vue et murmura à Ren.

- Souviens-toi, au moindre problème les démons ne sont pas loin. N’hésites pas à les appeler, que la voisine soit là ou pas. Je préfère qu’elle soit au courant plutôt que de retrouver…qu’il y ait un problème.

Comme il n’avait pas quitté le lit, il l’embrassa longtemps, résistant difficilement à monter un peu plus sur le matelas et rester couché avec lui toute la journée. Mais impossible et il finit par partir avec une énorme boule dans la gorge et l’impression qu’il faisait une énorme bêtise.

A peine arrivé au lycée, on se jeta sur lui pour lui demander des nouvelles du médium et il leur expliqua qu’il se reposait aujourd’hui et qu’il n’assurerait pas ses représentations de magie. Il y eut des déçus mais tout le monde compris qu’on ne pouvait rien y faire et que la santé passait avant tout.
Pendant toute la journée il se rongea les sangs, guettant toujours son portable au moindre appelle ou message indiquant qu’il y avait eu un problème, mais rien. Chaque minute qui passait le trouvait de plus en plus anxieux et seul l’appel de Ren pour le rassurer à midi l’avait un peu calmé, mais pour seulement quelques minutes. A peine avait-il raccroché qu’il s’imaginait tous les scénarios possibles et inimaginables. Heureusement que ses élèves s’en sortaient très bien tous seuls parce que jamais il n’aurait été capable de les aider, trop absorbé par ses pensées.

La journée au festival s’était bien passée en soi mais il ne l’avait pas vu du tout, ce qui était bien dommage, tout le monde pouvait le dire. Certains élèves pensaient presque que ça ne servait à rien qu’il soit venu vu qu’il n’était pas vraiment « là ». Finalement, la journée se termina et il dû se faire force pour ne pas dépasser la vitesse limite en ville pour rentrer chez lui.

En arrivant devant sa porte, il cacha ses tremblements et mit ses clés dans la serrure, soulagé de voir qu’elle était encore fermée. Ce qui était bon signe. En entrant il fut accueilli par une bonne odeur de soupe aux légumes et pu voir la vieille dame aux fourneaux.

- Okaeri.
- Tadaima, fit-il en enlevant ses chaussures et posant son sac. Où est Ren ?
- Dans son lit, on a déplacé la télé jusque là-bas.
- On ? dit-il, soudainement inquiet.
- Le voisin et moi. Ça n’a pas été difficile même si Ren-kun a fait l’enfant pour venir nous aider !

L’ange sourit un peu et remercia la voisine de toute son aide, l’invitant bien sûr à partager le dîner qu’elle préparait avec eux ! Yûto marcha sur la pointe des pieds jusqu’à la chambre peu illuminée d’où on pouvait voir des filets de lumières provenant de la télé. Le jeune homme passa sa tête entre le mur et la porte et regarda son bien-aimé à moitié assis dans son lit, une peluche qu’il n’avait jamais vue dans ses bras et absorbé par…un dessin animé ???? Ouhlà, il avait l’impression de voir un enfant malade ! Prenant un petit sourire coquin, il poussa la porte.

- Papa est rentré~

Il n’attendit pas d’invitation pour se jeter dans le lit et prendre son petit-ami dans ses bras, le couvrant de baisers tellement il avait eu peur toute la journée. Mais non, il était bien là, contre lui en chair et en os !

- Tu m’as tellement manqué mon amour, fit-il en frottant son nez contre le sien.

Cette longue journée sans lui rentrait dans le top 10 des pires heures de sa vie, et Dieu sait que sa vie était longue ! Le savoir seul ou seulement avec une vieille femme pas plus forte que lui alors qu’on s’efforçait de le tuer lui avait donné des sueurs froides du matin jusqu’au soir. Ce ne fut que lorsqu’il passa la porte de l’appartement qu’il pu s’apaiser un peu, en voyant la voisine leur préparer à manger et lui dire qu’il était bien là, et plus en forme que lorsqu’il était parti le matin-même.

Le voir si absorbé par la télé et surtout des trucs d’enfants qui criaient des inepties dans tous les sens lui donnaient envie de le câliner, une grosse bouffée d’amour montant en lui. Quand enfin il vit qu’il était là, il se moqua un peu de lui et reçu le cadeau de voir une jolie langue se tirer. Amusé et en ayant marre d’attendre, il se jeta sur le lit pour arriver à quatre pattes jusqu’à son petit-ami et enlever le nounours de ses bras pour le remplacer. Après tout, quel nounours pouvait l’embrasser ainsi ?

- Ca a été dur...Fit le jeune homme avec une petit moue. Madame Kim a été réellement adorable mais tu m'as vraiment manqué aussi...
- Mmmh mon p’tit bébé.

Dit l’ange en se moquant à moitié de lui. Il le serra doucement pour ne pas lui faire de mal alors qu’il sentait avec satisfaction ses bras entourer sa nuque.

- Comment s'est passé ta journée ? Bien ? Les jeunes se sont bien débrouillé ?
- Très bien je dirai, disons que j…
- Le dîner est prêt les enfants !

Elle s’était mis à les appeler « les enfants » bien rapidement et ça les faisait toujours rire sachant que Yûto avait plus de 2900 ans de plus qu’elle ! Donc techniquement il était plus vieux…Enfin bref. Le dîner fut délicieux, surtout pour lui qui n’avait rien mangé à midi tellement il était anxieux. Une fois qu’elle fut partie, il tira Ren avec lui jusqu’à la douche et le déshabilla pour qu’ils y entrent ensemble. Il fut évidemment difficile pour lui de se retenir bien que l’envie de le toucher surtout avec l’eau qui ruisselait le long de son corps soit forte. Il pu néanmoins l’embrasser avec la promesse de ne rien faire d’autre ce qui, il faut le dire, le frustra. Mais ils allèrent se coucher sans rien faire à part des petits câlins.

Le reste de la semaine fut largement plus facile pour eux. La sentence de la maladie ne trônait plus trop, l’ange avait réussi à obtenir par force un traitement pour le magicien et les quelques jours du festival s’étaient passés sans encombre. Le directeur était passé même en milieu de semaine pour lui proposer de participer à un colloque sur les arts dramatiques avec la professeure de français. Comme c’était la première fois qu’il lui proposait, il accepta tout de suite sans penser aux détails techniques. Il décida d’en parler à Ren plus tard.

Enfin la fin de la grosse semaine arriva, et avec ça la promesse d’un bon dénouement avec le fameux deal. Pour bien faire et finir en beauté, Yûto l’invita dans un restaurant assez chic mais pas trop et ils se régalèrent comme jamais. Burent beaucoup aussi, il faut le dire, mais en même temps le vin était tellement bon ! Si bien qu’en repartant ils n’avançaient pas vraiment droit et heureusement qu’ils n’étaient qu’à 15 minutes à pieds parce que conduire aurait été dangereux. Pendant toute la soirée il ne put s’empêcher de lui faire des avances, le préparer à la nuit qu’il comptait lui faire passer. C’est pourquoi caresses et allusions étaient de mises, encore plus avec quelques verres dans le nez. Il ne savait même pas d’où il sortait tout ça mais il le sortait, et ça les faisait rire comme des idiots.

- Tu parles d'un ange !
- Ose dire que ça te déplait.

Ils entrèrent dans l’ascenseur qui commença à monter…puis eut quelques sursauts. Les lumières s’éteignirent pendant un temps et revinrent. Seulement plus rien ne bougeait.

- Qu'est ce qu'il se passe ?
- L’ascenseur doit être bloqué, je vais appeler quelqu’un.

Il appuya sur le bouton plusieurs fois, restant aussi calme que possible et enfin ça grésilla.

- Nous sommes bloqués dans l’ascenseur !
- Lequel ?
- Le B, je pense que nous sommes vers le 1er étage.
- Il va falloir attendre, tous les ascenseurs sont bloqués, on est en sous effectif et il y a eu un court circuit important dans les machines. Je suis désolé.
- Combien de temps ?
- Minimum 30 minutes, voire une petite heure.

L’ange soupira et remercia l’homme pour se tourner vers son petit-ami.

- Bon…on a plus qu’à attendre.

Il se posa dos contre le mur, la tête relevée vers le plafond et espérant que le temps passe vite. Il regarda sa montre…5 minutes étaient passées seulement ! Ils allaient mourir d’ennui s’ils ne trouvaient pas vite quelque chose à faire. Et apparemment, Ren avait une petite idée derrière la tête puisqu’il lui proposa soudainement de s’occuper pour faire passer le temps. Yûto fronça les sourcils, se demandant à quoi il pensait. Un jeu de cartes pourrait faire passer le temps mais ils n’en avaient pas. Et de toute façon, ce n’était pas à ça que le médium pensait en se rapprochant de lui avec ce regard.

Un regard qui l’effraya un peu puisqu’il ne l’avait jamais vu dans ses yeux. Il se sentait comme une biche devant un lion affamé et prise au piège. Soudainement, les quelques centimètres que Ren avait de plus que lui parurent immenses, surtout quand il posa une main sur le mur à côté de sa tête et rapprocha son visage du sien avec un léger sourire qu’il ne lui connaissait pas.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Il le comprit bien vite quand le jeune homme prit son menton dans sa main et lui fit partager un long baiser langoureux qui, le connaissant, lui donna envie de plus. Et c’était probablement sur ça que le magicien comptait ! Il le laissa descendre dans son cou, appréciant la sensation de ses lèvres fines sur sa peau et revint l’embrasser un peu.
Mais tout à coup il sentit des mains brûlantes se faufiler sous son haut et il rouvrit les yeux qu’il avait fermés quelques secondes auparavant. L’ange attrapa les poignets de son petit-ami pour les retirer de son torse et le repousser un peu.

- A quoi tu penses enfin ?! On est dans un ascenseur, avec des caméras et la porte pourrait s’ouvrir d’un moment à l’autr…

Un corps qui le bloqua méchamment contre la paroi et des lèvres qui le dévoraient l’empêchèrent de continuer. Yûto se débattit évidemment quelques minutes, protestant sur le fait que ce n’était pas l’endroit pour ça. Mais c’était plus pour essayer d’effacer cette montée de plaisir qu’il avait retenu toute cette semaine. Ren l’empêchait de bouger en tenant ses bras bien cloués au mur, ne lui permettant même pas de le toucher comme il en avait envie. Et petit à petit, le médium réussit à le faire céder, et surtout à l’exciter de plus en plus. Il se mit à soupirer bruyamment et à quémander des baisers qu’il ne lui offrait jamais.

Il comprit alors la sensation d’être « soumis ». Même s’il l’aurait voulu, il n’avait pas la possibilité de reprendre le dessus. Enfin ses poignets furent libérés et il se dépêcha de se servir de ses mains pour attirer son magicien contre lui et l’embrasser une nouvelle fois sauvagement.

- Tu vas me perdre Ren. Faire ça ici…

Mais bientôt il n’eut plus le temps de rien dire parce que le châtain avait débouclé sa ceinture, baissé son pantalon et s’était emparé de la chose interdite.

Depuis le début du dîner il pensait à la soirée qu’ils allaient passer ensuite. Bien décidé à le faire sien à nouveau, Yûto (et surtout avec un coup dans le nez) n’hésitais pas à montrer subtilement à son petit-ami tellement il était impatient de se retrouver seul avec lui. Mais c’était sans compter sa malchance qui fit en sorte que l’ascenseur se bloque vers le 1er étage, alors qu’ils allaient au 2ème. Voyant le regard un peu paniqué de Ren, il alla demander de l’aide mais tout ce qu’on pu lui dire fut qu’il fallait attendre minimum 1 heure pour sortir de là. Et bien…vive la soirée. Il était sûr maintenant qu’une fois rentrés à l’appartement ils n’auraient même plus envie de le faire !

L’ange se cala dans un coin de l’ascenseur et attendit que le temps passe, sentant l’alcool se dissiper peu à peu mais pas encore entièrement. C’est pourquoi il ne fit pas attention au regard du médium à son égard. Il lui demanda ce qu’il faisait, alors qu’il se rapprochait de lui.

- J'ai une idée de ce qu'on pourrait faire pour passer le temps !

Yûto fronça les sourcils sans comprendre au début mais fut bien heureux du baiser qu’il lui offrit par la suite. Il n’hésita pas à y participer, donnant sûrement raison au magicien sans le savoir. Acceptant de se laisser embrasser dans le cou, il le repoussa tout de même quand il commença à le caresser en-dessous des vêtements. Pourquoi il avait fait ça ? Parce que l’ange avait déjà bien envie de lui depuis des heures et qu’ils étaient dans un lieu peu approprié et pas du tout intime pour le faire ! Il fut surpris que Ren en ait eu seulement l’idée….

Mais il ne lui laissa le temps de rien faire d’autre, le collant avec une force insoupçonnée contre la paroi de l’habitacle pour le dévorer à nouveau, faisant céder petit à petit le professeur face à ses avances. Il faut dire que de tels baisers ne laissaient pas de marbre. Enfin, il pu bouger les bras mais ce fut pour l’attirer contre lui et l’embrasser à nouveau, lui montrant qu’il était presque totalement réveillé.

- Pourtant tu n'a pas l'air si dérangé que cela.

L’ange gémit faiblement en le sentant se frotter contre son entrejambe, finissant de l’exciter pour de bon. L’alcool avait repris son effet et il céda totalement, surtout lorsque Ren s’affaira à le déshabiller en bas. Du nombril jusqu’aux pieds à l’air, il frissonna mais ne put que faire ça, parce que bientôt les lèvres tentatrices du médium le prenaient entièrement, le faisant pousser un gémissement rauque qui s’amplifia quand il commença des mouvements rapides, lui laissant à peine le temps de respirer.

Il cherchait une prise à laquelle se rattacher tellement ses jambes ne le tenaient plus, le plaisir lui coupant toute force. Alors il empoigna les cheveux de son petit-ami, s’y tenant jusqu’à même le forcer à aller plus vite. Les yeux fermés et prêt à se laisser aller en criant, il sursauta quand la petite bouche le quitta au moment crucial et, frustré mais sans pouvoir résister, il se laissa tomber au sol, toujours au garde-à-vous.

Bien sûr Ren ne comptait pas en rester là et l’excita encore plus en le mettant complètement nu et jouant sur son corps à sa merci. Le jeune homme lui caressait les cuisses et les hanches pendant qu’il s’amusait à le titiller de partout.

- Huuuuuum...tu devrais te faire un piercing, ici.

Il se cambra légèrement en sentant sa langue dans son nombril.

- Ne dis…pas de bêtise.

Il craint de l’avoir blessé quand il se redressa subitement, le voyant frustré de ne plus avoir d’attentions mais la lueur dans ses yeux lui dit qu’il n’en avait pas terminé avec lui. Et mon dieu qu’il avait raison !

- Tu sais, j'ai pas mal pensé. Et je me suis dit que ce n'était pas très juste que je fasse constamment "la femme", t'es pas d'accord ? Il frôla ses lèvres des siennes. Que dirais tu de faire "autre chose" ?
- QUOI ?

Ah non pas question ! Depuis le début c’était comme ça, sa première fois c’était Ren lui-même qui avait choisi ces positions dans leur couple ! Pourquoi tout bouleverser maintenant ?

- C’est à cause de ce que les élèves ont dit ? Si c’est ça ne les écoute pas, il n’y a pas de honte à faire « la femme » dans ce genre de relation.

L’ange ne se rendit compte qu’à cet instant qu’il venait de se faire griller. S’il n’y avait pas de honte effectivement, alors pourquoi il ne le faisait pas, lui ?

- Je…Je suis un ange ! Tu ne peux pas me demander ça !

Excuse bidon, le fait d’être un ange n’avait rien à voir à part le fait qu’il ne supportait pas l’idée d’être dominé pour ce genre de situation intime. La violence de la fois dernière lui avait prouvée qu’il aimait par-dessus tout avoir le contrôle du plaisir de son amant et que pour ça, il devait faire l’homme. Non, impossible qu’ils échangent les rôles…
Il le lui signifia bien en le repoussant contre le sol et en venant le mordiller à l’oreille à son tour. En quelques secondes, Ren se retrouva aussi nu que lui et il pu constater à quel point son petit jeu sur lui avait eu des répercutions sur le propre état physique du médium. Cependant Yûto se contenta de se frotter contre lui sans rien lui accorder d’autre, les faisant gémir tous les deux lorsque leurs deux parties sensibles se rencontraient. Oui, avec ça impossible qu’il se laisse dominer !

Même s’il le savait têtu, il ne pensait pas qu’il le serait autant MAINTENANT ! A peine relevé il se sentit une nouvelle fois poussé en arrière sans ménagement et le magicien se retrouva au dessus de lui, l’air bien décidé de mettre son plan à exécution. Ne voulant tout de même pas lui faire de mal, il se débattit pour sortir de la prison de ses jambes qui ne faisaient que renforcer son excitation.

- Je t’en prie Ren, ne fais pas çaaaaaaaah !

Alors qu’il lui donnait des baisers partout, l’ange sentit quelque chose forcer son entrée et s’y introduire. Sans le prévenir, le jeune homme avait commencé sa préparation et le professeur ne pouvait bouger sous peine de se faire mal parce que mine de rien, même si ce n’était qu’un doigt c’était comme si ça lui déchirait le bas-ventre.

- Arrête, je ne veux pas…Hun...noooon.

En préparant lui-même son amant avant, il s’était demandé ce que ça faisait de sentir des doigts s’affairer en lui pour le détendre et lui faire du plaisir. Et il faut dire que maintenant il savait ce que ça faisait…Mal, très mal au début, jusqu’à ce qu’il sente des petits va et vient en lui qui se firent de plus en plus agréable. Ça sortait, ça rentrait et à chaque fois c’était moins douloureux. Il arrêta de plus en plus de protester pour gémir à chaque mouvement, se rendant compte que finalement ce n’était pas si mal que ça. Enfin pour l’instant, parce que deux doigts ne valaient pas un sexe d’homme ! Et ça Yûto le savait bien…

Une petite chaleur naquit dans son ventre et il cherchait encore quelque chose à laquelle s’accrocher, devenant de plus en plus réceptif au traitement que lui faisait subir son amant. Ça devint soudainement beaucoup plus rapide et, encore une fois, le médium arrêta juste à la limite de la jouissance, le frustrant 3 fois plus.

En sueur, il laissa sa tête retomber en arrière pour reprendre son souffle alors qu’il sentait ses doigts le quitter. Il répondit bien évidemment à son baiser brûlant, faisant courir ses mains sur le corps du magicien alors que celui-ci, mine de rien, lui écartait un peu plus les cuisses…
Quand il s’en rendit compte, Yûto chercha à refermer les jambes mais son pervers d’humain s’était déjà placé de sorte qu’il ne puisse plus que les écarter et il le regarda d’un air paniqué.

- Tu…tu ne vas pas…tu plaisantes ? Ne ? Tu…

Il n’eut le temps de rien dire de plus, parce qu’une pression atroce se fit sentir sur son bas-ventre et il cria, laissant échapper quelques larmes.

- Un ange drôlement excité si tu veux mon avis...

En même temps Ren faisait tout pour qu’il le soit ! Depuis le début il n’arrêtait pas de le chauffer, puis de le repousser et ensuite le laisser revenir, ça toute la soirée jusqu’à maintenant où il continuait à le faire souffrir de son désir. Mais même dans cet état il ne pouvait pas se laisser faire. Pas ça non. Ça ne le gênait pas que quelqu’un d’autre le fasse dans un couple, mais pas lui. Déjà bien avant il ne s’imaginait même pas coucher avec quelqu’un, alors là avoir la position de soumission dans une relation sexuelle homosexuelle…c’était tout simplement impensable et il lui fit bien comprendre en se débattant un peu.

C’est pourquoi il reprit les commandes pendant seulement quelques minutes, lui laissant le temps de l’exciter un peu plus à son tour avant qu’il ne reprenne le dessus. Sincèrement ? ça lui faisait peur, une des raisons pour laquelle il ne voulait pas que ça arrive. Le médium avait déjà eu plusieurs relations de ce genre et à force on est habitué pas vrai ? Lui savait qu’il aurait mal, voire très mal et il avait déjà tellement souffert qu’il ne voulait pas que cet acte fasse partie de la catégorie « souffrance ».
Ren mit un de ses doigts dans sa bouche et l’ange se débattit encore pour s’en sortir.

- Shhhh...tu sais que je ne te ferai pas de mal, pas vrai ?

Il secoua négativement de la tête pour lui dire d’arrêter, mais trop tard. Sa phrase n’était pas finie qu’il sentait quelque chose en lui. Ça ne faisait pas vraiment mal, c’était juste inconfortable mais il savait que ce ne serait pas tout. La petite douleur céda sa place à une vague de plaisir quand il sentit un autre doigt le remplir. Complètement perdu dans cette nouvelle sensation, il ne se débattit plus et laissa le magicien faire, sûrement ce qu’il attendait. Bientôt de nouveaux gémissements sortaient de sa bouche, de plus en plus forts alors qu’il appréciait de plus en plus ce traitement. Mais ça aurait suffit s’il s’était arrêté là. Non évidemment.

Encore à la limite de ce qu’il pouvait supporter, Ren enleva ses doigts et, plus rapide que lui, se faufila entre ses jambes avant qu’il n’ait pu le bloquer. Yûto fut déconcentré par son baiser et balbutia en se rendant compte de ce qu’il allait se produire. Toujours plein de désir quand même, il n’eut pas la force de résister.
Mais celle de crier oui ! C’était comme un film au ralenti. Il le sentit entrer en lui, se forçant un passage qui envoyait des ondes de douleur dans son ventre, lui tiraillant les hanches et les reins, le faisant pleurer tellement c’était insupportable. Il cria sa douleur, ne sachant pas quoi faire d’autre et planta ses ongles dans son dos, comme si ça pouvait l’aider.

- Mal…ça fait mal…, pleurnicha-t-il encore et encore.
- M...Mon ange, Gomen...

A son grand soulagement, il ne partit pas tout de suite dans des trucs scabreux et lui laissa le temps de s’habituer à cette chose qui l’emplissait entièrement. Au bout d’un moment il eut l’impression que ça faisait partie de lui-même, en plus la douleur s’était un peu dissipée, il avait chaud. Yûto bougea alors un peu les hanches, gémissant pour lui signifier qu’il était prêt et que de toute façon maintenant il ne pouvait plus faire marche arrière ! Alors il commença à bouger…

Le premier son fut un cri de douleur, puis un gémissement de douleur, et plus Ren se mouvait en lui plus la chaleur dans son ventre se renforçait, lui donnant l’impression qu’il brûlait. Les mains toujours dans son dos, il s’accrocha à sa peau en se cambrant à chaque assaut du médium, écartant de plus en plus les cuisses pour mieux le laisser passer. Bientôt la douleur ne fut plus qu’une histoire ancienne pour le professeur. Il découvrait tout le plaisir pur de cet acte, de sentir son médium en lui qui lui offrait du plaisir à perte de vue. Ni l’un ni l’autre n’avait plus conscience qu’ils étaient dans un ascenseur et Yûto se laissa aller à gémir, voire pousser des petits cris.

- Mmmh….Ren….Aaaah ouiii ! là !!!

Qui aurait pu croire qu’il dise ce genre de chose, mais en même temps le magicien venait de toucher ce point sensible qu’il cherchait toujours lui-même quand il lui faisait l’amour. Alors c’était à ça que ça ressemblait ? Pas étonnant qu’il poussait de tels cris pendant leurs ébats ! Il se retenait à peine de faire de même ! L’ange bougea les hanches en cadence de ses coups de reins, leur offrant un plaisir multiplié autant pour l’un que pour l’autre. Sûr et certain maintenant, il brûlait…

- Oh, mon ange...

Qu’est-ce qu’il aimait l’entendre l’appeler comme ça ! Surtout maintenant, c’était si bon qu’il en perdit pied, alors même que le médium accélérait la cadence, le frappant encore plus fort et encore plus rapide, le faisant crier et gémir sans retenue cette fois. Il sentit alors la même sensation que d’habitude, une montée de plaisir intense qui lui embruma le cerveau, lui fit voir des étoiles et le faisant s’accrocher désespérément à son petit-ami alors que celui-ci le frappait une dernière fois en le touchant à son organe sensible, faisant des petits mouvements de va et vient et provoquant la jouissance chez l’ange qui n’avait pas supporté de se sentir envahi de sa chaleur.

Incapable de bouger après ça, il garda ses bras autour de lui pour le serrer contre son torse et garder un peu de cette chaleur divine. Yûto le sentit se retirer, le faisant gémir encore un peu mais ça allait maintenant. Bon…maintenant il n’allait plus trop être crédible…Mais pour l’instant il s’en foutait, il le prit à nouveau dans ses bras et l’embrassa à en perdre haleine, heureux comme jamais malgré le lieu incongrus et le fait qu’il venait de détruire son image de dominateur.
Après quelques longues minutes à se câliner et surtout reprendre leur souffle, il frissonna et chercha son portable dans la poche de son jean.

- Mince, faut se bouger. Ça fait bientôt 1 heure qu’on est là !

Il l’embrassa une dernière fois et l’aida à se relever…ou plutôt non, Ren l’aida à tenir debout et à mettre son pantalon. L’ange n’arrivait même pas à tenir sur ses jambes et grimaça quand il sentit une petite douleur dans son bas-ventre. Aie, demain il allait avoir encore plus mal, c’était sûr ! Il supporta tout de même et finalement ils se rhabillèrent à temps. Se tenant à son petit-ami, il continuait de l’embrasser dans le cou, reniflant au passage son odeur qu’il aimait tant.

En fait maintenant il avait encore plus l’impression de lui appartenir à jamais. Il avait été le premier à tout savoir et tout « visiter » de lui. Personne n’était allé jusqu’où il était allé et Yûto fut heureux qu’il ait été son tout premier pour tout. Pour les relations amoureuses, pour les relations sexuelles dans les deux sens, pour la vie normale au sein des humains…Depuis le temps qu’il les observait, enfin il pouvait vivre la même chose…et c’était agréable, peut-être parce qu’il était avec Ren…

L’ascenseur redémarra quelques minutes plus tard et les portes s’ouvrirent sur leur étage. Il se traîna presque jusqu’à la porte et une fois rentré, s’affala sur le lit en soufflant. Il était presque 2h du matin, le temps de dormir donc. En le voyant arriver avec un petit sourire, l’ange fit la moue.

- Ça va ? T’es content de toi ?

Il maudit Ren pour avoir eu raison. Il aimait ça, voire trop surtout quand il tapa fort en lui, le faisant se cambrer et crier à s’en détruire la gorge. Le reste vint tout seul, il ne réfléchissait même plus. Son corps s’accordait au sien, il ne pensait pas à « est-ce que je dois faire ça ou pas », il faisait juste, rejoignant ses coups de hanches et l’accompagnant jusqu’à une délivrance qui les rendit aussi moites et affaiblis l’un que l’autre. Yûto gémit encore un peu en respirant après, comme s’il venait de courir le 100m en quelques secondes et prit son amant, son merveilleux amant plutôt dans ses bras. Il ne s’était jamais imaginé qu’un jour il puisse lui faire ça.

Combien de temps passa, il ne le savait pas vraiment mais un éclair de lucidité le fit regarder son portable pas loin de lui et il sursauta presque en voyant l’heure. S’ils ne se dépêchaient pas on allait les trouver nus dans un ascenseur ! Et l’ange ne voulait pas de ce genre d’image…
Alors il se releva avec l’aide du médium, pantelant et ne tenant plus sur ses jambes comme les nombreuses fois où le professeur avait fait l’amour violemment à son petit-ami, c’est-à-dire : dans la douche, au lit et dans la salle de bain, quoiqu’il ait été doux dans la salle de bain…enfin bref, par contre il comprenait maintenant très bien son état et s’en voulu de penser qu’il avait parfois un peu exagéré la chose. Oh non, la douleur entre ses jambes lui montrait bien que Ren n’avait jamais exagéré !

Enfin ils arrivèrent à leur étage et grâce aux cieux il n’y avait personne dans le couloir donc il put se traîner jusqu’à la porte sans crainte d’être vu. Et pendant ce temps-là le médium se moquait presque de lui et du fait qu’il se sentait très gêné de ce qu’il s’était passé là-bas. Faisant semblant de bouger, il se laissa tomber sur le lit en soupirant et râla contre son magicien qui se moquait encore.

- Je suis TRÈS content de moi

Yûto grimaça et refusa de l’embrasser même quand il frotta malicieusement son visage contre le sien, créant une proximité qu’il adorait tant.

- Ose dire que tu n'as pas aimé, au final.
- Ce…Je ne dirai rien du tout ! Je…Et puis tiens tu m’énerves.

Il fit une moue encore plus boudeuse qu’avant jusqu’à ce que Ren réussisse à le faire flancher et qu’il vienne l’embrasser de lui-même. Il eut un rire mauvais au « épuisé », ah bah lui aussi apprenait ce que ça faisait d’avoir la position dominante dans ces moments-là ! Nu sous les couvertures parce qu’il avait eu la flemme d’aller cherche son pyjama, il attendit que son magicien revienne vers lui et à peine sous les couvertures, il l’attira dans un long câlin, lui demandant de lui prêter au moins son pantalon pour qu’il n’ait pas froid. Après s’être vengé en l’embêtant, il s’endormit comme une masse, le visage collé à celui de son compagnon.

(…)

Une bonne odeur le réveilla et il s’étira comme un félin dans le lit, sentant tout de suite que le médium n’était plus là. Il était déjà assez tard et il se leva tout de suite, enfila boxer et pantalon de pyjama, puis sortit en se frottant l’arrière du crâne et en baillant. Classe…surtout que la voisine était là ! Il se reprit aussitôt et la salua poliment avec un air gêné. Il l’avait complètement oublié, sinon il aurait fait un effort vestimentaire…Sachant qu’elle avait pleine vue pour la première fois sur son « tatouage ». Cependant il ne donnait pas l'impression de s'être fait complètement dominé la veille. Pire, il se comportait comme si c'était lui qui avait fait toutes ces choses à Ren ! Alors que l'un comme l'autre savait que ce n'était pas le cas...Enfin bref, il restait fidèle à lui-même.
Heureusement elle s’en alla quelques secondes à peine après qu’il apparaisse et le professeur vint dire bonjour comme il faut à son petit-ami, lui disant qu’il avait merveilleusement bien dormi. Ça se voyait rien qu’à la marque de l’oreiller sur sa joue !

- Tiens, c'est pour toi. Ne ? Tu vas me laisser ? C'est un colloque sur quoi ?

Il ne répondit pas tout de suite et prit la lettre pour l’ouvrir et la lire. Ah oui, il ne lui en avait pas encore parlé et il s’assit devant lui à table.

- Le directeur m’a proposé de participer à un colloque de professeurs d’universités sur les arts dramatiques. Ce serait dans une autre ville, à quelques centaines de kilomètres d’ici. Je ne pouvais pas refuser, surtout que c’est la première fois.

Yûto prit un air désolé en le regardant et lui prit la main.

- Ce n’est que 3 jours, tu t’en sortiras très bien ici, il y a les…démons pour toi. Et puis on ne va pas éternellement rester collés l’un à l’autre, ne ? Si tu veux devenir pro, il va falloir qu’on s’y fasse.

Il lui sourit, cachant qu’en y repensant ça l’effrayait aussi. 3 jours sans lui…ça voulait dire 2 nuits, et ça faisait très longtemps qu’il ne s’était endormi seul. L’Italie…Est-ce que ça recommencerait ou était-il tout de même guéri ? Il faudrait attendre le jour-même pour le savoir…mais il était plus fort que ça, il en était persuadé. Il allait bien finir par vaincre ses cauchemars non ? Ren ne serait pas éternellement là…

Voyant qu’il était toujours inquiet, il l’attira jusqu’à lui avec sa tasse et le fit s’assoir sur ses genoux pour qu’ils mangent ensemble. Le reste du petit-déjeuner se passa bien vu qu’il réussit à détourner ses pensées du colloque pour les recentrer sur lui. Ils mirent plus de 30 minutes à manger mais ils étaient bien comme ça. Ensuite Yûto alla prendre une bonne douche et s’habilla convenablement, c’est-à-dire jean et T-shirt à manches courtes. Devant le médium sa marque ne le gênait plus. C’était devant tous les autres qu’il se cachait…

Comme d’habitude depuis qu’il était sur terre, il prit son samedi matin pour nettoyer un peu l’appartement, son petit-ami le suivant et se plaignant presque pour qu’il s’occupe de lui ! Quand tout fut propre et lustré à la Yûto-le-maniaque-du-rangement, il s’assit dans le canapé et alluma la télé pour se détendre un peu. Aujourd’hui il comptait bien ne rien faire du tout, et il était sûr et certain que Ren avait la même idée en tête. Alors, alanguis dans le canapé, ils regardèrent les minutes passer avec délectation, profitant du silence et de la présence de l’autre. Pour une fois le médium réussit à ne pas parler et ce fut même l’ange qui rompit ce silence réparateur et complice.

- Tu n’as pas faim toi ?

Subtile (ou pas) moyen de lui faire comprendre que lui, oui, il avait faim et qu’il avait déjà l’eau à la bouche rien qu’en pensant à ce que le magicien allait pouvoir lui préparer. Et il était sûr qu’aujourd’hui ce serait plat fait maison et dégusté en couple et sans dérangement. Et heureusement pour eux, ce fut le cas. Le week-end s’annonçait bien !

Yûto avait ses cauchemars gravés dans la peau, et il redoutait de les revoir un jour. Il ne se servait pas non plus de Ren pour les éviter, mais on peut dire qu’il voyait le médium comme un secours non négligeable. Et là il allait devoir partir 3 jours…Pourtant, bien qu’il soit effrayé, il ne redoutait plus les nuits qui allaient venir. Il y avait 99% de chances que ça recommence comme avant mais il supporterait. Il ne se laisserait pas abattre par ça. Ce n’était que deux nuits non ?

- Je comprends, c'est normal, surtout si c'est ton patron qui te l'a demandé.

Il lui sourit doucement et après lui avoir expliqué que, de toute façon, ils avaient des activités tellement différentes qu’ils seraient forcés de se séparer quelque fois, bien que lui aussi il n’en ait pas envie, il le prit sur ses genoux et partagea un moment amoureux avec lui.

En tout bon maniaque qu’il était, il ne se contenta pas de passer l’aspirateur, mais lava aussi les vitres, le lavabo, les toilettes, dépoussiéra les meubles, la bibliothèque surtout (il redoutait de voir de la poussière sur ses livres) et ça lui prit bien 2 heures de faire tout ça. Néanmoins, quand il eut fini, ça sentait bon, c’était propre et il était fier de lui. Le magicien, qui l’avait suivi tout ce temps en essayant de le déconcentrer de sa quasi mission-nettoyage, s’affala à ses côtés et passa un moment avant que le ventre de l’ange ne le rappelle à la réalité. Il avait faim après tous ces efforts, et demanda subtilement à son petit-ami s’ils pouvaient manger.

- D'accord, d'accord, j'y vais.

Il ne lui fallut pas longtemps pour poser des plats sur la table que la créature magique attendait avec impatience, sautillant presque sur sa chaise. Le nez carrément dans l’assiette, il humait le parfum du saumon et des tagliatelles avec un air vorace. Cette fois-ci par contre il y alla doucement pour manger, félicitant un nombre incalculable de fois son magicien qui finit par en rougir.

Le reste de la journée ils se changèrent en chat, c’est-à-dire qu’ils ne firent rien à part s’allonger, dormir, bailler, s’allonger, regarder la télé, dormir un peu, bailler…et manger. Le lendemain ne fut pas mieux, à part qu’ils sortirent dans l’après-midi partager un moment shopping avant que Yûto ne s’en aille. Il n’avait jamais fait ça et c’était plutôt amusant (et cher !).

Ils rentrèrent tard et après avoir mangé, l’ange commença à faire sa valise. Il emportait peu de choses vu qu’il ne restait que 2 nuits là-bas et il pouvait sentir la tension palpable dans l’air, émanant autant de lui que de Ren. La valise faite et dans l’entrée, il régla le réveil et se colla à son amant pour le rassurer. Il savait qu’en partant il ne le laissait pas seul, qu’il serait protégé comme il fallait par les démons alors il était en quelque sorte rassuré, bien qu’il soit encore un peu tourmenté.

Ils ne s’étaient pratiquement jamais quittés depuis leur première vraie rencontre et bien sûr ça faisait peur, comme si une part de lui le quittait quelques instants. Mais il savait aussi que quand il le reverrait dans 3 jours, leur relation n’en serait que plus renforcé. Le manque les rendrait plus proches que jamais, il en était persuadé !


Le lendemain il partit alors que la vieille dame entrait dans leur appartement et il dit au revoir à tout le monde, n’arrivant pas à lâcher son petit-ami. Pourtant il le fallut bien et la porte se referma sur lui. Soupirant, il s’engagea dans les escaliers.

- De l’aide ?

L’ange se retourna pour regarder les démons.

- Non merci.
- 3 jours c’est ça ?
- Vous n’en avez pas marre de fouiner ?
- De rien. On le protégera comme promis.

Yûto baissa rapidement la tête en signe de remerciement vu qu’il lui était toujours impossible de leur dire merci. Il fallait toujours se méfier, lui le premier ! Dieu le détestait déjà bien assez, alors il ne manquait plus qu’il soit copain-copain avec ses ennemis ! Enfin bon…

Il prit un taxi et alla à la gare, où il rejoignit la professeure de français. Ils se mirent l’un à côté de l’autre pour le voyage et discutèrent tranquillement de leur séjour. Il trouvait ça intéressant de parler avec elle, elle avait de la conversation, des références sans être narcissique ou égocentrique. C’est pendant le voyage qu’elle lui dit qu’elle avait un petit garçon de 2 ans et il la félicita. Il la laissa ensuite parler de son enfant, des efforts qu’elle avait dû faire et il se rendit compte que ce n’était pas si facile que ça d’en élever un. Est-ce que Ren voudrait des enfants ? Il faudrait qu’il lui pose la question en rentrant…ou un peu plus tard.

Enfin ils arrivèrent à destination, la ville de Taejôn, où ils allèrent poser directement leurs affaires à l’hôtel. Yûto prit bien soin de séparer leurs chambres, dans le cas d’un cauchemar trop violent. Il ne manquerait plus que ça fasse le tour des professeurs de l’établissement ! Ensuite ils allèrent manger un bout en ville et vers 14h, s’assirent dans un grand amphithéâtre au 5ème rang et la conférence débuta.

L’ange la trouva très intéressante, bien qu’il sache pas mal de choses déjà de ce qu’il s’était dit et qu’il n’était pas forcément d’accord avec les idées véhiculées. D’ailleurs lui et sa collègue, qui partageait le même avis que lui sur l’enseignement des arts dramatiques au collège et lycée, ne se gênèrent pas pour poser des questions auxquelles la personne au micro n’arrivait parfois pas à répondre. Ils sortirent vers 17h30 et rejoignirent d’autres professeurs pour aller manger dans un petit restaurant typiquement coréen.
C’était la première fois qu’il mangeait en ville avec quelqu’un d’autre que Ren, et surtout des « amis », s’il pouvait les appeler comme ça. C’était agréable de discuter avec eux, d’échanger, de plaisanter…il aimait beaucoup !

Mais il fallut rentrer…et Yûto resta longtemps allongé dans le lit froid de l’hôtel, regrettant la présence de son bien-aimé qui lui avait vraiment manqué aujourd’hui. Il s’endormit au bout d’un moment, croyant que ça irait…
Mais il ne fallait pas être dupe, quand Dieu vous tient, il ne vous lâche pas ! Ce fut bizarre pour lui de retrouver ces scènes affreuses, cette douleur et de se réveiller seul, en sueur et presque sans voix tellement il avait crié. Il était près de 3 heures du matin quand le cauchemar se termina et il s’essuya le visage plein de larmes de douleur, avant de se rendormir, bien qu’il n’y réussisse pas vraiment.

Le deuxième jour le colloque se passa aussi très bien, et la deuxième nuit fut encore plus dure que la première. Pourtant quand il se leva le troisième jour, il se dit que maintenant c’était terminé. La professeure s’inquiéta toute la journée de son état. Il faut dire qu’à force de ne pas dormir, il ne tenait plus trop debout et n’avait plus trop faim. Enfin bon, il supporta la dernière journée, n’écoutant qu’à moitié tellement il pensait à Ren qui l’attendait.

Et enfin, vers 20h30, il passa les portes de l’appartement, certes très fatigué et avec une mine un peu affreuse, mais souriant et heureux de retrouver son magicien.
- Tadaima~

- A dans trois jours mon ange !

Yûto lui fit un signe avant de partir, une boule dans la gorge. Il pensait que ce serait un peu plus facile que ça mais plus la voiture s’éloignait et plus il avait mal au ventre. Ce fut pareil dans l’avion, moins pendant la conférence où il pu se concentrer sur le sujet, mais seulement le premier jour. Il vérifia son portable toute la soirée entre collègues et alla se coucher en se disant que ça se passerait bien. Depuis le temps…

Il avait oublié cette sensation et pourtant quand il la ressentit, il eut l’impression qu’elle ne l’avait jamais vraiment quittée. Comme une part de lui-même que Ren ne faisait que cacher. Il se réveilla comme toutes les fois et se leva pas très en forme. Il fit tout de même la deuxième journée debout et souffla de soulagement quand il reçu un appel du médium le soir-même.

- Tu me manques terriblement mon ange.
- Toi aussi.
- Comment vas tu ?
- Je vais très bien, c’est très intéressant ici. J’apprends énormément de chose et les collèges sont sympas.
- Tu manges bien ?
- Oui, hier nous sommes allés dans un petit restaurant.

Ce fut tout le long ce genre de conversation, aucun n’osant aborder la question des cauchemars de Yûto. Il répondait toujours positivement, ne voulant pas l’inquiéter. Après cette conversation il s’était endormi rapidement et apaisé, mais pas pour longtemps. Cette fois-ci il ne dormit pas de la nuit et le matin il eut du mal à cacher ses cernes et son teint pâle. Il fit tout ce qu’il pu mais la professeure de français vit bien qu’il ne tenait même pas debout. Cependant il fit des efforts considérables pour assister aux derniers colloques, prendre le train et revenir en taxi sans être chaperonné.

Il s’en voulait de rentrer dans cet état mais il était hors de question de rester plus longtemps là-bas, ça aurait été pire ! Alors il passa la porte de l’appartement, se tenant à la poignée pour ne pas tomber sous le poids de sa valise qui semblait faire 30 kilos de plus que quand il était partit. L’ange vit Ren arriver avec un grand sourire qui s’effaça en le voyant. Pas de doute là-dessus, il devait être horrible à voir.

- Yu...Yuto...Qu'est ce qu'il ne va pas ?
- Rien le…le voyage a été long et fatiguant c’est tout. Je ne dois pas supporter les trains !

Tous les deux savaient bien que ce n’était pas ça la raison de son état mais heureusement le jeune homme ne rajouta rien et l’aida à le coucher sur le canapé où il ferma les yeux et se massa les tempes.

- Ca a été aussi terrible que ca ?

Il lui lança un regard doux qui disait « Non ne t’inquiètes pas, ce n’était presque rien. » et profita de son contact qui lui avait tant manqué.

- Tu vas manger, ca va te faire du bien.
- Oui, je meurs de faim.

L’ange mangea la soupe qu’il avait faite avec appétit, jusqu’à être repu et l’un comme l’autre étaient fatigués alors la suite fut logique. Ils allèrent se coucher comme avant et il le serra contre lui. Lui aussi il lui avait manqué à un tel point que c’en était inimaginable.

- Raconte moi...C'était le meme que d'habitude ?

Yûto se stoppa dans ses caresses. Il ne lui avait jamais dit à quoi ressemblaient ses cauchemars et ne se sentait toujours qu’à moitié prêt à lui raconter. Pourquoi ? Il ne le savait pas…peut-être pour que l’humain ne déteste pas plus son créateur…possible. En tout cas il s’arrêta de lui caresser les cheveux, se demandant comment répondre. Il ne pouvait pas mentir certes…

- Ce sera toujours le même. Le résultat aussi sera toujours le même. Mais ne t’inquiètes pas, ça disparaitra sûrement un jour.

Il l’espérait de tout son cœur. Il ne se voyait pas faire ces mêmes cauchemars toute sa longue vie ! Yûto le serra un peu plus contre lui et lui embrassa le front comme pour le rassurer.

- Ecoute je suis fatigué, on en parlera une autre fois, promis.

Il avait peur de le décevoir en disant ça mais en même temps c’était comme s’il n’avait pas le choix. Le dire ce soir les empêchera de dormir, c’était sûr ! Et il avait vraiment, vraiment besoin de se reposer à présent. En à peine quelques secondes de silence, il s’endormit profondément.

(…)

Il fit une nuit sans trouble, sans se réveiller non plus une seule fois et quand il ouvrit les yeux il était plus de 9h30 passé. Heureusement le directeur leur avait donné quelques jours pour reprendre après, se doutant qu’ils seraient fatigués. C’est pourquoi en se réveillant il eut l’impression d’avoir totalement repris des forces. Même si son crâne le tapait encore un peu, il était en forme et de bonne humeur. Ça aurait été mieux si son petit-ami avait été dans le lit au moment de son réveil ! Mais bon, on ne pouvait pas tout avoir…

L’ange se prélassa longtemps, s’étirant comme un matou en bâillant comme s’il sortait d’un sommeil de 100 ans et finit par enfiler un jean pour se lever. En arrivant dans le salon il sentait les restes d’effluve de petit-déjeuner et se dirigea tout de suite vers la cuisine pour grignoter un morceau. Une tasse de café dans la main, il se balada dans l’appartement à la recherche de Ren et trouva un mot à la place, disant qu’il était partit faire des courses avec la grand-mère et un des démons.

Evidemment, ça le fit grimacer. Même s’ils étaient de leur « côté », il n’avait pas vraiment confiance en eux. Déçu d’être tout seul à son réveil, il mangea peu et alla se doucher rapidement, enfila de nouveaux vêtements et fit une machine à laver avec ceux sales qu’il avait utilisés pour les 3 jours à Taejôn. Il rajouta ceux du magicien et lança la machine. Ensuite il rangea un peu l’appartement, eut le temps de relaver tout et corrigea une ou deux copies qui lui restaient du dernier devoir de théâtre. Il était en pleine remarque positive sur la réflexion d’un des élèves sur Corneille quand il entendit la porte claquer et des voix.

- Ren ? C’est toi ?

Autant il n’aimait pas s’endormir sans lui, autant il n’aimait pas se réveiller sans lui non plus. L’ange détestait de plus en plus d’ouvrir les yeux dans un lit froid où il était seul. La place vide à côté de lui et horriblement gelée témoignait du départ de Ren, et ce depuis longtemps. Est-ce qu’il ne dormait jamais bon sang ? Ou alors ce n’était que quand ils étaient pressés qu’il le faisait ? Il s’étira longtemps avant de finalement se lever et s’habiller rapidement, cherchant un médium qui n’était décidément pas dans l’appartement.

Il faut être franc, ça l’énerva un peu. Enfin quoi, il était rentré il y a à peine 12 heures, ils ne s’étaient même pas vraiment parlés et vu plus de 2 heures et à son réveil il ne pouvait même pas le voir ? Il y avait de quoi foutre en boule quelqu’un quand même…Et lui plus que tout ! Il lui avait tellement manqué et il trouvait encore le moyen d’être parti…Enfin bref, il alla manger un truc pour ne pas rester l’estomac vide et se mit en tête de briquer l’appartement du sol au plafond pour faire passer le temps et surtout oublier que les minutes défilaient et que le magicien ne rentrait pas. Courses ou pas, ça ne mettait pas autant de temps normalement ! Avec qui était-il ? Que faisait-il ?

Il ne le sut vraiment que plus tard. Le professeur corrigeait ses copies qu’il devait rendre pour dans quelques jours et seule la porte qui claqua pu le tirer de ses pensées de correcteur. Aussitôt il releva la tête en entendant la voix du jeune homme et une autre qu’il reconnue tout de suite et le fit grimacer. Le démon était là et venait d’entrer dans leur appartement. Il se sentait un peu violé que ce soit le cas.

- Tu es enfin là.
- Oh mon ange ! Gomen ! Je penserais que tu dormirais encore.
- Je ne suis pas une marmotte que je sache…

Mais Ren ne semblait pas l’écouter. Il tenait une lettre à la main qu’il agitait dans tous les sens, ne lui permettant pas de voir ce qui était écrit sur l’enveloppe. Le démon, lui, la regardait avec un air suspicieux qui se répercuta sur l’ange quand il lu à son tour la lettre.

- Tu vois ? Un voyage tout frais payé ! C'est pas genial ? Je peux emmener la personne de mon choix et ça tombe exactement pendant tes congés ! Allez mon ange, dis oui !
- Je te répète que c'est une très mauvaise idée, l'Afrique, c'est encore plus dangereux que l'Italie, qui sait ce que notre gentil pote la haut va concocter. Si ça se trouve l'un de vous va se faire écraser par une horde d'éléphants !

Yûto ne pu s’empêcher de rire ce qui lui valu un regard noir de son ennemi. Cependant il était tout de même d’accord avec lui, c’était dangereux. Surtout que les ressources au Kenya étaient pauvres, que Ren était déjà malade, qu’il devait prendre son traitement et que s’ils avaient un problème pour rentrer, il ne pourrait pas le renouveler à temps. Tant de choses à prendre en compte, comme le fait que Dieu leur en voulait toujours et pouvait user de tout pour les faire tomber.

Et évidemment c’était à lui de faire un choix…Entre le regard implorant de son petit-ami et celui préventif de Ryu, il ne savait que dire. Il connaissait les motivations de l’un comme de l’autre, qui étaient somme toute assez bonnes et convaincantes toutes les deux. Mais même si le souci du danger divin primait, il savait aussi que Ren n’avait qu’une vie, bien courte et qu’il voulait l’utiliser autant que possible pour les autres et que cette aide aux mères enceintes et aux bébés africains n’étaient pas irréfléchie. Ok c’était risqué, mais rester ici ne l’était-il pas autant ?
L’ange relu encore la lettre quelques fois et soupira.

- On ira. C’est une occasion.
- Alors nous viendrons.
- Il n’en est pas question !
- Rappelle-toi de ce qu’on a dit. On vous suit, on vous protège. Que ce soit Séoul ou au Kenya, c’est du pareil au même. De toute façon quoique tu dises ça ne changera rien.

Yûto grommela. Si en plus ils se faisaient coller pendant 3 semaines par deux démons…Mais pour l’instant tout ce qu’il voyait c’était le bonheur de son petit-ami et ça lui suffit pour oublier le fait qu’il l’avait un peu laissé tomber le matin-même pour des courses. L’ange vira rapidement Ryu de leur appartement et prit le médium par la taille pour le bloquer contre le mur.

- Tu m’as laissé tout seul ce matin…Tu ne crois pas que j’ai droit à un geste compensateur ?

Il fit un demi-sourire presque carnassier et effleura ses lèvres des siennes, jouant avec son impatience jusqu’à briser la distance qui les séparait et lui donner un long baiser langoureux et passionné, qu’ils n’avaient pas eu depuis plus de 3 jours. Ça lui avait tellement manqué qu’il n’hésita pas à le prolonger et s’écarta, satisfait, du visage rouge de son compagnon.

- Voilà, c’est mieux comme ça !

Il lui fit un petit clin d’œil charmeur et alla ranger les courses que le magicien avait faites. En quelques minutes ce fut fait et il se frotta les mains d’un air satisfait avant de retourner à ses copies à corriger. Vers 13h Ren l’appela pour venir manger et heureusement parce qu’il mourrait littéralement de faim. Le plus vieux s’assit en face de son amoureux et après quelques secondes à déguster son délicieux repas, il remit le sujet sur le tapis.

- Au fait, on part quand exactement ? Et on va faire quoi là-bas ?